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Top Chef saison 11: comment la télé a changé sa façon de filmer la cuisine

Top chef saison 11

Top chef saison 11 - Capture d'écran - M6

Top Chef revient ce 19 février sur M6 pour une onzième saison. En dix ans l'émission a beaucoup évolué, notamment dans sa façon de filmer et de mettre en valeur les plats des candidats.

Les poissons sont luisants, les légumes chatoyants, les viandes apparaissent incroyablement appétissantes. On a presque la texture en bouche. Dans la bande annonce de la 11e saison de Top Chef, qui démarre ce 19 février sur M6, les plats sont filmés de façon si sensuelle qu'on en prend plein les mirettes et les papilles.

La caméra saisit amoureusement les plats, qui deviennent de véritables œuvre d'art. Si l'évolution s'est faite par petites touches, lorsque l'on se replonge 10 ans en arrière, et que l'on regarde la première saison de l'émission, on a presque l'impression d'avoir affaire à un autre programme.

"Raconter une histoire"

"Chaque année on essaie de modifier quelques éléments. On fait évoluer le décor, la lumière", souligne Sébastien Zibi, réalisateur de Top Chef depuis la première saison. L'idée est "d'optimiser la façon de raconter une histoire". Ces dernières années, l'accent a été mis sur "la mise en beauté de la cuisine et des plats". 

Difficile, lorsque l'on voit ainsi tourner les assiettes au ralenti, de ne pas penser à Chefs table, la série de l’Américain David Gelb, débarquée en 2015 sur Netflix et qui a révolutionné la façon de filmer la cuisine.

"Longtemps, on a cantonné la cuisine aux émissions de télé-réalité et aux présentations de recettes, alors que c’est un merveilleux sujet cinématographique", expliquait David Gelb au Monde en 2016.

"Beauties" et "food porn"

Et la télé-réalité en a pris de la graine. Même si, pour Sébastien Zidi, c’est surtout l'arrivée de "caméras à grands capteurs", utilisées uniquement pour filmer les plats, qui a rendu abordable pour la télévision une image digne du cinéma. Un saut technologique doublé d'une volonté de consacrer plus de temps à ces fameux gros plans, appelés les "beauties".

"Depuis la saison 6 ou 7, indique ainsi le réalisateur, on prend plus de temps pour tourner ces images de plats. Il y a une vraie réflexion avec le producteur sur le temps et les moyens mis en oeuvre pour tourner de jolies images". 

Pour la productrice Anaïs Albrieux, interrogée en 2019 à l'occasion d'un reportage du Monde sur le tournage de l'émission, l'influence est assumée. Les nouveaux moyens techniques ont permis d'"upgrader le programme et faire des images très léchées comme dans Chef’s Table, à base de ralentis, de gros plans, et d’un subtil mélange d’épure et de 'food porn'".

Top Chef a transformé le métier de chef

C'est d'ailleurs une tendance générale dans les programmes de télé-réalité, dont la réalisation est de plus en plus soignée. Si, selon Sébastien Zibi, la télévision n'est pas encore réellement aiguillonnée par la concurrence des plateformes, leur influence est réelle. Netflix notamment, a des exigences artistiques importantes, puisque -à la différence d'une chaîne de télévision- ses émissions ne sont pas éphémères mais destinées à rester sur la plateforme. 

Et puis Top Chef, doit se démarquer, non seulement des programmes de plateformes comme Netflix, mais aussi des chaînes YouTube, à l'heure où "tout le monde peut faire des émissions", analyse Sébastien Zibi. 

Pour le réalisateur, enfin, il s'agit d'offrir "un écrin à la hauteur des candidats". C'est ainsi que Top Chef a contribué à transformer le métier de chef en faisant évoluer le regard sur la profession et en vendant du rêve aux téléspectateurs. 

Magali Rangin