Patrick Sébastien: "Il y a des gens qui n'attendent qu'un prétexte pour me faire virer"

Dans une nouvelle interview, l'animateur revient sur les 20 ans du Plus grand cabaret du monde et dézingue les nouvelles directives de France Télévisions.

Le 16 juin prochain, Patrick Sébastien fêtera en compagnie d'Alain Delon et de Pamela Anderson les 20 ans du Plus grand cabaret du monde, sa célèbre émission diffusée sur France 2.

A cette occasion, le présentateur s'est entretenu avec Le Parisien. Et en a profité pour régler ses comptes avec France Télévisions, qui ne diffusera cette année que trois épisodes du Plus grand cabaret du monde et quatre numéros des Années bonheur.

"Je ne critique pas ce choix, mais la direction ne me fait plus confiance", affirme-t-il. "Je suis déçu. Parce qu’on mérite mieux. C’est l’émission la plus regardée sur TV5 monde, c’est une référence mondiale. Elle est plus que digne du service public. Je n’en demandais pas 25. J’en voulais juste deux de plus. Avant, il y en avait une par mois. J’ai un sentiment d’injustice."

Avec Michel Drucker, "on fait partie du patrimoine"

Il poursuit, expliquant que Michel Drucker est dans la même situation que lui: "Je sais à quel point il en souffre. Alors qu’il suffirait d’un tout petit peu de reconnaissance. Qu’on ne nous dise pas 'Tu n’es rien, tu n’existes pas'. Ce mépris-là, il est terrible. On est dans la mémoire collective. On fait partie du patrimoine", assure-t-il. 

Patrick Sébastien, cependant, ne se plaint pas: "Je suis un privilégié", précise-t-il, ajoutant tout de même: "Mais quand tu vois les commandes des autres animateurs… Nagui peut se permettre de faire des prime times à 5% [de parts de marché] parce qu’il tient l’access. Moi, si j’en fais une à 5%, c’est fini, je suis dehors. Ruquier le samedi soir fait 8% et il va en continuer à en avoir plein. On m’a enlevé des soirées pour mettre ces gens-là", peste-t-il celui qui a interdiction dans son contrat de dire du mal de France Télévisions.

L'animateur âgé de 64 ans a le sentiment d'être mis à la retraite: "Je me dis que c’est dommage. Parce que, même à mon âge, j’ai encore des choses à montrer, à dire aux téléspectateurs. J’ai la sensation de bien faire mon travail et en retour, on me pénalise", se défend-t-il, en précisant qu'il refuse d'être formaté et de participer à la série Meurtre à...

"Je vais être obligé de licencier du monde"

France Télévisions, dont les émissions phares comme Les Z'Amours, La Carte aux Trésors ou encore Questions pour un champion ont connu récemment des liftings, cherche à faire des économies. En attendant l'arrêt de Thé ou Café, prévu en décembre prochain, Le plus grand cabaret du monde est dans le collimateur.

L'émission de Patrick Sébastien "coûte cher" selon lui, "autour de 600.000 euros", "mais c’est la moitié de The Voice et trois fois moins qu’un téléfilm du samedi soir de France 3", se défend-t-il.

Les faits sont pourtant là: le show n’a fait que 100.000 euros de bénéfices l'année dernière. "Et là, on va passer d’un chiffre d’affaires de 11 à 4 millions la saison prochaine. Je vais être obligé de licencier du monde", annonce l'animateur, qui est "payé convenablement" mais pas autant qu’un "joueur de foot de Ligue 2". 

"Nagui peut faire des blagues de cul tous les midis sans qu’on ne lui dise rien"

Patrick Sébastien devait également lancer à la rentrée une nouvelle émission d'humour. Le projet a été annulé. Pour lui, la raison est simple: "tu ne peux quasiment plus manier l’humour à la télé", s'emporte-t-il, avant de blâmer les réseaux sociaux:

"Il y a des gens qui n’attendent qu’un prétexte pour me faire virer. Comme pour Tex. En revanche, Nagui peut faire des blagues de cul tous les midis sans qu’on ne lui dise rien. Et en même temps, je l’ai un peu cherché. Quand je chante Une petite pipe et au lit en prime time, ce n’est pas innocent."

Celui qui se considère comme un "artiste" estime que le milieu de la télévision "s'est vraiment déshumanisé": "C’est un milieu qui ne me va plus, qui me gonfle." S'il n'envisage pas de quitter France 2, il se dit heureux de pouvoir continuer d'écrire et de jouer sur scène: "Je suis entouré de gens gentils qui ne me crachent pas à la figure. Ça, c’est la vraie vie."

Jérôme Lachasse