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Accusations de pédophilie: ce qu'il faut savoir sur le documentaire choc sur Michael Jackson, diffusé ce jeudi

M6 diffuse ce jeudi soir, le documentaire Leaving Neverland, qui relance les accusations de pédophilie à l'encontre de Michael Jackson.

Les téléspectateurs Français vont découvrir ce soir sur M6 le documentaire Leaving Neverland, relançant les accusations de pédophilie à l'encontre de de Michael Jackson. Réalisé par le Britannique Dan Reed au terme d'une enquête, et produit par HBO et Channel 4, ce film relaie les témoignages de deux hommes, James Safechuck et Wade Robson. Aujourd'hui âgés de 41 et 36 ans, ils ont tous deux fréquenté Michael Jackson dans les années 1980 et 1990, alors qu'ils étaient enfants. Tous deux racontent de manière parfois très crue leur relation avec la star, et la façon dont le chanteur les aurait violés de façon répétée. La diffusion du documentaire sera suivie d'un débat animé par Nathalie Renoux. 

> Ce que contient le documentaire

Le documentaire diffusé ce jeudi soir sur M6, en deux parties, n'est pas la version longue de quatre heures, mais une version plus courte de trois heures. Leaving Neverland s'appuie sur les témoignages de James Safechuck et Wade Robson, et de leur famille. Des témoignages longs et détaillés, illustrés par des images d'archives les montrant enfants au côté de Michael Jackson.

Tous deux décrivent sensiblement la même histoire, les mêmes mécanismes. La fascination d'approcher une telle star, l'admiration, aussi. La joie et la fierté des familles, de voir leur rejeton devenir proche du chanteur et qui endort leur méfiance. Et le sentiment chez les deux enfants, de se sentir spécial aux yeux de Michael Jackson. Puis progressivement, la relation bascule. James Safeschuck et Wade Robson décrivent chacun les premiers rapports sexuels, les séances de masturbation, puis les fellations. Les termes sont crus, les descriptions précises. 

"A Paris, il m'a montré la masturbation. C'est comme cela que ça a commencé. (...) Il m'a dit je vais te montrer quelque chose que tout le monde fait et tu vas beaucoup aimer." "Michael aimait que je me penche. Et il se masturbait", raconte James Safeschuck

"French kiss" et masturbation

Il poursuit: "C'est passé du 'french kiss' à des baisers sur différentes parties du corps, puis sur les parties génitales." "Je n'étais pas inquiète qu'il se passe quelque chose.(...) Ils jouaient, se lisaient des poèmes. Ils ne faisaient que des trucs de gamins", raconte de son côté la mère de James Safeschuck.

Le témoignage de Wade Robson est similaire. Le jeune homme évoque l'émerveillement, la découverte de Neverland, le ranch de Michael Jackson, la proximité, puis les abus sexuels. 

"J'avais 7 ans, quand ça a commencé. (...) Il a commencé à toucher mon pénis, dans mon pantalon. (...) Ca n'était pas agressif. Je n'avais pas peur. Ca ne paraissait pas si étrange. Il m'a guidé pour que je fasse la même chose avec lui. Il a bougé ma main pour toucher son pénis en érection." 

Tous deux décrivent également la manipulation qu'exerce le chanteur, les pressions. "C'est Dieu qui nous a réunis. On est fait pour être ensemble. C'est notre façon de nous montrer que nous nous aimons", dit-il. James Safechuck évoque même un simulacre de mariage entre eux. "Il m'a dit que s'ils découvraient ce que nous faisons", se rappelle-t-il, "lui et moi irions en prison pour le restant de nos vies."

"Nous prenions nos douches ensemble"

"Ca a été rapidement l'escalade. Nous prenions des douches ensemble. On s'embrassait à pleine bouche. Il aimait que je pince ses tétons". Wade Robson se souvient également de fellations qu'aurait pratiquées Michael Jackson sur lui. Mais aussi la situation inverse. Il raconte ainsi son "sexe d'homme adulte dans ma bouche d'enfant de 7 ans". 

Le documentaire revient, dans sa seconde partie, sur les procès contre Michael Jackson, en 1993 puis en 2003. Le premier, se solde par un accord à 15 millions de dollars entre la famille de Jordan Chandler, l'enfant qui accuse la pop star. Lors du second procès, Wade Robson est appelé à témoigner en faveur de Michael Jackson, accusé d'agression sexuelle par le jeune Gavin Arvizo. Robson explique avoir témoigné sous la pression du chanteur. 

"Je ne voulais pas que les gens sachent. Si j’avais parlé de mon histoire avec lui, il aurait fallu que je remette en cause toute ma vie."

Les juges finissent par innocenter Michael Jackson en 2005. Pour Robson, comme pour Safechuck, c'est la paternité qui les décidera à parler, après tant d'années de silence. "Les séquelles s'intensifient lorsque vous voyez vos propres enfants et que vous les imaginez vivre de telles horreurs", explique James Safechuck.

> Ce que dit Dan Reed, l'auteur du documentaire

Le réalisateur, interrogé sur RTL ce lundi a expliqué la démarche qu'il a suivie, avant de se lancer dans la réalisation de Leaving Neverland, témoignage à charge contre Michael Jackson. "J’ai enquêté, mon équipe a enquêté, on a vu les enquêtes policières de 1993, de 2003, de 2005, j’ai interviewé les enquêteurs, les policiers qui ont été impliqués dans ces enquêtes. Mais le film lui-même n’a pas la forme d’une enquête, c’est un récit de ces deux familles (...) pour moi, c'est surtout un film témoignage."

Le documentaire s'attache également à montrer l'ascendant qu'avait Michael Jackson sur les enfants et sur leur famille. Dan Reed le qualifie de "prédateur sexuel" et de "manipulateur". "Ce qu’on voit c’est une emprise psychologique, c’est la séduction d’une famille entière" (...) puis cette intimité qui progresse jusqu’au moment où l’intimité physique (...) devient une intimité sexuelle, sans que la mère le sache."

> Une onde de choc dans le monde entier

La diffusion du documentaire, début mars aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, a suscité une véritable onde de choc. Des radios ont cessé de diffuser la musique de Michael Jackson. La marque de luxe Louis Vuitton a retiré certaines pièces de sa collection inspirées par le chanteur, les producteurs des Simpsons ont supprimé l'épisode avec la star... Partout le vent tourne. Mais les héritiers et la famille du roi de la pop résistent. 

Les héritiers de Michael Jackson ont réfuté les allégations du documentaire et saisi la justice pour réclamer à HBO 100 millions de dollars au titre de ce qu'ils qualifient d'"assassinat posthume".

Une porte-parole de M6, interrogée par l'AFP, a indiqué que le service téléspectateurs de la chaîne avait reçu une centaine de messages concernant ce programme, un niveau très élevé par rapport à la normale, la plupart émanant de fans protestant contre cette diffusion. Et le CSA a déjà reçu des signalements, avant même la diffusion du documentaire.

En France toujours, trois associations de fans ont même lancé une procédure devant la justice française contre Robson Wade et James Safechuck, pour "atteinte à la mémoire d'un mort". L'affaire sera examinée début juillet. Dan Reed juge ces plaintes plus que déplacées.

"Poursuivre en justice des hommes qui ont eu le courage de dire qu'ils ont été violés lorsqu'ils étaient enfants par cette personne toute-puissante et quasi-divine, d'en faire des boucs émissaires, c'est plus qu'absurde, c'est ignoble", a-t-il déclaré.

Magali Rangin avec AFP