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Têtes couronnées

Harry et Meghan: pourquoi leur arrivée au Canada pourrait faire d'eux les cibles des paparazzi

Le prince Harry et Meghan Markle

Le prince Harry et Meghan Markle - AFP

Au Royaume-Uni, la famille royale bénéficie d'un accord tacite avec la presse, mis en place à la mort de Lady Diana, qui les protège des photos volées. Ce qui ne sera plus le cas dans leur pays d'adoption.

Les rapports de Harry et Meghan avec la presse tabloïd ne semblent pas prêts de s'apaiser. Mardi, le couple princier tout juste installé au Canada a menacé d'engager des poursuites judiciaires après la parution de photos volées de la duchesse de Sussex, en train de se promener avec son fils dans leur pays d'adoption. Les images ont été publiées par le Sun et le Daily Mail, deux journaux britanniques. D'après plusieurs médias, elles ont été prises par un photographe caché dans les buissons. 

Le prince Harry et son épouse ont récemment décidé de se mettre en retrait de la famille royale, en prenant leur indépendance financière et en vivant entre le Royaume-Uni et l'Amérique du Nord. Un choix en partie motivé par un désir de s'éloigner des tabloïds britanniques, très durs envers la duchesse de Sussex. Mais il se pourrait que le couple princier ait remplacé un problème par un autre; car au Royaume-Uni, ils étaient (au moins) protégés des paparazzi. 

Accord moral

Comme le rappelle le Guardian, un embargo tacite existe entre la famille royale et les médias depuis 1997, année de la la mort de Lady Diana. La princesse de Galles a perdu la vie dans un accident de voiture à Paris, survenu durant une course-poursuite avec des photographes. À l'époque, l'opinion publique s'était retournée contre la presse tabloïd, qui épiait les moindres faits et gestes de la princesse depuis des années. 

Le Daily Mail avait alors promis de de bannir les paparazzades de ses pages et d'autres médias people avaient suivi le mouvement. Par la suite, deux textes étaient venus durcir le code de conduite des éditeurs, le Press Complaints Commission et le Protection From Harassment Act. Le Guardian note néanmoins qu'une amélioration des pratiques journalistiques était déjà enclenchée depuis 1995, lorsque le prince William est entré au prestigieux collège d'Eton. 

L'accord avait fini par s'émousser au milieu des années 2000. Kate Middleton s'était plainte à la police des paparazzi en 2007, lors de sa brève rupture avec le prince William. Mais elle n'a pas eu à formuler de nouveau ces plaintes depuis leur mariage. Et lorsque des photos d'elle seins nus sont parues dans la presse, il s'agissait de Closer - une publication française. 

Ainsi, si les éditos de la presse people britannique se déchaînent contre Meghan Markle depuis des mois, le couple princier restait protégé des photos volées, puisque la presse ne les achetait pas. En s'éloignant de l'Angleterre, il s'éloigne aussi de ce privilège.

"Les paparazzi américains prendront leur passeport"

Meghan et Harry se rapprochent des États-Unis, où les paparazzi disposent d'une liberté beaucoup plus importante. "Si ça vaut de l'argent, les paparazzi américains prendront leur passeport et iront au Canada", explique Ray Murray, professeur de journalisme multimédia à l'Oklahoma State University (États-Unis) au Telegraph. "Aller au Canada ne les sauvera pas, ça les rapprochera seulement des paparazzi américains."

L'arrivée de Harry et Meghan au Canada pourrait même soulever une question totalement inédite dans le pays:

"C'est un territoire relativement nouveau, peut-être parce que nous n'avons pas la même culture des paparazzi et des célébrités au Canada", avance David Fraser, avocat canadien spécialiste de politique de confidentialité, interrogé par CBC. Jusqu'à présent, une requête (de confidentialité comme celle de Meghan et Harry) n'a pas été formulée, ou en tout cas n'a pas mené à une décision publiée". 

"Un gifle supplémentaire"

Il existe néanmoins plusieurs textes et principes auxquels le couple pourrait se référer, notamment le B.C. Privacy Act ou le principe d'"intrusion against seclusion" ("intrusion contre l'intimité"), qui protège le plaignant face au défendeur lorsque celui-ci s'est immiscé dans sa vie privée "sans raisons légales". 

"Les règles sont nettement différentes au Canada, et je pense que le couple va se retrouver avec beaucoup moins de contrôle, estime Ian Pelham Turner, ancien reporter spécialiste de la royauté, dans les colonnes de Vanity Fair. "L'accord entre les journaux britanniques et le Palais pour que la presse ne publie pas de photos de paparazzi faisait qu'il n'y avait pas de demande au Royaume-Uni. Aux États-Unis, les publications opèrent très différemment."

Et de tirer un constat face à la publication des photos volées de Meghan Markle par le Sun, pourtant britannique: "C'est comme une gifle supplémentaire dans le visage de Meghan."

Benjamin Pierret