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The Eddy: polar parisien chez les jazzmen

Leïla Bekhti et Tahar Rahim dans "The Eddy"

Leïla Bekhti et Tahar Rahim dans "The Eddy" - Netflix

Avec sa première série, le réalisateur franco-américain Damien Chazelle signe une lettre d'amour au jazz, teintée de suspense policier.

Un air de musique noire dans la capitale française, les galères de gestion d'un club et, en filigrane, une ode à la vie de bohème: dans The Eddy, Damien Chazelle nous ouvre les portes d'un monde à part, celui des musiciens de jazz. Ceux qui vivent par et pour leur instrument, qui travaillent la nuit et qui dorment le jour. Cette première production sérielle du réalisateur oscarisé de La La Land et Whiplash débarque ce vendredi sur Netflix. 

Les huit épisodes suivent Elliot Udo (Andre Holland), célèbre pianiste new-yorkais expatrié à Paris, gérant du club de jazz qu'il a ouvert avec Farid (Tahar Rahim). Tandis qu'il découvre que son associé trempe dans des affaires douteuses, qui mettent en péril l'avenir de l'établissement, il doit composer avec les frasques de sa fille adolescente, tout juste débarquée des États-Unis, tout en préservant ses relations parfois tumultueuses avec ses musiciens. 

Un goût d'Amérique dans un Paris international

Le casting, qui évolue dans un Paris réaliste, vient des deux côtés de l'Atlantique. Outre les deux personnages principaux, Leïla Bekhti subjugue en épouse désemparée de Tahar Rahim - son mari à la ville. Amandla Stenberg, star montante du cinéma américain (vue en 2019 dans The Hate U Give), attendrit et agace dans la peau d'une adolescente instable. Les téléspectateurs y trouveront également une brève apparition de Benjamin Biolay, parfait en directeur de label redouté, et reconnaîtront Alexis Manenti, à mille lieues de son rôle de flic autoritaire dans Les Misérables de Ladj Ly. 

La réalisation est un travail collectif: Damien Chazelle signe les deux premiers épisodes, puis passe la main à Houda Benyamina, (Caméra d'or du Festival de Cannes 2016 pour Divines), Laïla Marrakchi et Alan Poul. Les longs plans séquences, couplés aux très nombreuses sessions musicales, pourront être perçus comme des obstacles au développement de l'intrigue; mais le réalisateur laisse place au fan lorsqu'il filme, avec amour et admiration, les musiciens en plein exercice. 

Une série portée par la musique

Damien Chazelle, réalisateur franco-américain qui a souvent évoqué sa fascination pour le jazz et le cinéma de Jacques Demy, livre un série à son image: outre la rencontre entre la France et les États-unis et l'enquête policière qui se mêle au cinéma d'auteur, la musique tient une place aussi cruciale que l'intrigue.

La bande-originale est signée par les musiciens Randy Kerber, qui interprète également le pianiste du groupe, et Glen Ballard:

"Nous avons tout fait live pendant le tournage, une idée sans précédent pour une série", explique ce dernier à France musique. Tous les morceaux de cette première saison ont été joués en direct pendant qu’on filmait."

The Eddy raconte deux histoires: en premier plan, celle d'un gérant de club acculé par ses problèmes financiers. Et en filigrane, celle du bazar pas toujours joyeux de la vie d'artiste.

Benjamin Pierret