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#NotWorthless, le hashtag qui dénonce les inégalités salariales dans les coulisses de Hollywood

Adele Lim, la co-scénariste de "Crazy Rich Asians"

Adele Lim, la co-scénariste de "Crazy Rich Asians" - Frazer Harrison - Getty Images North America - AFP

Des productrices, scénaristes et assistantes de séries et de films américains s'unissent autour d'un hashtag pour dénoncer leurs écarts de salaire avec leurs confrères masculins.

Avec #MeToo, les actrices américaines ont dénoncé les nombreux abus sexuels perpétrés à Hollywood hors-caméra. Un nouveau mouvement, porté par un nouveau hashtag, vise à révéler d'autres injustices sexistes dans le divertissement, celles-ci sur les fiches de paye: l'inégalité salariale qui règne dans les métiers de l'ombre. 

De nombreuses productrices, scénaristes ou assistantes inondent Twitter depuis quelques jours avec le hashtag #NotWorthless ("pas sans valeur"). Elles racontent leurs expériences de femmes moins bien rémunérées que leurs collègues masculins, à travail égal.

À l'origine, un retrait polémique

Le mouvement est apparu deux semaines après une décision radicale d'Adele Lim, la scénariste qui a co-signé Crazy Rich Asians. La comédie romantique a été un triomphe planétaire mais, à cause d'une différence de salaire avec son co-scénariste Peter Chiarelli, la cinéaste a décidé de se retirer des suites prévues

Le hashtag #NotWorthless a été utilisé pour la première fois mercredi, dans un tweet de la productrice Deirdre Mangan, comme le rapporte le Hollywood Reporter. Elle salue la décision d'Adele Lim avant de raconter sa propre histoire: ses négociations pour une augmentation sur deux séries auxquelles elle collaborait avaient été refusées en raison de "contraintes budgétaires". Elle a découvert après coup qu'un collègue masculin gagnait 1.500 dollars de plus qu'elle par épisode. 

Depuis, des dizaines de femmes ont raconté des expériences similaires avec le même hashtag. Ashley Gable, ancienne co-productrice exécutive de la série Mentalist, raconte à Variety qu'elle gagnait 25.000 dollars par épisode et que ses collègues masculins, arrivés un et deux ans après elle, en gagnaient 40.000. Elle n'a pas réussi à négocier plus de 30.000 dollars par épisode, et ne blâme que les studios Warner:

"(Les autres scénaristes et producteurs) étaient géniaux. Ils méritent chaque centime qu'on leur a payés, mais moi aussi j'étais géniale et je mérite la même paye. (...) Ce sont les employeurs qui font ça."

NCIS: Nouvelle injustice

Patricia Carr raconte au même magazine comment ses discussions avec CBS Studios pour travailler sur NCIS: Nouvelle-Orléans ont tourné court:

"J'avais travaillé pour CBS Televison Studios à plusieurs reprises sur différentes séries (...) Ils savaient qui j'étais, je savais ce qu'ils pouvaient se permettre (...) Je ne leur ai pas demandé un salaire mirobolant pour le poste qu'ils m'offraient, mais ce que je considérais être une compensation pour ce qu'ils m'avaient versé dans le passé."

N'ayant pas obtenu le montant désiré, Patricia Carr a préféré se retirer du projet. Et elle assure que les studios ont engagé un homme moins expérimenté qu'ils ont payé plus que ce qu'elle demandait.

Si c'est la première fois que les métiers créatifs d'Hollywood prennent la parole pour dénoncer ces inégalités, beaucoup d'actrices américaines ont évoqué les différences de revenus côté comédiens. En 2015, Patricia Arquette a réclamé l'égalité salariale dans son discours de remerciement pour l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle. Depuis, de nombreuses stars américaines, de Jennifer Lawrence à Toni Colette en passant part Cate Blanchett ou Jessica Chastain, ont élevé leur voix contre cette injustice. 

Benjamin Pierret