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Les Looney Tunes de retour avec 200 nouveaux épisodes: "On voulait que ça pète!"

Le retour des Looney Tunes

Le retour des Looney Tunes - Warner Bros 2019

La célèbre série animée revient avec plus de 200 courts-métrages inédits. Les producteurs Alex Kirwan et Peter Browngardt racontent les dessous des nouvelles aventures de Bugs Bunny et sa bande.

Bugs Bunny, Bip Bip, Vil Coyote et Titi sont de retour. Une nouvelle série des Looney Tunes débarquera prochainement sur les écrans de télévision du monde entier. Au programme, plus de 200 courts-métrages inédits réalisés dans le style des premiers cartoons sortis à la fin des années 1930 et au début des années 1940. Alex Kirwan et Peter Browngardt, qui chapeautent la série chez Warner Bros., ont présenté cette semaine au Festival d’Annecy une demi-douzaine de ces cartoons qui renouent avec l’humour burlesque ravageur de l’âge d’or des Looney Tunes

Dans un épisode aux allures de film d’horreur, Bugs Bunny confond un hôtel de luxe avec une pyramide ancienne. Capturé par une momie, le facétieux lapin voit alors chacune de ses articulations broyée par la créature avant d’avoir la nuque brisée. Propre aux Looney Tunes, cet humour burlesque exagérant à l’extrême la violence physique s’inscrit dans la lignée des comédies burlesques de Laurel et Hardy ou des Marx Brothers. Dans ce genre dit du "slapstick" où tout peut arriver, Alex Kirwan et Peter Browngardt n’ont qu’un seul objectif: faire rire par n’importe quel moyen (et souvent à l’aide de bâtons de dynamite). C’est d’ailleurs ainsi que est écrit chaque épisode: tout commence avec des gags, qui forment ensuite une histoire.

"Cet épisode avec la momie [intitulé Mummy Dummy, NDLR] est particulièrement réjouissant parce que la scène que vous évoquez ne peut fonctionner qu’à un moment bien précis", explique Peter Browngardt. "Elle n’aurait pas été aussi horrifique et hilarante si elle n’était pas intervenue à la fin du cartoon. Comme la Momie poursuit Bugs Bunny pendant tout l’épisode, c’est vraiment l’apogée et on ne peut pas s’empêcher de rire".
Les Looney Tunes
Les Looney Tunes © Warner Bros. 2019

"Une exagération des lois de la physique"

Parce qu’ils s’autorisent toutes les fantaisies, les producteurs ne sont pas inquiets de la violence de ce programme destiné principalement à la jeunesse: "Un des bonheurs des Looney Tunes est que les personnages s’en sortent toujours, même si la pire des choses leur arrive", indique Alex Kirwan avant d'ajouter: "C’est une des blagues récurrentes des Looney Tunes. Le public a toujours compris cela et a toujours beaucoup ri à cette blague. Les enfants l’ont bien compris aussi. Ces cartoons sont aussi marquants parce qu’ils proposent des caricatures de la réalité. Ils n’ont jamais cherché à reproduire la réalité. C’est une exagération des lois de la physique: un commentaire de la réalité." C’est aussi l’ADN des Looney Tunes qu’ils doivent préserver à tout prix:

"Souvent, quand des personnages cultes reviennent, il y a une approche un peu conservatrice et le résultat est une version édulcorée de l’original, destinée à des enfants très jeunes", déplore Alex Kirwan. "Nous savions ce qui était drôle avec les Looney Tunes des années 1930 et 1940 et nous nous sommes assurés comme à l’époque que nos réalisateurs et nos animateurs aient chacun un sens de l’humour propre et des sensibilités différentes. Ces cartoons ont été fabriqués à l’époque par des artistes. Leur personnalité et leur sensibilité se voient à l’écran. Il était donc primordial que chaque nouveau court-métrage ait son identité."

Chaque épisode explore ainsi un style particulier. A l’intérieur, aucune règle ne prévaut: les lieux récurrents comme la maison des personnages ou les décors changent à chaque fois. Même les couleurs des personnages varient selon les environnements et les épisodes. Si Alex Kirwan et Peter Browngardt ne s’interdisent rien pour titiller les zygomatiques des spectateurs, ils doivent cependant respecter certaines règles édictées par le légendaire Chuck Jones, co-créateur des Looney Tunes et de ses loufoques personnages.

Les Looney Tunes
Les Looney Tunes © Warner Bros. 2019

"Les histoires de Bip Bip et Coyote sont très difficiles à réaliser"

"Nous appliquons scrupuleusement ces règles", assure Peter Browngardt. "Il n’y a pas de duos étranges. Bugs ne joue pas avec Titi ou Charlie le coq [on le voit souvent avec Grosminet, NDLR]. Chaque duo comique a été méticuleusement pensé." Le plus grand défi reste pour eux les épisodes qui racontent les aventures de Bip Bip et Vil Coyote. Créé par Chuck Jones, leur cartoon doit toujours suivre une série de règles dont une stipule l’obligation de s’en tenir à onze gags!

"Ces cartoons sont très difficiles à réaliser", confirme Peter Browngardt. "On a passé beaucoup de temps à essayer de les comprendre. Ce sont des puzzles. Concevoir et dessiner chaque piège de Vil Coyote équivaut à résoudre une énigme. Vous avez à chaque fois le même démarrage: Vil Coyote a faim et il veut manger Bip Bip. Comment va-t-il s’y prendre? Comment va-t-il échouer? C’est un vrai défi, car il suffit de se tromper une seule fois pour que tout s’écroule."
Le retour des Looney Tunes
Le retour des Looney Tunes © Warner Bros. 2019

Alex Kirwan poursuit: "Le public sait à quoi s’attendre en regardant un cartoon de Bip Bip et Vil Coyote. Leur succès réside dans la surprise et le fait que les gags sont imprévisibles. On passe beaucoup de temps sur ces gags." "Quand on les réussit, c’est très gratifiant", ajoute Peter Browngardt. "Entendre les rires à Annecy a donc été très satisfaisant!” C’est pour cette raison qu’il n’existe depuis 1949 qu’une cinquantaine de cartoons de Bip Bip et Vil Coyote. "Il n’y en a pas autant que pour Bugs Bunny, mais ce n’est pas le nombre qui compte", précise Alex Kirwan. "Il y a de célèbres personnages qui n’ont fait que peu d’apparitions comme Taz [il n’existe que cinq courts-métrages avec Taz, NDLR] ou Marvin le Martien et sont devenus des vedettes."

Petits clins d’œil

Une cinquantaine de personnes travaille sur la série dans les studios de Warner Bros à Burbank en Californie. Quatre studios d’animation situés dans le reste du monde les aident également pour concevoir cette ambitieuse production. Alex Kirwan et Peter Browngardt ont notamment travaillé avec Jim Soper, character designer capable de représenter les personnages tels qu'ils étaient au début de la série.

"Il connaît si bien les Looney Tunes qu’il a glissé des petits clins d’œil dans les personnages. Bugs Bunny a donc les gants jaunes qu’il portait dans les années 1930. Dans un épisode où Daffy s’amuse avec Porky et une dalle de ciment, il a glissé une référence à Tex Avery. Jim est une véritable encyclopédie: il est capable de reproduire une pose ou une expression aperçues dans tel ou tel épisode. Il a été d’une grande aide", loue Peter Browngardt. Pour Alex Kirwan, les designs de Jim Soper sont "une sorte de best-of": "Il prend des éléments à droite et à gauche de différentes époques et de différents styles et les combinent."

Les nouveaux Looney Tunes ne sont pas pour autant nostalgiques. Un court-métrage intitulé Dynamite Dance résume parfaitement le ton de cette nouvelle série. Composé uniquement d’une course-poursuite effrénée où Ellmer tente de faire exploser Bugs Bunny, ce film est un torrent de gags burlesques. Avec cette séquence, les Looney Tunes signalent qu’ils n’ont rien perdu de leur mordant et de leur pertinence. "On voulait que ça pète, qu’il y ait plein d’explosions!", s’enthousiasme Peter Browngardt.

Jérôme Lachasse