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En attendant la saison 3, Stranger Things se décline en roman

Le roman dérivé de la série Stranger Things

Le roman dérivé de la série Stranger Things - Lumen

L’autrice américaine Gwenda Bond sort un livre dérivé de la série racontant la jeunesse de la mère de Onze. Elle se confie sur sa relation avec les créateurs de Stranger Things et la construction de la mythologie du programme déjà culte.

La troisième saison de Stranger Things, prévue cette année sur Netflix, se fait attendre. Les frères Duffer, les créateurs de la série à succès, ont cependant pensé aux fans.

Après la parution d’une bande dessinée en septembre (la traduction française arrive en juillet), ils ont donné leur accord pour la publication de trois livres dérivés qui se déroulent avant les événements racontés dans la série. Le premier de ces ouvrages, Suspicious Minds, sort le 7 mars. Son autrice, Gwenda Bond, y dévoile la vie de la mère de Onze.

En attendant le deuxième livre de la collection, en juin, consacré au shérif Jim Hopper, Gwenda Bond raconte les coulisses de cette nouvelle aventure qui devrait ravir les fans de la série.

Comment est né le livre?

Mon éditeur américain Del Rey a travaillé avec Netflix pour monter une série de livres qui étend l’univers de Stranger Things et ne répète pas ce qui a été fait dans la série. Ils ont demandé à mon éditeur si je pouvais me charger du premier volume. Ils voulaient que ce soit l’histoire de la mère de Onze, Terry Ives, à la fin des années 1960 et au début des années 1970, lors de son passage dans l’expérience MK Ultra - dont découle le concept de la série.

Stranger Things se déroule dans les années 1980 et s’inspire principalement des œuvres de cette décennie-là. La fin des années 1960 n’a pas la même sensibilité. Comment avez-vous trouvé le bon ton tout en conservant l’ADN de la série?

Quand j’ai commencé à m’intéresser à la période, une des choses que j’ai regardées est la manière dont Stranger Things met en scène les années 1980 et insère des références pas uniquement à la pop culture, mais aussi à la vie quotidienne: à quoi ressemblent les maisons, les tapis… si la bière se boit dans une canette ou en bouteille... Même s’il s’agit d’époques complètement différentes, j’ai essayé de m’inspirer de la méthode de la série pour reconstituer cette décennie.

Les frères Duffer vous ont-ils fourni des documents?

Il y a une bible de la série qui récapitule toutes les références. Je n’avais jamais prêté attention aux voitures dans Stranger Things, mais une section entière est consacrée dans la bible aux marques des années 1980! C’est pour cette raison que j’ai donné à Andrew, le petit ami de Terry, une marque de voiture bien précise. J’ai fait des recherches pour savoir quelle voiture il pouvait se payer.

Stranger Things
Stranger Things © Lumen

D’autres éléments marquants dans la bible?

On y retrouve les ingrédients qui font le sel de Stranger Things: l’importance de l’amitié, de l’époque, de la musique - bien que ce soit plus compliqué dans un livre. J’ai aussi remarqué l’importance de mêler la vie quotidienne à des éléments extraordinaires. Un consultant de Netflix, qui est un des scénaristes de la série, a chapeauté chaque étape du livre. Il était l’interlocuteur direct des frères Duffer, qui étaient occupés par le tournage de la saison 3 de Stranger Things. Comme il travaillait avec eux, c’était plus simple pour obtenir leur approbation sur certains points du livre. Les frères Duffer voulaient que les auteurs aient vraiment toute liberté sur ces livres et apportent leur propre voix.

Comment avez conçu le personnage de la mère de Onze?

Terry apparaît dans la série. On la voit affronter le docteur Brenner par des voies légales puis en débarquant dans son établissement avec un pistolet pour récupérer sa fille. Bien que l’on connaisse sa destinée dans la saison 2, elle trouve toujours un moyen de communiquer avec sa fille. La clef pour moi de ce personnage est qu’elle est une combattante, comme Onze: quelqu’un qui, même dans des circonstances extrêmes, trouve toujours le moyen de s’affirmer. J’ai ensuite beaucoup réfléchi à ce à quoi aurait pu ressembler sa jeunesse. Le plus important, pour moi, était de la dépeindre comme une héroïne et non comme une victime.

Il y a eu une BD chez Dark Horse en septembre dernier et maintenant trois livres dérivés. La série a commencé en s’inspirant de la pop culture et crée maintenant sa propre mythologie.

Oui, elle est passée de l’autre côté du miroir. Stranger Things est un phénomène mondial - c’est une des séries les plus regardées. J’ai rencontré des fans de tout âge, de tout sexe. De plus en plus de gens sont séduits par cette histoire et en redemandent. C’est tout à fait naturel que Netflix développe cet aspect-là. C’est la première fois, d’ailleurs, que Netflix adopte ce modèle à la Star Wars en produisant des contenus destinés aux fans.

Gwenda Bond
Gwenda Bond © Lumen

D’où vient cette fascination selon vous?

La série touche les gens de notre génération comme les plus jeunes, parce que ses références sont toujours présentes dans notre culture. Les frères Duffer racontent cette histoire en s’inspirant de tout ce qu’ils aiment. Il y a beaucoup d’ironie dans la série, mais aussi beaucoup de sincérité. C’est très rafraîchissant. Quand j’ai dit à mes amis américains que je venais en France pour parler de Stranger Things, ils étaient très étonnés que le reste du monde s’intéresse à la série, car pour eux elle raconte une histoire très américaine.

En quel sens?

Les lieux, les quartiers, les loisirs… Je ne sais pas si vous avez grandi avec SOS Fantômes, E.T. ou Les Goonies, mais ce sont des années où la pop culture a commencé à s’exporter dans le monde entier. Les personnages sont aussi enfermés à Hawkins, ils ne dépassent quasiment pas les frontières de la ville, comme dans les romans de Stephen King.

Stephen King compte parmi les influences des frères Duffer. Est-ce aussi votre cas?

Oui! La couverture est de Tony Mauro, qui a illustré beaucoup de couvertures de Stephen King. Je me suis plongée dans ses premiers romans avant de commencer l’écriture du roman. Il a commencé sa carrière au début des années 1970 - à la même époque où se déroule Suspicious Minds. C’est une manière d’obtenir le bon ton pour l’histoire: je me suis inspiré de la manière dont il structure ses récits. Il écrivait de longs chapitres divisés en petites sections. C’est le genre de détails amusants que les fans de Stranger Things seront ravis de trouver, je pense.

Jérôme Lachasse