BFMTV
Séries

Bob l’Éponge fête ses 20 ans

Bob l'éponge

Bob l'éponge - Nickelodeon

Le célèbre personnage imaginé par Stephen Hillenburg célèbre son vingtième anniversaire sans son créateur, mort en novembre 2018, mais avec un épisode spécial présenté en avant-première à Annecy.

Qui vit dans un ananas dans la mer et fête cette année ses vingt ans? Bob, l’éponge carrée! Le célèbre personnage créé par Stephen Hillenburg célèbre ses deux décennies de carrière avec un épisode spécial diffusé le 13 juillet et présenté en avant-première au festival d’Annecy en juin dernier.

Le succès de la série s’explique en partie par l’humour burlesque de son créateur, Stephen Hillenburg, qui se double d’un éloge véritablement sincère de la stupidité. Bob l’éponge se distingue par un humour si absurde et si insolent que même les producteurs de la série, qui ont fait le déplacement à Annecy mi-juin, sont bien en peine pour l’expliquer.

"C’est juste une série comique. On essaye de la rendre le plus drôle possible", a indiqué le producteur exécutif Marc Ceccarelli, qui supervise avec Vince Waller la série depuis 2018. Ce dernier complète: "Souvent, on se retrouve au début de la nouvelle saison et on panique parce qu’on ne sait pas ce qu’on va pouvoir trouver comme idée, puis, très rapidement, tout revient."

Ils s’appuient notamment sur le talent du scénariste Kaz Prapuolenis: "Pour Bob, il suffit de se demander comment un enfant réagirait à telle ou telle situation. Bob est si sensible..." Contrairement aux dessins animés traditionnels pour enfants, Bob l’éponge évite toute leçon de morale. La série répond à une éthique - qui découle de la personnalité de Bob: "Il n’existe pas de personnage plus gentil que lui", précise Vince Waller. 

Bob l'éponge
Bob l'éponge © Nickelodeon

Aucune règle

La naïveté de Bob, parfois proche de la bêtise, nourrit de nombreux gags, quiproquos et saillies verbales qui font pleurer de rire les téléspectateurs. Bob habite aussi l’endroit idéal, la ville de Bikini Bottom, qui réunit les individus les plus farfelus de la planète, qu’il s’agisse de son voisin Carlos, de son meilleur ami Patrick ou de l’écureuil Sandy. Dans le monde de Bob, aucune règle n’est fixée. Même pour les animateurs qui décident, selon les épisodes, si des bulles doivent sortir des bouches des personnages lorsqu’ils parlent. 

La série mêle aussi les médiums et ne s’interdit pas d’utiliser dans sa narration des éléments en stop-motion et des scènes en prises de vue réelles. Une série dérivée sur la jeunesse de Bob sera ainsi en images de synthèse - un nouveau défi pour apprendre comment l’humour burlesque peut s’adapter à ce nouveau médium. L’épisode du vingtième anniversaire ne déroge pas à la règle: tourné presque intégralement en prises de vue réelles, il met en scène les comédiens de doublage de la série dans le rôle de leur personnage! 

Un résultat pour le moins déconcertant - pour le spectateur comme pour les comédiens eux-mêmes: "Je me souviens que sur le tournage un des acteurs avait dit qu’il aurait préféré qu’on ait eu l’idée il y a vingt ans quand il était plus jeune et plus beau!", raconte Vince Waller, qui s’est amusé avec ses scénaristes à imaginer une version étrange de notre monde où chacun semble nourrir une obsession pour des concours de haricots. 

"C’était si bon d’entendre Stephen Hillenburg rire"

Trouver des idées est une chose, mais il faut aussi respecter l’esprit du créateur de la série, Stephen Hillenburg, mort en novembre 2018 des suites de la maladie de Charcot. "Il adorait ce qu’on faisait”, assure Mark Ceccarelli. "C’était si bon de l’entendre rire. Il ne riait pas facilement et l’entendre rire était la garantie que nos gags étaient bons."

L’exigence est au cœur du processus de création des aventures loufoques de Bob l’éponge: "Lorsque nous trouvons une idée que nous estimons particulièrement bonne, nous nous plions en quatre pour qu’elle devienne meilleure, pour qu’elle soit encore plus drôle." Et Vince Waller de compléter: "les réunions avec les scénaristes sont très stimulantes. Chacun essaye d’aller le plus loin possible." "On s’appuie sur des situations très simples auxquelles on ajoute des idées de plus en plus farfelues", précise Kaz Prapuolenis. 

"C’était très difficile, mais tellement gratifiant"

Walt Dohrn, réalisateur de Trolls 2, a travaillé un an sur la série au début des années 2000. La méthode décrite par Kaz Prapuolenis était déjà en vigueur: "On était au début de la saison 2. C’était bien avant que le succès mondial de la série ne démarre. Ce qui était génial, c’était de ne penser qu’à une seule chose: comment faire rire, comment trouver le meilleur gag tout en restant fidèle aux personnages." Il poursuit: 

"Je me souviens que l’on restait éveillé toute la nuit avec Stephen [Hillenburg], Derek Drymon [le co-créateur de la série, NDLR] et toute l’équipe pour trouver des idées. C’était très difficile, mais tellement gratifiant. On nous donnait un synopsis comme ‘Bob l’éponge apprend un gros mot’. Comme Bob est un jeune enfant dans sa tête, cette situation de départ conduit à des situations très amusantes que nous devions inventer. Avec Bob l’éponge, j’ai appris à construire une histoire."

Conçus au départ sous forme d’improvisations, les épisodes sont désormais soumis à un processus créatif plus classique et plus préparé - bien qu’il y ait souvent des imprévus: "Nous changeons des gags jusqu’au dernier moment", révèle Vince Waller. "Il nous arrive de changer des gags une semaine seulement avant d’envoyer les épisodes!" 

Jérôme Lachasse