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Musique

Stromae collabore à un album avec une intelligence artificielle

Le musicien belge, Stromae a envie d'écrire pour les autres, mais ne veut plus chanter

Le musicien belge, Stromae a envie d'écrire pour les autres, mais ne veut plus chanter - Valery Hache - AFP

Le projet, dont les premiers morceaux viennent d'être dévoilés, utilise l'intelligence artificielle comme outil de création pour des artistes bien vivants.

Des artistes doués de conscience, travaillant main dans la main avec des robots créatifs. C'est le projet de Spotify, qui a dévoilé ce vendredi les deux premiers morceaux d'un album de musique composé par plusieurs artistes avec l'aide de technologies d'intelligence artificielle. Une première mondiale, d'après la plateforme, à laquelle Stromae prend part.

L'intelligence artificielle a permis aux artistes sollicités de générer tantôt des mélodies ou des harmonies, ou des voix, à partir de morceaux ou d'extraits musicaux qu'ils soumettaient à des logiciels. Ils pouvaient ensuite utiliser les éléments obtenus, les modifier ou les abandonner au gré de leur processus créatif.

Intitulé Hello World, cet album est produit par le label indépendant Flow Records. L'un des deux titres dévoilés ce vendredi est Hello Shadow, un morceau au rythme dance co-composé par Stromae et interprété par la chanteuse canadienne Kiesza.

L'intelligence artificielle, un "outil" pour les artistes

Cet album est l'aboutissement d'un projet de recherche scientifique baptisé "Flow Machines", comme l'a expliqué à l'AFP François Pachet, ancien directeur du Computer science laboratory (CSL) de Sony qui a rejoint Spotify l'an dernier.

Selon lui, il s'agira de la première fois qu'un album de musique grand public sera créé par des artistes avec l'aide de l'intelligence artificielle. Cependant, il est déjà arrivé que des morceaux de style expérimental soient réalisés à l'aide d'ordinateurs.

"Il ne s'agissait pas du tout de cantonner les artistes dans un rôle de spectateur", mais "de voir comment on peut faire des outils qui les aident, en les poussant à faire des choses nouvelles et différentes", assure François Pachet.

La "prochaine étape" de la création musicale

Le chercheur et informaticien a lancé Flow Machines au sein du CSL et de l'Université Pierre et Marie Curie, à Paris, en visant au départ à "développer des technologies d'intelligence pour comprendre la notion de style dans des oeuvres". Puis son équipe de Flow Machines a voulu mettre ces technologies entre les mains d'artistes professionnels. Et après avoir mis en ligne un premier morceau (Daddy's car) l'an dernier, elle s'est donnée pour défi de créer un album entier et de le commercialiser.

Pour lui, "de la même manière que le synthétiseur a révolutionné la musique dans les années 80", l'utilisation de l'intelligence artificielle "est la prochaine étape dans l'évolution des outils d'aide à la création musicale, et va "produire des environnements très nouveaux et stimulants". Pour cet album, Benoit Carré alias Skygge, membre de l'équipe et ancien du groupe Lilicub, a choisi les artistes et collaboré à plusieurs des titres. L'album sera distribué sur les principales plateformes en ligne et en cas de succès, peut-être sous forme de vinyle, espère François Pachet.

B.P. avec AFP