Solidays, Vieilles Charrues... Dans les grands festivals, le rap et l'électro ont remplacé le rock et la pop
Ce jeudi 18 juillet marque le début des Vieilles Charrues, l'un des plus grands événements musicaux français. Et pour inaugurer cette 28ème édition, le festival breton a décidé de mettre en avant le rappeur français Booba et les DJ américains de Chainsmoker.
Deux têtes d'affiche à l'image de la programmation majoritairement axée autour du rap (Vald, Moha La Squale...) et de l'électro (David Guetta, Petit Biscuit...).
Plus d'une tête d'affiche sur deux aux Charrues fait du rap ou de l'électro
En tout, si on cumule les représentants de ces styles et les artistes RNB (comme Aya Nakamura) plus de la moitié des vedettes des Vieilles Charrues jouent ce genre de musiques. Un vrai bouleversement pour ce festival qui se voulait à la base "éclectique" et "transgénérationnel".
Les Vieilles Charrues ne sont cependant pas le seul festival à avoir cédé aux sirènes du rap et de l'électro. D'autres rendez-vous musicaux d'envergure nationale ont opéré le même changement.
Garorock, plus rap que rock
La plus impressionnante transformation concerne Garorock, qui a lieu chaque année dans le sud-ouest de la France. En 1999, la tête d'affiche principale était le groupe de rock breton Matmatah. 20 ans plus tard, c'est DJ Snake et le rappeur Macklemore qui occupent le devant de la scène.
Pas surprenant quand on sait que plus de deux artistes sur trois (71%) programmés en 2019 pratiquent ces genres musicaux.
L'autre événement estival qui s'est largement converti à la musique électronique et au rap est Solidays, la manifestation parisienne organisée chaque année notamment pour sensibiliser au VIH.
L'évolution des styles musicaux dans leur programmation est peut-être moins surprenante ici car Solidays a toujours été davantage tournée vers les jeunes que ses concurrents.
Ces changements de programmation ne sont pas uniquement guidés par des choix artistiques mais plutôt pour des motifs économiques.
Le rap est le genre musical le plus écouté en France et surtout le style préféré des jeunes, cible principale des grands festivals. Quant à la musique électronique, qui représentait 17% du marché global des musiques actuelles en 2016, elle tire principalement ses revenus... des concerts donnés en festivals.
Les Eurockéennes restent rock
Si tous les grands festivals sont quasiment obligés, pour des raisons économiques, de programmer du rap et de l'électro aujourd'hui, certains semblent néanmoins faire de la résistance. Les Eurockéennes de Belfort par exemple - qui en 1999 programmaient pourtant bien plus de DJ et de rappeurs que ses concurrents actuels - ont ainsi "limité l'expansion" de ces genres musicaux.
Aujourd'hui, la programmation compte seulement 42% de DJ et de rappeurs parmi ses têtes d'affiches. Un taux élevé mais bien plus bas que celui des autres grands festivals.
Ce n'est cependant pas le grand festival le moins orienté de rap et électro. Aux Francofolies, le taux dépasse à peine 30%. Le fait que la musique électronique soit principalement jouée en anglais freine peut-être son développement à La Rochelle.
Mais l'importance accordée la langue française n'explique pas tout. Seuls quatre rappeurs y ont été programmés en 2019, dont deux qui adoptent un style parfois plus proche de la chanson ou de la variété française - en l'occurrence Soprano et Lomepal.
Bien qu'elles soient de plus de plus adeptes de rap, il semble en fait que les Francofolies souhaitent conserver leur style de prédilection: la chanson française, incarnée cette année par Angèle, Patrick Bruel, Zazie ou Jean-Louis Aubert.