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Musique

Orelsan, relaxé en appel, pour provocation à la violence envers les femmes

Le rappeur français, rejugé pour ses chansons, a été relaxé par la cour d'appel de Versailles ce jeudi 18 février, jugeant que sanctionner l'artiste reviendrait à de la censure.

La justice lui a donné raison. Ce jeudi 18 février, le rappeur Orelsan, rejugé pour injure et provocation à la violence envers les femmes dans plusieurs de ses textes, a été relaxé jeudi la cour d'appel de Versailles, qui invoque la "liberté d'expression".

La cour a souligné que "sanctionner" les chansons incriminées "reviendrait à censurer toute forme de création artistique inspirée du mal-être, du désarroi et du sentiment d'abandon d'une génération, en violation du principe de la liberté d'expression". 

L'artiste, de son vrai nom Aurélien Cotentin, étaient poursuivis par cinq associations féministes: Chiennes de garde, Collectif féministe contre le viol, Fédération nationale solidarité femmes, Femmes solidaires et Mouvement français pour le planning familial.

"Orelsan est ravi, apaisé et soulagé"

Dans leur décision, les magistrats soulignent que le rappeur de 33 ans "n'a jamais revendiqué" publiquement "la légitimité des propos violents, provocateurs ou sexistes tenus par les personnages de ses textes qu'il qualifie lui-même de 'perdus d'avance'". En outre, ajoutent les juges, "une écoute exhaustive et non tronquée de ses chansons permet de réaliser qu'Orelsan n'incarne pas ses personnages" et que la "distanciation" entre eux est "évidente".

"Orelsan est ravi, apaisé, soulagé", a déclaré l'avocat de l'artiste, Me Simon Tahar, saluant une "reconnaissance du caractère presque absolu de la liberté de création et de la liberté artistique" et "les termes extrêmement forts" de la cour, "qui ne laissent place à aucune équivoque".

"C'est une très grande déception", a réagi pour sa part Me Alain Weber, avocat des cinq associations féministes qui poursuivaient le rappeur, dénonçant des textes "d'une violence inouïe". "Nous verrons si nous formons un pourvoi" en cassation, a-t-il ajouté. 

Troisième procès

Il s'agissait du troisième procès pour l'artiste dans ce dossier. En 2013, le tribunal correctionnel de Paris l'avait condamné à 1.000 euros d'amende avec sursis pour certains des passages litigieux. Les juges avaient ainsi considéré l'expression "les meufs c'est des putes" comme une injure sexiste.

Pour "renseigne-toi sur les pansements et les poussettes, j'peux t'faire un enfant et t'casser le nez sur un coup d'tête", ainsi que "ferme ta gueule ou tu vas t'faire marie-trintigner (...)", Orelsan avait été reconnu coupable de "provocation à la violence à l'égard d'un groupe de personnes en raison de leur sexe". Mais en 2014, la cour d'appel de Paris avait jugé les poursuites prescrites, sans se prononcer sur le fond. La Cour de cassation avait annulé cette décision en juin et ordonné ce troisième procès.

Fabien Morin avec AFP