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Musique

Mort de Scott Walker, inspirateur d'une génération de musiciens rock

Le musicien Scott Walker en 1968.

Le musicien Scott Walker en 1968. - Wikimedia - CC

Scott Walker, rockeur qui a marqué toute une génération de musiciens, vient de mourir à l'âge de 76 ans.

Le musicien Scott Walker, qui a inspiré toute une génération de musiciens rock, est décédé à l'âge de 76 ans, a annoncé lundi son label 4AD sur Twitter.

"C'est avec une grande tristesse que nous annonçons le décès de Scott Walker. Scott avait 76 ans", a tweeté 4AD, le décrivant comme "l'un des innovateurs les plus admirés". 

L'hommage est à la mesure de l'immense talent de ce musicien qui, les années passant, est devenu pour le grand public une référence assez lointaine de la pop 60's avec les Walker Brothers et leur tube The Sun Ain't Gonna Shine (Anymore). Il était cependant une légende pour ses fans, toujours pas remis de ses quatre premiers albums solo (la série des "Scott").

Auteur compositeur, Scott Walker a eu une grande influence sur toute une génération de musiciens et de groupes tels que David Bowie, Radiohead, Pulp, The Divine Comedy, R.E.M., Elvis Costello, Marc Almond, U2, The Last Shadow Puppets, sans oublier Alain Bashung parmi les Français.

Ascension fulgurante dans les années 1960

Si Londres restera pendant cinquante ans sa ville de coeur et d'épanouissement musical, Noel Scott Engel est bien né américain, dans l'Ohio, le 9 janvier 1943. C'est à Los Angeles qu'il s'éveille artistiquement à l'adolescence: le jazz de Bill Evans lui titille les oreilles, la Beat Generation le fait voyager, le cinéma européen le fascine, notamment celui d'Ingmar Bergman dont Le 7e sceau lui inspirera en 1969 The Seventh Seal, sublime ouverture de son meilleur album Scott 4.

Avant d'atteindre ce sommet, c'est avec les Walker Brothers, trio formé en Californie en 1964 (avec John Maus et Gary Leeds), qu'il se fait connaître, avec trois premiers albums dont la pop rivalise avec celle des Beatles. L'ascension est fulgurante, en particulier au Royaume-Uni où ils s'installent dès 1965.

A partir de 1967, le chanteur à la voix grave et puissante qui emprunte, de son propre aveu, légèrement à Frank Sinatra, se lance en solo. Suivront quatre albums fondateurs, Scott 2, 3 et 4

Sa musique, symphonique et baroque, vire grandiose. Il chante notamment The Old Man's Back Again, sur l'invasion de la Tchécoslovaquie en 1968, et de nombreuses reprises de Jacques Brel, qu'il idolâtre et qu'il fera découvrir à David Bowie. Ce dernier reprendra d'ailleurs ses adaptations d'Amsterdam et My Death, à l'époque de Ziggy Stardust.

Les années 70 sont marquées par un léger déclin, malgré une reprise remarquable de Michel Legrand (What Are You Doing The Rest Of Your Life?) qu'on entend sur Till the Band Comes in. Walker, qui fuyait déjà le succès derrière ses lunettes noires, devient un artiste de plus en plus énigmatique et reclus dans le sud londonien. 

Au cours des années 1980, 1990, il reste toutefois créatif, sortant épisodiquement des albums qui témoignent de son orientation expérimentale et composant des musiques de films, comme celle de Pola X de Leos Carax.

"Une fissure dans l'univers"

Les années 2000 le voient sortir de la pénombre. Jarvis Cocker, en fan comblé, lui confie les manettes du dernier album de Pulp, We Love Life, et il se fend de deux albums, The Drift et Bish Bosch, encensés par la critique.

L'un des premiers à réagir à sa disparition est Marc Almond. "Enigmatique, mystérieux (...) Un absolu génie musical, existentiel et intellectuel. Nous avons perdu Bowie et maintenant lui. Il y a une fissure dans l'univers", a écrit l'ex-chanteur de Soft Cell sur Instagram

"Une grande influence"

La BBC lui consacrera un hommage au Royal Albert Hall dans sa célèbre série annuelle de concerts des Proms en 2017.

Les hommages ont commencé à pleuvoir lundi: "Très triste d'apprendre le décès de Scott Walker. Il a eu une grande influence sur Radiohead et moi, me montrant comment je pouvais utiliser ma voix et les mots", a tweeté Thom Yorke.

avec AFP