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Musique

Mort de Geoffrey Oryema, le cocompositeur de la musique d'Un Indien dans la ville

Geoffrey Oryema

Geoffrey Oryema - John MacDougall / AFP

L'artiste, installé en France depuis une quarantaine d'années et qui avait obtenu la nationalité française, est décédé des suites d'un cancer.

Le musicien d'origine ougandaise Geoffrey Oryema, compositeur avec Tonton David et Manu Katché, de la musique du film Un Indien dans la ville, est décédé vendredi 22 juin à Lorient à l'âge de 65 ans, a annoncé sa compagne à l'AFP.

L'artiste, installé en France depuis une quarantaine d'années et qui avait obtenu la nationalité française, est décédé des suites d'un cancer, selon la même source. Né à Soroti, l'auteur-chanteur-compositeur était le fils d'un ancien ministre de Milton Obote contraint de rester à son poste par le dictateur Idi Amin Dada. Il est arrivé clandestinement en France en 1977 après l'assassinat de son père.

"Je ne pourrais plus vivre ailleurs qu'en France, avait confié à l'AFP en 2002 le musicien à l'allure imposante, ce pays m'a tendu les deux bras".

Soutenu par Peter Gabriel

Sa carrière avait été soutenue dans les années 90 par Peter Gabriel, qui lui avait fait enregistrer son premier album Exile, dans ses studios Real World en Angleterre, a rappelé sa compagne. Ses deux albums suivants avaient été enregistrés dans ce même studio.

Anglophone, il s'était mis au français et avait écrit des chansons dans cette langue, enregistrant en 1996 un duo avec Alain Souchon (Bye bye lady Dame). L'une de ses chansons Yé lé lé avait été choisie par Michel Field pour le générique de son émission Le Cercle de minuit. Ce morceau avec son chant poignant et mélancolique était devenu l'une de ses œuvres les plus connues.

Il avait remporté en 1996 une Victoire de la musique alors qu'il faisait partie du groupe KOD (Manu Katché, Oryema, Tonton David) pour sa participation à la bande originale d'Un indien dans la villefilm d'Hervé Palud.

"Un grand humaniste"

Si l'influence de son pays était sensible dans des mélodies habillées par le lukeme ou sanza, petit piano à pouce, Oryema revendiquait volontiers par ailleurs l'héritage du rock. Son dernier album From the heart était sorti dans les bacs en 2012.

"C'était un grand humaniste. Il a donné son nom et son soutien en 2016-2017 à un centre d'hébergement pour demandeurs d'asile à Bobigny", a rappelé sa compagne Régine Martz.

Le musicien s'est aussi beaucoup impliqué contre l'enrôlement des enfants dans les luttes armées. A ce titre, il a été invité à deux reprises à l'ONU à New York.

Une cérémonie religieuse devrait avoir lieu vendredi ou samedi prochain à Plomeur (Finistère), où il résidait. Ses cendres seront ensuite dispersées à Anaka en Ouganda, terre de ses ancêtres dans le nord de l'Ouganda qu'il évoque dans sa chanson Land of Anaka.
J.L. avec AFP