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Maggie Rogers, l'anti-star américaine qui a séduit Pharrell Williams, sort un premier album très attendu

Maggie Rogers

Maggie Rogers - Capture d'écran YouTube - Maggie Rogers

Heard it in a Past Life, premier album de Maggie Rogers, est disponible ce vendredi. Un disque attendu depuis trois ans par les fans de la sensation électro-folk. Le délai nécessaire pour apprivoiser sa soudaine notoriété.

Il aura fallu trois ans pour que Maggie Rogers, révélée en 2016, élabore son premier album. C’est désormais chose faite: Heard it in a Past Life, coup d’essai composé de 13 morceaux, débarque ce vendredi chez les disquaires.

Si l’Américaine de 24 ans n’en est qu’à son premier album, sa voix n'est pas inconnue. Après avoir séduit Pharrell Williams, l’artiste a conquis le Web avec le clip d’Alaska, son premier morceau devenu viral sur YouTube - plus de 11 millions de vues. Ont suivi plusieurs titres, (Dog Years, On + Off) qui ont tous connu le même succès, puis un EP de cinq titres, Now That The Light is Fading, en 2017. Retour sur le jeune parcours d’une chanteuse qui a décidé de prendre son temps.

Coup de pouce d'un roi de la musique

C’est en allant en cours que Maggie Rogers a vu sa carrière démarrer. Originaire du Maryland, l’étudiante en musique à l’Université de New York se rend à une master class avec Pharrell Williams, venu écouter les productions de quelques étudiants. Le producteur, l'un des plus influents de la scène pop actuelle, prend place dans un studio et les aspirants chanteurs se succèdent avec leurs enregistrements. Lorsque vient le tour de Maggie Rogers (à partir de 18'22'' dans la vidéo ci-dessous), l’atmosphère se transforme.

L’interprète de Get Lucky, écoute avec attention et ne cache pas son étonnement, lâchant simplement un "Wouaouh", après la dernière note. "Je n’ai aucun commentaire là-dessus". La jeune Maggie, qui triturait ses mains et fixait le sol depuis le lancement de la piste, est sans voix.

C’est pourtant cette voix qui fait l’une de ses principales caractéristiques. Sans jamais forcer, elle oscille avec grâce entre graves et puissants aigus, posés sur des morceaux électro-pop folk et aériens. Un peu comme si Joni Mitchell rencontrait les arrangeurs des derniers albums de Taylor Swift (dont elle a d’ailleurs repris le tout premier tube).

Quand le Web s'en mêle 

L’échange avec Pharrell Williams devient viral sur YouTube. L'après-buzz, Maggie Rogers le gère toute seule: "Je ne l’ai vraiment vu qu’une fois. Nous ne sommes pas en contact. C’était mon unique interaction avec lui", confiait-elle en janvier 2017 à NME. En octobre 2016 sort le clip d’Alaska, la chanson qu’elle avait présentée au producteur. En jean et t-shirt, cheveux détachés, la jeune chanteuse y danse dans la forêt. Elle promène désormais son look normcore sur les plateaux télé les plus en vue. 

Avant que le Web ne la propulse sur le devant de la scène, Maggie Rogers a fait ses armes seule. Selon NME, elle a écrit sa première chanson à 12 ans et appris le banjo durant son adolescence. RTL Girls rapporte également qu’elle a vécu quelques mois dans le Marais, dans le cadre d’un échange universitaire. Elle vit en France une expérience qu’elle qualifie de "spirituelle" avec la musique électronique, et qui vient teinter d'une couleur plus moderne ses sensibilités acoustiques.

Perfectionnisme, patience et peur du succès

Pourquoi, alors, avoir attendu tant de temps avant de sortir son premier album (après deux disques auto-produits à 17 et 20 ans, d’après le magazine Coup de Main)? Parce que Maggie Rogers est une perfectionniste: "J’ai pris mon temps (…) parce que je voulais que (cet album) corresponde exactement à ce que je voulais dire", confiait-elle en octobre à Beats 1. Aussi parce qu’elle avait peur, et qu’elle a décidé d’être très honnête à ce propos. Dans Light On, morceau propulsé en tête du classement Billboard de musique alternative, elle chante ses angoisses face à la "vague" de célébrité qui l’a presque terrassée, à peine sortie de la fac :

"Je ne pouvais pas arrêter, j’essayais de ralentir tout ça / Je pleurais dans la salle de bain en essayant de comprendre / Avec tout le monde autour de moi qui me disait 'Tu dois être tellement heureuse aujourd’hui'."

Finalement, c’est la musique qui a remporté la bataille: "Lorsque j’ai terminé l’album, je me suis rendu compte que je choisissais activement cette chose qui m’a tellement terrifiée pendant si longtemps", raconte-t-elle à Coup de Main. "L’industrie musicale m’a trouvée très rapidement, c’était terrifiant et je me suis sentie vraiment dépassée et angoissée. Mais j’adore (la musique). Cet album, c’est moi qui dis 'D'accord, ça me fait peur, mais je choisis ce chemin-là, et je veux faire ça'."

L’avenir dira si le public répond aussi favorablement à ce premier disque qu’à ses premiers morceaux. Mais 2019 se présente déjà bien: YouTube en a fait sa première Artist on the Rise de l’année et elle doit se produire au très prisé festival californien de Coachella. "Si vous gardez la lumière allumée, je garderai la lumière allumée", chante-t-elle à l'adresse de ses fans dans Light On. Le rendez-vous est pris.

Benjamin Pierret