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Lalo Schifrin, compositeur culte de musique de films, retrouve la France

Le compositeur Lalo Schifrin à Los Angeles en 2014

Le compositeur Lalo Schifrin à Los Angeles en 2014 - Alberto E. Rodriguez - Getty Images North America - AFP

Le compositeur argentin, à qui l'on doit les musiques de Mission Impossible, L'inspecteur Harry ou Bullit, est à l'honneur toute cette semaine en France.

"Ca va être un flash back", confie l'Argentin Lalo Schifrin, compositeur culte de la musique de "Mission impossible" honoré toute la semaine en France. Les dix premières notes du thème principal du feuilleton Mission Impossible, jouées sur un rythme audacieux en 5/4, ont rendu mondialement connu Lalo Schifrin, aujourd'hui âgé de 84 ans et vivant à Los Angeles depuis les années 1960.

Cette semaine, ce pianiste-compositeur-orchestrateur ayant signé de nombreuses musiques de films pour Hollywood fait l'objet en France d'une quadruple actualité: une rétrospective à la Cinémathèque française, un hommage au Festival du cinéma et musique de film de La Baule, la publication d'un coffret chez Universal et la remise de l'insigne de Commandeur des Arts et des Lettres par la ministre de la Culture, Audrey Azoulay. 

"Je veux aller à Paris, je ne sais pas si je mérite ça, mais j'y vais pour recevoir tout ça. C'est un grand honneur et je veux le recevoir avec plaisir", a-t-il déclaré, enthousiaste, dans un français très correct, depuis sa villa de Beverly Hills.

"La culture française m'a toujours fasciné"

Paris et la France sont très chers au musicien, né en 1932 à Buenos Aires. Il y a passé quatre ans entre 1952 à 1956: le jour, il y étudiait au Conservatoire et suivait les cours d'Olivier Messiaen, qui a beaucoup influé sur son écriture; la nuit, il écumait les clubs de jazz. "Avant d'aller en France, j'ai fait mes études dans un collège où la culture française était très importante", raconte celui dont le père était premier violon dans l'Orchestre symphonique de Buenos Aires. "La culture française m'a toujours fasciné, quand j'étais enfant, mon livre préféré, c'était Les Trois Mousquetaires". 

"Alors, quand je suis arrivé là-bas, que j'ai visité Le Louvre, Notre-Dame, c'était incroyable pour moi", poursuit celui qui compare ce premier séjour en France à l'âge de vingt ans au "deuxième mouvement d'une sonate ou d'une symphonie".

La même génération que Jerry Goldsmith et John Williams

Rentré à Buenos Aires, Lalo Schifrin monte un groupe de jazz. Le trompettiste Dizzy Gillespie, en tournée, flashe sur sa musique. "Quand Dizzy me dit: 'Tu veux venir aux Etats-Unis?'. Je ne pouvais pas le croire!" Tout s'enchaîne comme dans un rêve: il devient le pianiste de Dizzy, puis l'un des jeunes loups de la musique de films pour la MGM, où il va opérer une synthèse de ses diverses influences.

"Je ne sais pas si c'était une révolution, mais avec la génération de compositeurs dont je faisais partie, Jerry Goldsmith ou John Williams, on a chacun refusé de continuer la vieille tradition de Hollywood", dit-il. 

Fort du succès de Mission impossible, diffusée pour la première fois il y a juste cinquante ans, Lalo Schifrin signera de nombreuses musiques de films d'action et d'espionnage: L'Inspecteur Harry, Bullit, Luke la main froide, Opération Dragon...

Ce sont des fresques où s'imbriquent le symphonique et le jazz, l'électronique, l'acoustique, avec l'apport des rythmes latins. Lalo Schifrin a aussi l'art de juxtaposer instruments anciens et contemporains - flûte traversière et claviers, basse électrique et violons, cloches et cuivres et de créer des ambiances sonores.

Un connaisseur des musiques populaires du monde

"Il est l'un des plus fins 'cuisiniers' des couleurs. Ses ambiances stressantes, grinçantes, sont uniques", estime le musicien français Médéric Collignon, qui reprend dans son dernier disque Moovies plusieurs de ses thèmes. "J'étais très intéressé par le contrepoint audiovisuel", note cet amoureux d'opéras. "L'opéra, c'est le film avant le film: il y a l'action, le scénario, la musique".

L'Argentin possède aussi une grande connaissance des musiques populaires du monde. "Ca m'a permis de faire la musique de Opération Dragon, où j'ai utilisé des couleurs et des caractéristiques de la musique de Chine", fait-il remarquer. Pour lui, "il n'y a pas de différence entre le jazz, Carmen de Bizet, la musique brésilienne ou le chant d'église". Il a d'ailleurs publié une suite de disques baptisée: Jazz meets the symphony.

Fabien Morin avec AFP