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Jean-Michel Jarre rend hommage à Christophe: "plus qu'un chanteur, c'était un couturier de la chanson"

Jean-Michel Jarre avait écrit les textes de deux albums majeurs de Christophe, Les Paradis Perdus et Les Mots bleus.

"Je perds un membre de ma tribu", s'est désolé auprès de l'AFP le compositeur Jean-Michel Jarre, après la mort du chanteur Christophe. Jeune parolier, il avait écrit les textes de deux albums majeurs de l'icône de la chanson française - et leurs morceaux phares - Les Paradis Perdus, en 1973 et Les Mots bleus, en 1974.

"C'est une grande tristesse. Je perds un membre de ma tribu. C'était un des plus grands chanteurs français. On pense toujours que les gens qu'on aime sont éternels, et il l'est d'une certaine façon avec ses chansons", a indiqué Jarre.

Le compositeur s'est désolé de ne pas pouvoir "lui dire au revoir à cause de ce putain de virus" - même si la veuve de Christophe, Véronique Bevilacqua, n'a jamais fait mention du Covid-19 dans ses communiqués et, interrogée au téléphone par l'AFP, a tenu à insister sur sa mort des suites d'une "emphysème", une maladie pulmonaire.

"C'est absurde, il est parti à Brest (où il était hospitalisé, ndlr)... Je n'ai rien contre cette ville, mais ce n'était pas lui, pas son histoire. Lui c'était la Méditerranée, il faisait du bateau. C'était Tanger". 

"Il avait un côté Capitaine Crochet"

De Christophe, il se souvient de son "côté acteur": "Il avait ses bottes de cowboy, un côté Capitaine Crochet (rires). C'était un personnage unique. Il avait une fantaisie qu'on ne retrouve plus aujourd'hui. C'était un joueur de poker. Un joueur de pétanque aussi. Il aurait pu être un pro de la pétanque (rires). Il avait une innocence d'enfant aussi. Et il vivait confiné avant l'heure (rires)." Contacté depuis par BFMTV, Jarre se souvient également d'un "personnage très attachant avec beaucoup d’humour, un personnage hors norme dans un monde très normalisé".

Il se remémore aussi dans l'AFP des "nuits en studio, pendant 3-4 mois, à la recherche du son ultime": "C'était plus qu'un chanteur, c'était un couturier de la chanson. Il avait aussi un rapport unique au langage, si vous avez parlé avec lui, vous avez entendu ce côté saccadé, ces silences.... J'avais vraiment écrit Les Mots Bleus en pensant à ça, c'est tellement lui. Les chansons pour lui étaient comme des biographies fantasmées." 

Jean-Michel Jarre a vu pour la dernière fois Christophe en décembre dernier: "Il préparait son concert au Grand Rex à Paris, où il devait jouer fin mars. Il m'avait vendu deux chaises de studio, en me disant 'j'te fais un prix' (rires). C'était un chineur, aussi."

Jérôme Lachasse avec AFP