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Hatari, groupe SM et pro-palestinien représentera l'Islande à l'Eurovision 

Klemens Hannigan, Matthías Haraldsson et Einar Stefánsson

Klemens Hannigan, Matthías Haraldsson et Einar Stefánsson - Capture d'écran Instagram - @hatridmunsigra

Les trois membres du groupe islandais sélectionné pour l'Eurovision prévoient une prestation très politique en faveur de la cause palestinienne. Ils ont même invité le Premier ministre israélien à les affronter lors d'un combat de lutte.

"La haine va prévaloir". C'est ce que signifie Hatrið Mun Sigra, le titre de la chanson que défendra le groupe islandais Hatari à l'Eurovision 2019 à Tel Aviv. L'affirmation correspond bien à l'état d'esprit des trois musiciens, très remontés contre la politique israélienne, ils ont d'ores et déjà annoncé une prestation très engagée contre le Premier ministre Benyamin Netanyahu

C'est en remportant le concours annuel Söngvakeppnin, samedi soir, que Hatari a gagné son ticket pour le télé-crochet international dont la finale se tiendra le 18 mai prochain en Israël. Comme en attestent leurs costumes faits de cuir, de piques, ils se présentent comme une formation BDSM (comprendre: bondage, discipline, sado-masochisme). 

En faveur du boycott

Des semaines avant leur victoire, Klemens Hannigan, Matthías Haraldsson et Einar Stefánsson avaient annoncé la couleur: d'après Times of Israel, les trois garçons ont évoqué leurs sensibilités pro-palestiniennes dès le mois de février lors d'une interview avec le journal islandais Stundin. Le groupe a évoqué son identification au peuple palestinien et estimé qu'il avait le devoir d'utiliser la plateforme qu'est la scène de l'Eurovision pour diffuser son message. Selon le média israélien, ils prévoient de s'exprimer en faveur de la cause palestinienne sur scène. 

The Times of Israel rappelle par ailleurs que l'Eurovision interdit les déclarations politiques, et qu'ils pourraient être disqualifiés:

"Peut-être que nous seront retirés de la compétition, mais ce serait tout aussi révélateur que n'importe quelle prise de position que nous pouvons imaginer faire sur scène", ont-ils confié à Stundin, dans des propos rapportés par le média israélien. 

D'après Haaretz, ils étaient même en faveur d'un boycott du concours par l'Islande. Une pétition en ce sens avait récolté 8.000 signatures en mai dernier. Les autorités avaient rapidement réagi en réaffirmant la participation du pays au concours. 

Combat à mains nues

Ultime provocation: Hatari a invité Benyamin Netanyahu à les affronter lors d'un match de glima, une forme de lutte scandinave. Comme le rapporte The Reykjavik Grapevine, l'appel à été lancé début février à la radio par le biais d'un porte-parole resté anonyme:

"Nous, les membres d'Hatari, vous défions pour un match amical de (...) glima. Cette rencontre aura lieu sur la place Magen David de Tel Aviv le 19 mai, à l'heure que vous souhaitez."

Pour pimenter la compétition, Hatari propose des gains. S'ils remportent le match, ils souhaitent créer leur propre colonie au sein des frontières israéliennes. En cas de défaite, ils proposent d'offrir au chef d'État israélien le contrôle politique et économique de Vestmannaeyjar, une commune du sud de l'Islande. 

D'une polémique à l'autre

Avant d'investir la scène de l'Eurovision, Hatari devra s'imposer lors de la demi-finale du concours qui aura lieu le 16 mai. Haaretz note également que les paroles de leur chanson prédisent la chute de l'Europe: "L'Europe va s'effondrer / Un tissu de mensonges / S'élèvera des cendres / unis comme une seule entité".

Cette nouvelle polémique autour du concours vient s'ajouter à une liste déjà longue de controverses. Avec plusieurs appels au boycott dans divers pays d'Europe, le forfait de l'Ukraine ou encore les critiques de Matteo Salvini à l'encontre du candidat italien Mahmood, ce cru 2019 s'annonce particulièrement politisé.

Benjamin Pierret