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En concert en Suède, Bob Dylan va-t-il enfin venir chercher l'argent accompagnant son prix Nobel?

Bob Dylan lors d'un concert à Shanghai en 2011.

Bob Dylan lors d'un concert à Shanghai en 2011. - Philippe Lopez - AFP

Le chanteur américain de 75 ans n'a toujours pas récupéré son prix Nobel de Littérature, ni le chèque de 839.000 euros qui l'accompagne.

Viendra? Viendra pas? L'Académie suédoise a beau tambouriner à la porte de Bob Dylan, le troubadour fait la sourde oreille depuis l'annonce de son Nobel de littérature alors qu'il lui reste peu de temps pour empocher l'argent du prix. Âgé de 75 ans, le chanteur américain doit donner deux concerts à Stockholm les 1er et 2 avril et un à Lund, le 9 avril. L'occasion rêvée pour les académiciens de le recevoir dans leurs augustes murs et lui remettre, outre une médaille et un diplôme, le chèque de huit millions de couronnes (839.000 euros) accompagnant chaque prix.

La tradition exige que le lauréat offre à ses bienfaiteurs un discours de réception, aussi appelé "la leçon Nobel", laquelle peut prendre n'importe quelle forme, notamment une vidéo ou une chanson. Et cette leçon doit se tenir dans les six mois qui suivent la cérémonie de remise des prix du 10 décembre, qu'avait boudée Dylan. Fan absolue qui n'a fait nul mystère d'avoir pesé de façon décisive dans son couronnement controversé, la secrétaire perpétuelle de l'Académie suédoise, Sara Danius, semble désormais agacée.

"Nous n'avons eu aucune conversation téléphonique avec Bob Dylan au cours des derniers mois. Dylan a toutefois conscience qu'une leçon Nobel doit être faite le 10 juin au plus tard pour obtenir le paiement", a-t-elle sèchement écrit sur son blog lundi. "Ce qu'il décide, c'est son problème", a-t-elle ajouté.

"Impoli et arrogant"

Aux amoureux déçus, Dylan avait lui-même écrit ces quelques mots d'avertissement en 1966 : "Celui qui écoute mes chansons ne me doit rien". S'il manque aux usages, le lauréat d'un Nobel risque de perdre le généreux pécule, même si son nom reste éternellement gravé dans le marbre des Nobel. "En ce qui concerne l'Académie suédoise, c'est absolument certain que le lauréat du prix Nobel de littérature est Bob Dylan et personne d'autre", a rappelé Sara Danius.

Bob Dylan avait décliné la traditionnelle invitation à la cérémonie du 10 décembre, prétextant "d'autres engagements". Un académicien, Per Wästberg, l'avait qualifié de personnage "impoli et arrogant", tandis que Sara Danius continuait de le défendre. Le chanteur avait finalement envoyé un discours de remerciements où il confiait son étonnement de voir son nom aux côtés de ceux d'auteurs comme Rudyard Kipling, Albert Camus ou Ernest Hemingway.

"Si jamais quelqu'un m'avait dit que j'avais la moindre chance de gagner le prix Nobel, j'aurais pensé que mes chances étaient aussi grandes que d'être sur la lune", écrivait-il dans ce texte lu par l'ambassadrice des États-Unis en Suède à l'issue du fastueux banquet de Stockholm.

"Pas sa tasse de thé..."

Maria Schottenius, critique littéraire de l'influent quotidien Dagens Nyheter, estime que l'académie n'a qu'à s'en prendre qu'à elle-même. L'attribution du Nobel à un chanteur, aux dépens de grands écrivains ou poètes, "a été un mauvais calcul", a-t-elle déclaré. Pour autant, l'apparente indifférence de Bob Dylan n'est en aucune manière une marque de mépris. L'homme du Minnesota n'est simplement pas friand de diadèmes et de grandes orgues, selon elle.

"Un prix remis des mains du roi, le frac, la plus belle fête au monde et un long et ennuyeux dîner retransmis à la télévision, prononcer un discours de remerciements: pas sa tasse de thé", croit savoir la critique.

La mini-tournée suédoise de Dylan coïncide avec la sortie de son nouveau disque, une compilation de reprises de Frank Sinatra, la troisième d'affilée, cette fois en triple album. Triplicate sera le 38e album studio du pape de la musique folk américaine, mais le premier en format triple, et sortira le 31 mars. Le dernier album de Bob Dylan comprenant des titres originaux et de sa composation, Tempest, a été publié en 2012.

F.M. avec AFP