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Comment PNL entretient le mystère

Les frères N.O.S. et Ademo, du groupe PNL, dans le clip "J'Suis QLF".

Les frères N.O.S. et Ademo, du groupe PNL, dans le clip "J'Suis QLF". - Capture d'écran - Clip "J'Suis QLF" - PNLMusik - Youtube

Le groupe PNL, qui sort un nouvel album ce vendredi, entretient plus que jamais le mystère, privilégiant les réseaux sociaux aux médias.

Toujours planant et plus mystérieux que jamais, le groupe de rap PNL est de retour ce vendredi avec un nouvel album intitulé Dans la légende. La légende, les deux rappeurs y sont déjà entrés avec leurs deux précédents opus, Que la famille, en mars 2015 et Le Monde Chico en octobre 2015.

Sur YouTube les vues se comptent en millions - plus de 200 au total -, les ventes s'envolent - un disque d'or -, et les critiques de musique sont dithyrambiques. Le titre de leur chanson Le monde ou rien a même été l'un des slogans des manifestants de Nuit debout et des lycéens qui ont défilé contre la loi Travail. PNL est un véritable phénomène, un mélange inédit dans le rap français de mélodies ultra-planantes, de punchlines ciselées sur vocoder à outrance. Leurs clips très léchés ont une esthétique reconnaissable en un coup d'oeil.

Aucune interview

Pourtant, PNL pour Peace N'Lovés, deux frères issus des Tarterêts à Corbeil-Essonne, se la jouent un peu Daft Punk du rap. D'eux on ne sait quasiment rien, si ce n'est ce qu'ils livrent dans leurs morceaux. Des bribes d'histoire, vraies ou non.

N.O.S et Ademo, pseudonymes de Nabil et Tarik, montrent certes leur visage dans leurs clips, mais ils n'accordent aucune interview aux médias, ne participent à aucune émission. Le Monde, Libération, Les Inrocks... Ils snobent tous ceux qui essaient DE les interviewer. Un seul média a pu les approcher, c'est le magazine musical américain The Fader, qui leur a offert sa couverture.

"Ils préfèrent laisser parler leur musique"

La journaliste Atossa Abrahamian a ainsi pu les rencontrer et les suivre, mais a dû se contenter de les observer. Comme elle le raconte dans Le Monde: "C’était bizarre. Je me contentais d’être observatrice. Ils sont gentils, très polis, mais très mal à l’aise".

En novembre dernier, ils ont assuré la promotion de leur album sur le plateau de Planète Rap de Skyrock... sans être présents. "Le groupe n'accorde pas d'interview pour le moment, ils préfèrent laisser parler leur musique", avait expliqué l'animateur de l'émission Fred Musa, en préambule de la série de programmes qui leur était consacrée. C'est un DJ qui était venu sur le plateau mixer leurs morceaux, lors des cinq soirées spéciales, dans un décor chaque fois renouvelé, correspondant à leur univers.

Libération s'y est aussi heurté, comme l'évoque l'article "Dans la Légende, la fascination PNL": "Les droits photo sont eux aussi sous le contrôle d’un management et service marketing inflexibles, comme on peut le voir dans ces pages puisque Libé s’est cassé les dents quand il s’est agi de décrocher le droit de publier ne serait-ce qu’un seul portrait des frères, même pris lors des rares concerts ou showcase qu’ils ont pu donner".

"Défiance à l'égard des médias"

Pour Mouloud Achour, animateur du Gros Journal sur Canal+ interrogé par Le Monde, cette attitude relève d'une certaine défiance. "C’est une mentalité qui vient des quartiers, la défiance à l’égard des médias. Ils ont intérêt à continuer parce que, de fait, ils n’en ont pas besoin. Ils s’en sortent très bien sans eux."

Muets dans les médias, ils sont en revanche bien présents sur les réseaux sociaux, où ils ont teasé la sortie de leur album Dans la légende, tout l'été sur Twitter et Instagram, à grand renfort de hashtags #DansLaLegende et #16Septembre. Et puis ils ne boudent pas leur plaisir de se voir en une de Libération ce vendredi, partageant l'image sur leur compte Facebook.

Magali Rangin