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Boulevard des Airs, un nouvel album entre guitare-voix et électro façon Stromae

Sylvain Duthu et Florent Dasque, membres de Boulevard des Airs.

Sylvain Duthu et Florent Dasque, membres de Boulevard des Airs. - Cédric Nöt - Columbia

Je me dis que toi aussi est le nouvel album du groupe Boulevard des Airs, qui a cartonné en 2015 avec Bruxelles, vendu à plus de 200.000 exemplaires.

jLa chanson nous trotte dans la tête depuis juin déjà. Je me dis que toi aussi, c'est le titre du morceau, donne son nom au nouvel album de Boulevard des Airs, sorti ce vendredi. Le quatrième album de ce groupe originaire de Tarbes, couronné de succès avec Bruxelles en 2015, et son entêtant Emmène-moi, déroutera peut-être les fans de la première heure.

"Certains vont dire, 'c'est devenu bizarre'"

Onze titres joyeusement éclectiques s'enchaînent mêlant guitare sèche et voix, mais aussi des accents plus électro et même de l'autotune.

"On ne voulait pas se caricaturer, mais on voulait se montrer tels qu'on est, souligne le chanteur Sylvain Duthu. Ce n'est pas anodin, c'est une prise de risque. Certains vont dire 'c'est devenu bizarre', d'autres 'c'est de mieux en mieux', et d'autres qui ne connaissaient pas vont découvrir. On ne voulait pas essayer de faire un Bruxelles bis, on voulait se faire plaisir."

Je me dis que toi aussi chante les désillusions d'une génération engluée dans le consumérisme ("Quand j'aurai ci je serai mieux, quand j'aurai ça je serai heureux"), un peu perdue aussi ("Je ne suis pas sans colères, sans combats, je ne sais pas quoi en faire"). C'est "l'album d'une génération trentenaire qui se remet en question", analyse Sylvain Duthu.

L'écoute de l'album révèle de nombreuses influences. Impossible de ne pas penser à Stromae, par exemple, sur certains morceaux (Tout le temps, Tellement banal). Lionel Capouillez, qui a mixé Racine Carrée pour le chanteur belge, a collaboré avec le groupe.

"C'est vrai que Stromae est une influence qu'on ne va pas renier, et qu'on assume totalement. Dans l'arbre généalogique de la chanson, on est un peu dans la lignée", souligne Sylvain Duthu de sa voix douce. "On s'est dit que tant qu'à faire, on aimerait bosser avec celui avec qui il a fait ses albums et ses tournées, et on a demandé à Lionel".

Rap, électro et variété à l'ancienne

Vald, Damso, Lomepal, Eddy de Pretto, mais aussi "des trucs à l'ancienne en variété française", de la musique électronique, des morceaux les plus confidentiels aux plus commerciaux se côtoient dans leur panthéon personnel. C'est en référence à leur goût pour le rap qu'ils ont glissé de l'autotune dans l'album, sur La vie est une fête. "L'autotune est souvent mal vu, regrette Florent Dasque, parce que les gens pensent de la triche".

Les discrets trentenaires se sont rencontrés au lycée Marie Curie à Tarbes, il y a 15 ans. "On était tous dans le même lycée, les quatre membres fondateurs, Florent Dasque et son frère Jean-Noël, mais aussi le bassiste, qui s'appelle Laurent Garnier", raconte Sylvain Duthu.

Solfège, piano, orchestre de village émaillent leur parcours de jeunes musiciens. Des fêtes de la musique à Tarbes, aux salles des bars à Toulouse, le groupe se hisse ensuite dans des premières parties (Tryo, à Bercy) et les petits festivals.

"On a grandi petit à petit"

"En 2008, on décide de manière symbolique d'en faire notre métier. On avait 20 ans", se souvient Sylvain Duthu En bons fils, il finissent d'abord leurs études: Science Po, Psychologie, Langues étrangères appliquées, ou musicologie-accordeur de piano. "C'est aussi ça qui est intéressant dans le groupe et qui fait que c'est si éclectique et riche, c'est qu'on a des profils différents", souligne Sylvain Duthu.

"On ne voulait pas quitter nos études tant qu'il n'y avait pas quelque chose de concret qui se présentait, assure Florent Dasque. En 2011, c'est ce titre qui a été largement médiatisé (ndlr San Clemente) qui a permis d'avoir des demandes de concerts plus régulières et de devenir intermittents. C'était la condition qu'il fallait absolument remplir pour imaginer lâcher les études".

Leur premier album Paris-Buenos Aires sort en 2011. Il est suivi de Les Appareuses Trompences, deux ans plus tard. Avant d'exploser avec Bruxelles, vendu à 200.000 exemplaires. Sans que cela ne bouscule leur sérénité.

"On a grandi petit à petit. On a eu l'impression de pouvoir digérer les étapes", assure Florent Dasque.

Le groupe né sur scène a été nommé dès 2013 aux Victoires de la musique dans la catégorie Révélation scène. "Quand on joue en live devant les gens, on se dit que c'est pour ça qu'on a fait ça". Ils repartiront en tournée fin 2019 et début 2020.

Magali Rangin