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Bertrand Cantat: un concert sous haute tension au Zénith de Paris

La tournée de Bertrand Cantat suscite la polémique

La tournée de Bertrand Cantat suscite la polémique - Pascal Guyot / AFP

Un rassemblement contre le chanteur est organisé à 19h devant le Zénith, à l'appel de l'association "Osez le féminisme".

Les fans de Bertrand Cantat seront au rendez-vous, les défenseurs des droits de femmes aussi. L'ex-chanteur de Noir Désir, condamné pour la mort de Marie Trintignant en 2003, donne ce jeudi soir au Zénith son unique concert parisien, temps fort d'une tournée en solo sous tension.

"Cantat a-t-il le droit de chanter?", s'interroge L'Obs en une ce jeudi, relayant une question qui poursuit le chanteur reparti sur les routes en mars.

Comme avant plusieurs concerts de cette tournée marquée par des annulations et reports, un rassemblement de ceux s'indignant de son retour sur scène est organisé à 19h devant le Zénith, à l'appel de l'association "Osez le féminisme".

"Tant que Bertrand Cantat n'exprime pas publiquement des regrets, c'est pour nous d'une indécence insupportable de lire son nom au fronton d'une salle de spectacles", affirme le réseau "Encore féministes!, associé à ce rassemblement.

Un appel similaire avait conduit l'Olympia à annuler les deux concerts prévus fin mai, par crainte de "risques sérieux de troubles à l'ordre public". Quinze ans après la mort sous ses coups de l'actrice à Vilnius, le chanteur, qui avait rempli les salles en 2014 avec son groupe Détroit, a vu la pression s'intensifier autour de sa tournée, la première sous son seul nom.

Pas de festivals d'été

Les premiers concerts ont déchaîné les passions, avec manifestations devant les salles et invectives. A Grenoble mi-mars, il avait été accueilli aux cris d'"assassin!". S'en était suivi un échange tendu avec des manifestants. 

Face à cette mobilisation, Bertrand Cantat a renoncé aux festivals d'été. Sur scène, comme encore mardi 5 juin à Nantes, le chanteur de 54 ans se montre sobre, se contentant de remercier et laissant volontiers la parole à son acolyte Pascal Humbert. Aucune information n'a été communiquée sur le nombre de billets vendus, mais le Zénith, d'une capacité de 6.000 places, ne devrait pas faire le plein. 

"Je n'ai aucune raison juridique d'empêcher Bertrand Cantat de chanter. Si je le faisais, son producteur pourrait très bien attaquer", explique pour sa part à l'AFP Daniel Colling, le patron du Zénith. 

"C'est un monsieur qui a fait un acte condamnable, qui a été condamné, qui a fait de la prison. Les festivals, c'était une question plus délicate, mais ici les gens achètent leur place pour venir le voir", ajoute celui qui, en tant que responsable du Printemps de Bourges, avait notamment tenu à programmer le rappeur Orelsan quand d'autres festivals y avaient renoncé en 2009 en raison d'une polémique sur certains textes jugés misogynes. 

Concerts jusqu'en décembre

Le Zénith sera vigilant, précise Daniel Colling, mais ne prévoit pas de renforcer "à outrance" son service d'ordre en dépit de la manifestation.

Bertrand Cantat a été condamné à huit ans de prison en Lituanie pour coups mortels sur Marie Trintignant. Transféré en France, il a été libéré en 2007 après avoir purgé plus de la moitié de sa peine.

La justice bordelaise a confirmé cette semaine effectuer de nouvelles vérifications sur un autre dossier, le suicide de son ex-femme en 2010, tout en précisant que cela ne devrait pas "remettre en question" les premières conclusions qui avaient mis hors de cause le chanteur.

Sa tournée se poursuivra samedi à Lille et dimanche à Bruxelles, avant deux concerts en fin d'année à Pau puis Bordeaux les 20 et 21 décembre.

J.L. avec AFP