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Avec Revival, le rap d'Eminem devient politique et cible l'Amérique de Trump

Eminem à Los Angeles le 13 avril 2014

Eminem à Los Angeles le 13 avril 2014 - Christopher Polk - Getty Images North America - AFP

Avec Revival, son neuvième album, le rappeur américain montre une nouvelle facette: celle d'un artiste engagé politiquement, et alarmé sur le sort de son pays.

Autrefois controversé pour ses propos misogynes et homophobes, Eminem revient avec un neuvième album, Revival, où il s'érige en conscience morale dans l'Amérique de Trump qu'il abhorre. Et pour l'occasion, le chanteur, qui a vendu le plus de disques de l'histoire du rap, s'est entouré d'une brochette de stars de la pop (Beyoncé, Alicia Keys, Ed Sheeran et Pink).

Agé de 45 ans, celui qui se surnommait "Slim Shady" dévoile alors une nouvelle facette, celle d'un chanteur engagé politiquement et alarmé par le sort de son pays, un an après l'élection de Donald Trump qu'il n'hésite pas à comparer à Hitler. "Il essaie de nous diviser", scande le rappeur, représentant d'une classe défavorisée qui a massivement voté pour Trump, promettant qu'à la fin, "il va réussir à nous unir".

Dans Framed, c'est à la fille et conseillère du président qu'Eminem s'en prend, au risque de créer la polémique: connu pour ses paroles violentes à l'encontre de la gente féminine, il imagine Ivanka Trump retrouvée morte dans le coffre de sa voiture.

Entre flow nerveux et beats

Longtemps très discret sur la politique, le rappeur est sorti de son silence à l'automne dans une long rap nerveux où, capuche sur la tête, il accusait Donald Trump de racisme et d'incompétence. Visiblement remonté, il a ensuite demandé à ses fans de choisir entre lui et le 45e président des Etats-Unis.

Connu pour son style acerbe et brut, il déroute avec un premier titre Walk on water, une ballade rythmée dans sa quasi-intégralité par les notes d'un piano et bercée par la voix suave de Beyoncé. "Est-ce que ça va juste être un nouveau faux pas/Qui viendra ternir le peu d'héritage, d'amour ou de respect que j'ai pu amasser", se demande Eminem dans la chanson, analysant son parcours et tentant de décrypter sa personnalité.

A la fin du morceau, il revient au rap plus cadencé qu'on lui connaît et évoque sur un ton sarcastique le titre Stan, son plus grand tube sorti au début des années 2000.

Entre flow nerveux et beats, Eminem arpente des territoires plus connus sur les autres titres de l'album - 19 au total - comme Believe et Chloraseptic, où il fait appel au rappeur Phresher de la scène new-yorkaise. Il sample deux classiques rock: I Love Rock'n Roll de Joan Jett and the Blackhearts (sur Remind me) et Zombie des Cranberries (sur In your head).

La fin de l'étalage de sa vie privée

Sur Untouchable, il reprend les slogans du mouvement Black Lives Matter, qui dénonce les violences policières contre les Noirs aux Etats-Unis. 

"Je reconnais que ce fut parfois embarrassant d'être blanc", rappe-t-il en apportant son soutien au joueur de football américain Colin Kaepernick, quaterback qui a lancé en 2016 un boycott de l'hymne national en mettant un genou à terre pour dénoncer les injustices raciales.

Enfin, Marshall Mathers, son vrai nom, revient sur sa vie privée mouvementée dans Bad husband, où il présente ses excuses à son amour de jeunesse, Kim, qu'il a épousée à deux reprises et dont il a divorcé autant de fois. Leur fille Hailie, bientôt 22 ans, a servi d'inspiration pour un des titres les plus forts de l'album, Castle, où il reprend des lettres qu'il lui a adressées.
Conscient d'avoir souvent déballé son linge sale en public, le rappeur promet qu'il en a "fini à 100%" avec l'étalage de sa vie privée. Dont acte. 

N.B. avec AFP