BFMTV
Musique

Angèle sort son premier album, Brol, reflet de la génération Y

La chanteuse Angèle dans son clip "Je veux tes yeux"

La chanteuse Angèle dans son clip "Je veux tes yeux" - Capture d'écran

Relations amoureuses 2.0, Instagram, flemme et "Balance ton porc": dans Brol, son tout premier album sorti ce vendredi, la chanteuse belge aborde les sujets qui parlent de sa génération.

Angèle, c'est le dernier phénomène musical auquel vous n'échapperez pas. La chanteuse de 22 ans sort ce vendredi son tout premier album, Brol. Un nom curieux tiré de l'argot belge (elle est originaire de la banlieue sud de Bruxelles), qui signifie "bazar".

"Le Brol représente symboliquement les thèmes abordés dans les chansons; la flemme, la jalousie, la loi de Murphy, la comparaison, la frustration, le sexisme, la peur, l'angoisse... Ces sujets là sont des brols, parfois on aimerait s'en séparer mais on y arrive pas, sans trop savoir pourquoi", explique la jeune artiste sur son compte Instagram.

Course aux likes et harcèlement de rue

Un disque qui est avant tout le reflet d'une génération née après 1990 et biberonnée aux réseaux sociaux. Course aux likes, drague Tinder, harcèlement de rue.... tous ces sujets y sont abordés avec second degré et une voix angélique.

"Connecté en ligne, mais pas à moi / J'attends ton signe, j'crois qu'y en a pas / J'ai vu que t'as vu, tu réponds pas / Alors j'attends, toujours j'attends", lance-t-elle dans Je veux tes yeux, comme un écho à celles et ceux qui ont un jour été laissés en "vu" sur Messenger.

Elle se fait aussi chantre d'un féminisme moderne pour qui "il faudrait peut-être casser les codes", comme elle le chante dans Balance ton quoi. "Les gens me disent à demi-mots 'pour une fille belle t'es pas si belle/ Pour une fille drôle t'es pas si laide", susurre-t-elle dans le refrain pop. Elle enchaîne de sa voix sucrée "Laisse-moi te chanter d'aller te faire enmmmmm".

L'autodérision avant tout

Ce disque très attendu par les fans de l'artiste se compose de 12 titres, dont déjà 4 tubes: La thune, La loi de Murphy, Jalousie et Je veux tes yeux, qui cumulent à eux seuls 25 millions de vues sur Youtube en tout juste un an. Normal, quand on sait qu'Angèle a un don tout particulier pour appuyer mélodieusement là où ça fait mal. Son point fort? Ironiser en musique sur des thèmes modernes qui semblent s'adresser directement à celles et ceux qui l'écoutent.

Dans La thune, elle moque la tendance de partager chaque instant de sa vie sur Instagram, des influenceurs prêts à tout pour gagner de l'argent, ou encore de la solitude face à l'écran de son smartphone. Un titre qui s'accompagne d'un clip léché dans lequel elle joue une criminelle que ses victimes ne peuvent s'empêcher de filmer, et de partager avec hystérie sur les réseaux.

"Tout le monde il veut seulement la fame
Et seulement ça, ça les fait bouger
Bouger leur culs le temps d'un verre
Photo sur Insta', c'est obligé
Sinon, au fond, à quoi ça sert?
Si c'est même pas pour leur montrer", chante-t-elle.

Un titre plein d'autodérision, puisque son compte Intagram, 456.000 abonnés au compteur, a été un vrai tremplin à sa carrière: c'est là qu'elle a commencé à se créer une communauté de fans, par le biais de courtes vidéos de reprises ou de clips humoristiques. 

Une nouvelle vie, pour le meilleur comme pour le pire

Balance ton quoi, deuxième piste de Brol, ne pourrait être plus d'actualité: l'artiste y plonge tête la première dans le mouvement #MeToo et aborde la question du harcèlement sexuel. "Un jour peut-être ça changera / Y a plus d'respect dans la rue / Tu sais très bien quand t'abuses / Balance ton quoi", entonne-t-elle.

Angèle, nouvelle d'ambassadrice de la génération Y? Cela reste à voir car pour l'instant, la jeune femme semble à peine mesurer l'étendue de son succès. La petite soeur du rappeur à succès Roméo Elvis (avec qui elle s'offre un featuring sur le morceau Tout oublier), y va à tâtons et commence tout juste à réaliser ce qui lui arrive.

"En un an, ma vie a complètement changé", a-t-elle confié au micro de BFMTV. "C'est beaucoup d'angoisse, et c'est bizarre d'avoir le regard d'autant de personnes qui change dans ton entourage, des gens dans la rue qui te reconnaissent... C'est tout nouveau, je ne sais pas si c'est bien ou mal, mais en tout c'est nouveau".
Nawal Bonnefoy