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Alain Souchon: "La vie est plus difficile d'un côté du périph' que de l'autre"

Alain Souchon revient ce vendredi avec son premier album studio depuis onze ans, Ame fifties.

Onze ans qu'on ne l'avait pas croisé dans les bacs. Alain Souchon est de retour ce vendredi avec son nouvel disque, Ame fifties, son 15e album studio. Un album où la nostalgie de la jeunesse (et des cheveux) perdus, se mêle à un engagement toujours présent mais plus nuancé.

Evoquant la France d'aujourd'hui, qu'il chante dans cet album, il confie ainsi à BFMTV: "C'est assez triste, je trouve, c'est violent. Il me semble que les hommes ont toujours été fous. Mais là c'est violent. Ca se ressent quand on conduit. On ressent de la violence. Plus qu'avant. C'est beaucoup plus violent que quand j'ai commencé à conduire."

"On ne peut rien faire mais c'est triste"

Une des chansons de son nouvel album s'intitule Un terrain en pente et évoque, entre autres, les délocalisations. "Je vois au bord de l'Eure, une usine qu'on vend/Et des hommes qui pleurent devant". 

"C'est terrible, beaucoup de gens sont au chômage, commente Alain Souchon. Beaucoup de gens désirent travailler et n'y arrivent pas. Les usines qu'on vend, qui sont délocalisées en Bulgarie, et les mecs qui restent sur le carreau. On voit bien tout ça. On ne peut rien faire, mais c'est triste." 

Evoquant le mouvement des gilets jaunes, le chanteur lâche: "Il m'a semblé ressentir qu'ils se sentaient comme oubliés." Il ajoute "C'est vrai que la vie est plus difficile d'un côté du périphérique que de l'autre. Dans le VIIe, le VIe arrondissement, c'est plus facile de naître, que de naître dans les banlieues".

"C'est un peu cucul"

Mais il se fait fataliste lorsqu'il parle des inégalités de la société.

"Des inégalités, il y en aura toujours, et il y en a toujours eu. C'est bien que la politique essaie de compenser un peu le manque de chance". 

Sur cet album, l'engagement des chansons comme Parachute doré ("La boîte a coulé, mais pouce/On va se la couler douce"), se fait plus discret, moins direct. 

"Je me dis que peut-être ce sont des facilités, analyse le chanteur. En vieillissant je me dis qu'il faut plus suggérer les choses que de faire des chansons engagées directes. C'est un peu cucul. Ce n'est pas parce que je n'ai pas envie de me mouiller. Mais les goûts évoluent. Dans Les Cadors je chante "Le garde des sceaux, les gangstifs / C'est kif-kif", aujourd'hui je trouve ça con, parce que ce n'est pas vrai." 

Alain Souchon renouera avec la scène dès le 26 octobre prochain, et une tournée qui le mènera dans toute la France, de part et d'autre du périphérique. 

Philippe Dufreigne avec Magali Rangin