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Accusé de plagiat pour Stairway to Heaven, Led Zeppelin va au tribunal

Le groupe britannique Led Zeppelin à Londres en 2007

Le groupe britannique Led Zeppelin à Londres en 2007 - Adrian Dennis - AFP

Accusé de plagiat, le légendaire groupe de rock britannique va devoir défendre son incontournable morceau Stairway to Heaven devant un tribunal de Los Angeles, à partir de mardi.

Les accusations de plagiat n'en finissent pas de pleuvoir sur le monde de la musique. Si récemment le tube pop Sorry de Justin Bieber était la cible de réclamations, c'est au tour de la ballade rock mythique Stairway to Heaven de Led Zeppelin de faire l'objet de plaintes.

Spirit, un groupe psychédélique de Los Angeles qui a reçu un succès d'estime mais jamais une célébrité internationale comparable à celle de Led Zeppelin, affirme que la mélodie de guitare mélancolique qui ouvre ce titre est tirée de son morceau instrumental Taurus, sorti en 1968, soit trois ans avant la chanson mise en cause.

Du vol selon le guitariste de Spirit

Le guitariste de Spirit Randy Wolfe (Randy California de son nom de scène), n'a jamais engagé de poursuites avant sa mort en 1997, mais une plainte a été déposée par Michael Skidmore, qui gère son patrimoine.

"Si vous écoutez les deux chansons, vous pouvez vous faire votre propre jugement. C'est un véritable... Je dirais que c'était du vol", avait déclaré Randy California dans un magazine juste avant sa mort, des affirmations présentées dans la plainte.

"Et ces types ont gagné des millions de dollars avec et n'ont jamais dit 'merci' ou 'est-ce que je peux vous payer'? C'est un point un peu douloureux pour moi", avait-il alors ajouté.

Led Zep, première partie de Spirit en 1968

Après deux années de procédure judiciaire, un juge fédéral n'a pas décidé que la chanson avait été plagiée mais a estimé qu'il y avait assez de matière pour un procès. Le magistrat Gary Klausner a notamment souligné que les deux parties se contredisent sur un point clé: l'accès que Led Zeppelin aurait pu avoir à Taurus avant d'enregistrer Stairway to Heaven à Londres entre décembre 1970 et janvier 1971.

Led Zeppelin avait fait la première partie de Spirit pour sa performance inaugurale en Amérique, le 26 décembre 1968 à Denver, dans le Colorado. Robert Plant, Jimmy Page et le pianiste John Paul Jones (le quatrième membre de "Led Zep", le batteur John Bonham, est mort en 1980) ont soumis au tribunal une déclaration dans laquelle ils affirment ne jamais avoir eu d'interaction substantielle avec Spirit ou avoir écouté la musique du groupe.

"Plus formidable chanson du Rock"

Robert Plant et Jimmy Pages, qui ont déjà fait des dépositions filmées, sont attendus à l'ouverture du procès mardi. Ils affirment que l'ouverture de Stairway to Heaven (une séquence en la mineur) est utilisée en musique depuis des siècles et que la plainte omet le reste de la chanson, qui dure près de huit minutes.

Le juge a contesté cet argument, affirmant que les deux chansons présentent d'autres similitudes, y compris la ligne de basse. Michael Skidmore n'a pas chiffré sa demande de dommages et intérêts. Les spéculations dans la presse musicale vont d'un dollar symbolique assorti d'un crédit reconnaissant la contribution musicale à l'écriture de la ballade mythique, à 40 millions de dollars.

Un long historique en matière de plagiat

La plainte, déposée en Pennsylvanie, affirme aussi que Led Zeppelin "a un long historique (en matière) de se servir des compositions d'artistes de blues et d'autres auteurs sans jamais les créditer". A l'appui, elle cite 16 autres chansons qui ont fait l'objet de litiges, beaucoup ayant donné lieu à des accords amiables comprenant un crédit d'écriture et une compensation financière. Les hits Whole Lotta Love et Babe I'm Gonna Leave You en font partie.

"Randy California mérite que l'on reconnaisse sa contribution à la composition de Stairway to Heaven et sa place comme auteur de la plus formidable chanson de rock", ont insisté les avocats de l'accusation. Le juge a également rejeté l'argument de Led Zeppelin affirmant que les faits étaient prescrits, expliquant qu'une nouvelle version remastérisée était sortie en 2014.

Il a toutefois noté que Michael Skidmore n'aurait droit qu'à la moitié de tout dommages et intérêts qui pourraient découler du procès car Randy California avait signé un contrat donnant 50% des droits d'auteur à son éditeur musical.

N.B. avec AFP