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Mode

Pourquoi Dior, Chanel ou Vuitton célèbrent toujours la Sainte-Catherine?

Des Catherinettes "Jean Paul Gautier" en novembre 2012

Des Catherinettes "Jean Paul Gautier" en novembre 2012 - Kenzo Tribouillard - AFP

Chaque année, le 25 novembre, les grandes maisons de couture françaises célèbrent leurs Catherinettes - ces jeunes femmes de 25 ans qui ne sont pas encore mariées. Une tradition du Moyen-Âge fêtée en grande pompe, qui est surtout l'occasion de mettre à l'honneur le savoir-faire des petites mains.

Vous êtes une jeune femme de plus de 25 ans, et n’êtes pas mariée? Vous ne le saviez peut-être pas, mais en ce 25 novembre, c’est votre fête: vous êtes une Catherinette. La tradition veut que vous vous coiffiez d’un couvre-chef vert et jaune (des couleurs qui symbolisent l'espoir et la sagesse) et aller prier Sainte-Catherine, patronne des filles à marier, pour que quelqu’un, quelque part, se décide enfin à vous passer la bague au doigt. Rien que ça.

Alors forcément, en 2019, tout cela semble plutôt désuet - rappelons qu’en 2017, l’âge moyen du premier mariage était de 31.4 ans selon une étude de l’INSEE. Et pourtant. Cette tradition, aussi old school soit-elle, est encore célébrée chaque année en France. A Paris, capitale de la mode, le 25 novembre est d’ailleurs une date in-man-quable au sein des grandes maisons de couture, qui organisent plusieurs festivités autour de l’événement. 

Défilé de jeunes célibataires aux chapeaux excentriques

Depuis plusieurs décennies, les grands noms français de la mode, de Dior à Chanel en passant par Lanvin, Louis Vuitton ou encore Nina Ricci, mettent à l’honneur leurs employées de 25 ans célibataires. Les garçons, eux, ont droit au même traitement mais avec cinq ans de rab: ce sont les Nicolas.

Cette année, vendredi oblige, les Catherinettes sont fêtées avec un peu d’avance, le 22 novembre. La journée débute avec un défilé de jeunes célibataires aux chapeaux excentriques (jaune et vert, on le rappelle) créés par les prestigieuses marques spécialement pour l’occasion, et qui se tient dès 9h30 au Théâtre des Champs-Elysées.

Le chapeau Chanel d'une Catherinette, lors de l'édition 2018
Le chapeau Chanel d'une Catherinette, lors de l'édition 2018 © Comité Montaigne

Après la présentation des différentes créations, un jury décerne différents prix, dont celui de l’élégance et de la pièce la plus originale. La centaine de participants se rend ensuite à l’Hôtel de Ville pour un événement ouvert au public, et où Parisiens et touristes peuvent venir admirer les coiffes qui rivalisent d'imagination. Suivent ensuite des fêtes d’entreprises organisées en interne par chaque maison, et où les Catherinettes et Nicolas sont couverts de cadeaux.

Une ode à la jeunesse et à l’artisanat

Vous l’avez compris: la Sainte-Catherine, c’est du sérieux dans le monde de la haute-couture parisienne. Mais n’y voyez pas là un total manque de modernité, ou un fort attachement à une tradition moyenâgeuse dépassée qui laisse penser que "si à 25 ans, on n'a pas d’alliance, on a raté sa vie".

Les Catherinettes des maisons de couture françaises en 2018
Les Catherinettes des maisons de couture françaises en 2018 © Comité Montaigne

Car Sainte-Catherine n’est pas seulement une martyre qui a osé se refuser à un homme. Elle est aussi “la protectrice des couturières et des modistes”, nous rappelle le Comité Montaigne, organisateur du défilé, que nous avons contacté.

"L’histoire classique de la Sainte-Catherine, évidemment qu’on part de là, avec le chapeau, le code couleur du jaune et du vert, et les jeunes femmes de 25 ans et les jeunes hommes de 30 ans. Mais au-delà de ça, on pense surtout à Sainte-Catherine comme la patronne des petites mains de la couture", nous explique-t-on. "Ce qui est mis en avant ce jour-là, et qui est fêté chez les grandes maisons de couture, c’est avant tout le savoir-faire français. Au-delà du côté obsolète de cette fête, c’est surtout un véritable hommage et une belle journée de présentation du savoir-faire des Maisons, et la mise à l’honneur de la jeunesse qui y travaille". 

Il s’agit donc, avant tout, "d’une ode à la jeunesse et à l’artisanat". L’occasion pour les grandes Maisons de mettre en avant "le dynamisme, la créativité et l’élégance" de leurs jeunes talents qui oeuvrent dans les ateliers et boutiques, et dont la situation maritale a finalement peu d'importance. 

Nawal Bonnefoy