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Fashion week de Paris: chez Dior, un défilé qui dénonce le patriarcat

Le défilé Dior automne-hiver 2020/2021 à Paris

Le défilé Dior automne-hiver 2020/2021 à Paris - Anne-Christine POUJOULAT - AFP

La créatrice italienne Maria Grazia Chiuri a présenté sa collection automne-hiver 2020/2021 dans un décor habillé de slogans féministes.

Alors que la Fashion Week de Paris bat son plein, Dior a présenté mardi un défilé appelant à se rebeller contre les stéréotypes patriarcaux. La créatrice italienne Maria Grazia Chiuri a traduit sur le podium son journal intime d'adolescente, écrit en pleine libération de la femme dans les années 1970. 

Inspirée des années passées à l'atelier de couture de sa mère à Rome où elle voyait les femmes s'affirmer à travers les vêtements, sa collection a été présentée dans une installation imaginée par le collectif artistique Claire Fontaine. Une scénographie où les idées de la féministe italienne Carla Lonzi ont été transposées en inscriptions lumineuses.

"Le patriarcat tue l'amour"

"Consent" (consentement) a ainsi clignoté tout au long de ce défilé à l'esprit seventies, mais avec des proportions modernes. Un parterre de célébrités étaient bien sûr au rendez-vous: on a pu y voir les actrices Demi Moore, Andy McDowell et Sigourney Weaver, l'avocate nicaraguayenne Bianca Jagger, les mannequins Cara Delavingne et Karlie Kloss, ou encore la chanteuse et ex-Première dame Carla Bruni. 

D'autres slogans féministes ont été mis au premier plan, comme "Partiarchy kills love" ("Le patriarchat tue l'amour"), "Patriarchy=CO2", "When women strike, the world stops" ("Quand les femmes font grève, le monde s'arrête) ou "We are All Clitoridian Women" ("Nous sommes toutes clitoridiennes"). 

Le podium était fait de pages du journal Le Monde collées sur le sol, manière de rappeler que les combats lancés il y a 50 ans sont toujours d'actualité.

Une collection influencée par la libération de la femme

"C'est une collection très personnelle. On se rend compte que toutes tes références se forment pendant l'adolescence. Ce qui m'a influencée en premier lieu c'était la libération de la femme qui a commencé à affirmer sa spécificité, sa capacité de ne pas être que mère, épouse, fille, mais une personnalité sous plusieurs aspects", a déclaré Maria Grazia Chiuri dans une interview à l'AFP. 

"Je ne voulais pas être nostalgique, je relis mon journal intime avec ma vision contemporaine", a souligné la créatrice, en ajoutant que ses références à cette époque ne se traduisent pas dans "les looks", mais dans "l'attitude". 

"C'est une recherche que chaque femme doit faire individuellement, mais nous devons sensibiliser les femmes pour qu'elles s'habillent pour elles, par pour les autres ou un autre et prennent leurs distances avec l'idée de la beauté féminine stéréotypée". 

"Culture patriarcale" omniprésente

Après le défilé haute couture il y a un mois, dans le ventre d'une déesse imaginé par l'artiste féministe américaine Judy Chicago avec des interrogations sur les rôles des hommes et des femmes, celui-ci reprend la réflexion très chère à Maria Grazia Chiuri. Elle met en valeur l'autrice Carla Lonzi, peu connue en France, avec un regard contemporain sur le discours patriarcal qu'elle dénonçait. 

"Cette culture patriarcale est toujours très présente dans la mode", dénonce la styliste. "C'est notre rôle d'utiliser le côté populaire de la mode pour susciter la curiosité et les interrogations".

Côté silhouettes, l'automne-hiver 2020-2021 de Dior propose des bandanas accompagnant des tailleurs près du corps, des ensembles cardigan et jupe longue transparente, de la mini-jupe-culotte à porter avec un poncho à carreaux, des grosses bottes en caoutchouc, ou encore des mules ouvertes aux allures de chaussons d'intérieur, qui se portent avec des robes longues habillées.

N.B. avec AFP