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Cinéma

Vainqueur de l'Ours d'argent, un acteur rom de Bosnie vend sa statuette pour vivre

Nazif Mujic, acteur rom bosnien, prix d'interprétation masculine à Berlin en 2013.

Nazif Mujic, acteur rom bosnien, prix d'interprétation masculine à Berlin en 2013. - JOHN MACDOUGALL / AFP

Prix d'interprétation masculine à Berlin en 2013, l'acteur rom bosnien Nazif Mujic est en grande difficulté financière. Il a dû vendre son ours d'argent car il ne parvenait plus à nourrir sa famille.

"Mes enfants n'avaient presque rien à manger depuis trois jours". En grande difficulté, Nazif Mujic, 47 ans et prix d'interprétation masculine à Berlin en 2013 a dû vendre son trophée pour vivre. Une décision "très difficile", glisse-t-il. 

"J'ai d'abord vendu une vieille voiture, ensuite quelques objets personnels, puis c'était le tour de l'ours", raconte celui qui a été primé à Berlin pour avoir joué son propre rôle dans La femme du ferrailleur, du réalisateur bosnien Danis Tanovic.

Toujours ferrailleur

Fin décembre, il avait posté une annonce sur internet, demandant 5.000 euros. Il a accepté les 4.000 euros du patron d'un bar local. "Je ne suis pas un collectionneur et j'ai acheté la statuette surtout pour aider Nazif. C'est un homme malade qui ne peut pas travailler et doit nourrir ses trois enfants. L'ours est chez moi, mais je vais l'offrir à un musée", a déclaré le nouveau propriétaire de la statuette.

A son retour du festival, l'acteur avait été accueilli dans son village en héros. Très vite, il était retombé dans l'anonymat et la pauvreté. Une demande d'asile en Allemagne avait été rejetée en 2014. Diabétique insulinodépendant depuis trois ans, il assure que la famille subsiste toujours grâce à ses récoltes de ferraille: "Je rapporte 6 ou 7 marks par jour (3,5 euros)".

Avec l'argent de la statuette, ce père d'un garçon de 5 ans et de deux filles de 8 et de 10 ans, dit avoir payé des dettes pour l'électricité et dans une épicerie. Il dit avoir aussi acheté un billet de bus pour la prochaine édition du festival de Berlin, du 9 au 19 février: "Je veux raconter l'histoire de ma famille depuis la réception du prix".

Ivan Valerio avec AFP