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Cinéma

The Lost City of Z: le périple épique de James Gray dans la jungle amazonienne

L'acteur Charlie Hunnam incarne l'explorateur Percival Harrison Fawcett dans "The Lost City of Z"

L'acteur Charlie Hunnam incarne l'explorateur Percival Harrison Fawcett dans "The Lost City of Z" - Studio Canal

Pour son retour derrière la caméra, le réalisateur de La Nuit nous appartient et Two Lovers a décidé de porter à l'écran l'histoire vraie de Percival Harrison Fawcett, un célèbre explorateur britannique persuadé d'avoir trouvé les traces d'une cité perdue en Amazonie au début du XXème siècle.

Avec son sublime The Lost City of Z, en salles ce mercredi 15 mars, James Gray s'est offert un projet dantesque. Le cinéaste américain a posé ses caméras dans la jungle pour raconter l'histoire (vraie) d'un explorateur britannique qui a consacré sa vie à la quête d'une cité perdue en Amazonie. Et pour mener son projet a bien, le réalisateur de 47 ans a dû batailler.

Pour son sixième long-métrage au cinéma, James Gray n'a été épargné de rien. Tournage épique dans la jungle, désistements de plusieurs acteurs pour le premier rôle (Brad Pitt, Benedict Cumberbatch...), réticences des studios... Le film de James Gray, qui a notamment été présenté à la dernière Berlinale, a mis presque sept ans à voir le jour. Au point de devenir "une obsession", confiait récemment James Gray, avec en tête le tournage d'Apocalypse Now de Coppola, qui a duré un an et demi au lieu des six semaines prévues.

James Gray, loin de sa ville

Plus habitué à filmer New York, le réalisateur de The Yards et La Nuit nous appartient s'est pour la première fois aventuré hors de sa zone de confort. "En tant que pur New-yorkais, j'étais on ne peut plus éloigné de mon élément", se souvient-il dans les notes d'intention du film.

L'aventure commence en 2009 avec la parution outre-Atlantique de La cité perdue de Z de David Grann, un journaliste du New Yorker. Le livre, qui rencontre un succès public, conte la vie du major Percy Fawcett, un explorateur obstiné qui a cherché au début du XXe siècle une cité en Bolivie, avant de disparaître mystérieusement en 1925 lors d'une nouvelle expédition.

En s'inspirant de cette histoire vraie, James Gray a choisi de s'écarter du film d'aventure à la Indiana Jones et de se concentrer sur les conflits intérieurs de l'explorateur, interprété par Charlie Hunnam (vu notamment dans la série Sons of Anarchy et futur héros du Roi Arthur de Guy Ritchie). Surnommé "le Livingstone de l'Amazone", Percy Fawcett est partagé entre sa soif de découverte obsessionnelle et sa vie rangée aux côtés de son épouse Nina (jouée par Sienna Miller).

Tout, sauf "un film condescendant"

Le film alterne épisodes dans la forêt tropicale et scènes en Europe où l'explorateur part à la guerre ou tente de convaincre ses pairs de l'existence de Z, la fameuse cité dont il croit avoir découvert des traces.

"Il y a eu d'autres films tournés en Amazonie dont le Fitzcarraldo de Werner Herzog. Je ne voulais pas refaire la même chose, je voulais faire passer l'humanité de ses indigènes", a expliqué à Berlin James Gray, se disant "terrifié" à l'idée d'avoir fait "un film condescendant".

Robert Pattinson dans "The Lost City of Z"
Robert Pattinson dans "The Lost City of Z" © Studio Canal

The Lost City of Z porte une "vision très colonialiste du monde". "J'aimerais pouvoir vous dire que tout cela est du passé, mais on n'a jamais eu autant de populismes", a-t-il souligné. Mais la jungle n'est "pas un objectif en soi" pour le cinéaste, qui met souvent en scène des relations âpres entre père et fils. "L'essence de l'histoire est quelqu'un qui veut échapper à la punition de la hiérarchie sociale", a-t-il souligné, le personnage ne trouvant pas sa place dans la bonne société britannique en raison du lourd passé de son père.

Un producteur nommé Brad Pitt

Outre son casting, qui compte également les présences Robert Pattinson et Tom Holland, le film bénéficie d'une image splendide grâce au directeur de la photographie Darius Khondji, connu pour ses collaborations avec le tandem Caro et Jeunet, Wong Kar Wai et plus récemment Michael Haneke. 

Boudé par les grands studios, le sixième film de James Gray - après The Immigrant avec Joaquin Phoenix et Marion Cotillard, en compétition à Cannes en 2013 - a été produit par Brad Pitt. L'acteur hollywoodien a en revanche dû abandonner le rôle principal en raison d'un agenda trop chargé. 

Fabien Morin avec AFP