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Sauver ou périr: l’émouvante transformation de Pierre Niney en grand brûlé

Pierre Niney dans "Sauver ou périr".

Pierre Niney dans "Sauver ou périr". - Copyright Mars Films

L'acteur raconte à BFMTV.com les coulisses de son nouveau rôle, un sapeur-pompier grièvement blessé lors d'une intervention.

Il s’est glissé dans la peau d’Yves Saint Laurent. A campé Romain Gary dans La Promesse de l’aube. A joué en allemand chez François Ozon. A 29 ans, Pierre Niney a déjà beaucoup donné de sa personne. Rien, pourtant, ne l’avait préparé à la folie médiatique engendrée par la simple photo de son torse nu dans son nouveau film Sauver ou périr.

"C’est fou que tout le monde en parle. Je ne pensais pas du tout que ce serait un truc. Ce moment est dans la bande-annonce, je pensais que les gens l’avaient déjà vu", réagit l’acteur. Il y a pourtant de quoi tomber en pâmoison. Pour incarner Franck, un sapeur-pompier de Paris grièvement brûlé pendant une intervention, il a pris 9 kilos de muscles.

Pierre Niney
Pierre Niney © Copyright Mars Films

"C’est la première fois que je m’entraîne autant"

Il n’a pas pu en profiter longtemps: l'acteur a dû tout perdre en trois semaines à l’aide d’un régime draconien à base de jus. Sans atteindre le niveau de transformisme d’un Christian Bale, Pierre Niney a pris l’habitude ces dernières années de jouer avec son poids pour ses rôles: 

"Pour Un homme idéal, je m’étais préparé physiquement aussi. Quand j’ai tourné Frantz, je préparais en même temps L’Odyssée. [Le réalisateur] Jérôme Salle voulait que je m'étouffe physiquement. Pour Sauver ou périr, c’est la première fois que je m’entraîne autant."

C’est aussi le sujet du film, qui raconte la reconstruction physique et mentale de Franck, dont le corps et le visage sont gravement brûlés après une intervention. Pierre Niney a dû apprendre à jouer avec sa voix et ses mains. Un exercice inédit pour l'acteur césarisé: "Je me suis beaucoup raccroché à la voix. Je me suis inspiré directement de grands accidentés que j’ai rencontrés et qui avaient un autre rapport à la diction, au temps, aux mots. Ça m’a beaucoup marqué."

"Niney fait partie de notre patrimoine maintenant"

Comme dans Né un 4 juillet d’Olivier Stone, Pierre Niney incarne un jeune homme plein d’avenir qui se jette corps et âme dans une carrière au service de l’Etat avant de voir son rêve se briser. Le choix de Pierre Niney s’est fait naturellement, raconte le réalisateur Frédéric Téllier.

"Je trouve que Pierre a une dimension héroïque. J’ai fait avec lui une tournée des régions pour présenter le film et c’est un héros. On l’admire. C’est dingue. Il y a un côté Beatles. Les gens se jettent sur lui, lui demandent un selfie, un autographe, ils veulent le toucher. Les jeunes comme les vieux. Il fait partie de notre patrimoine maintenant."

Frédéric Tellier a rencontré Pierre Niney deux ans avant le tournage. Le script n’était pas encore écrit. "Je lui ai raconté l’histoire, je lui ai montré mon iconographie", se souvient le réalisateur, qui a imaginé le personnage de Franck à partir du témoignage de plusieurs personnes réelles. "Je lui ai dit qu’on allait prendre le temps, de faire connaissance, de savoir si on avait envie de s’embarquer dans ce rôle, qui n’est pas en surface, qui allait forcément nous modifier un peu."

Ce rôle de grand brûlé exige en effet de Pierre Niney qu’il passe la majorité du film le visage couvert de masques de contention et de conformateurs (utilisé pour faciliter la cicatrisation des grands brûlés). Autant d’accessoires qui offrent à l’écran des images saisissantes. Pour nourrir son scénario et développer les thématiques de la monstruosité et de l’identité, le réalisateur a revu plusieurs versions du Fantôme de l’Opéra, dont celle avec Gerard Butler, mais aussi La Belle et la bête, Elephant man, La Piel que habito, Les Yeux sans visage et L’Homme invisible.

Le souvenir des attentats

Des références qu’il a partagées avec Pierre Niney. "Cette thématique de l’identité est très belle au cinéma", renchérit le comédien. "Que devient-on lorsque l’on est meurtri dans sa chair? Quand son visage est métamorphosé? Comment est-ce que l’on se reconnaît? Est-ce que l’on a changé? Est-ce que l’on est toujours le même?" Ces questionnements l'animent, en tant que comédien, au quotidien.

Sauver ou périr évoque aussi en filigrane les bouleversements vécus récemment en France. Difficile, en effet, de ne pas penser aux attentats de Paris lors d’une séquence où Pierre Niney se rend au pied de l’Arc de Triomphe pour un accident de la route. Sans que cela soit formulé dans le scénario, le souvenir des attentats était bien présent sur le tournage: "Notre conseillère, qui était pompier et médecin, a fait les attentats", raconte Pierre Niney. "Elle était au Bataclan. J’en ai parlé avec elle. Le film parle aussi de l’empathie des pompiers avec les gens au quotidien sur des situations de détresse humaine."

"Inconsciemment on y pense", ajoute Frédéric Tellier à propos des attentats. "Est-ce que cette nouvelle ère dans laquelle on a été plongés après les attentats fait changer radicalement le cinéma ou est-ce que c’est le cinéma était comme ça et on l’interprète différemment? Peu importe, on ne ressent pas non plus les choses de la même manière. Cette séquence nous rappelle que la vie est bien fragile et que l’on est un peu plus habitué à ce genre de scènes aujourd’hui et qu’il y a ces gardiens de nos vies qui sont en intervention tout le temps."

"Qui que l’on soit, on va rencontrer des épreuves, des difficultés dans la vie", conclut Pierre Niney. "Ce film dit: ‘n'abandonnez pas’. C’est un film qui dit que l’on peut se réinventer, que l’on peut toujours se reconstruire."

les projets de pierre niney

Pierre Niney tournera en janvier un film contemporain, une histoire d’amour noire avec Nicole Garcia, Benoît Magimel et Stacy Martin. Il a tourné une scène dans le prochain Cédric Klapisch avec son ami François Civil. Le synopsis est encore tenu secret.

Jérôme Lachasse