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Cinéma

Roman Polanski sort du silence: "C’est pour mes enfants que je parle"

Roman Polanski en mai 2017 à Cannes -

Roman Polanski en mai 2017 à Cannes - - Valery Hache - AFP

Le réalisateur s'exprime pour la première fois depuis la nouvelle accusation de viol dont il fait l'objet.

Le cinéaste Roman Polanski estime que l'"on essaie de faire de (lui) un monstre", dans sa première interview depuis une nouvelle accusation de viol de la part de la Française Valentine Monnier, où il affirme que "cette histoire est aberrante".

Dans cet entretien à paraître jeudi dans Paris Match, dont il fait la une, le réalisateur de 86 ans "nie absolument", comme il l'avait déjà fait par l'intermédiaire de son avocat, les accusations de Valentine Monnier. Cette photographe française affirme avoir été frappée et violée par Roman Polanski en 1975 en Suisse alors qu'elle avait dix-huit ans.

"Je n’ai évidemment aucun souvenir de ce qu’elle raconte, puisque c’est faux. Je le nie absolument", a-t-il indiqué au magazine. "Son visage sur les photos publiées me dit quelque chose, pas plus [...] C’est facile d’accuser quand tout est prescrit depuis des dizaines d’années, et lorsqu’on est certain qu’il ne peut y avoir de procédure judiciaire pour me disculper."

Dans un témoignage publié début novembre par Le Parisien, à quelques jours de la sortie du nouveau film de Roman Polanski "J'accuse", la photographe et ex-mannequin Valentine Monnier affirme qu'alors qu'elle était allée skier à Gstaad (Suisse) avec une jeune fille chez le cinéaste, celui-ci l'a "rouée de coups jusqu'à sa reddition" puis "violée en lui faisant subir toutes les vicissitudes" dans son chalet. 

"On essaie de faire de moi un monstre"

Dans une sortie inattendue, Roman Polanski met en cause le producteur Harvey Weinstein, accusé d'abus sexuels par plus de 80 femmes et catalyseur du mouvement #MeToo. Il accuse le magnat déchu du cinéma d'avoir "déterré" son affaire avec Samantha Geimer qui "n'intéressait plus personne" lors de la campagne pour les Oscars de 2003, où "Le Pianiste" faisait partie des favoris avant de décrocher trois statuettes.

"Son attaché de presse a été le premier à me traiter de 'violeur d'enfants'", ajoute le cinéaste, qui déplore dans Paris Match que "depuis des années, on essaie de faire de (lui) un monstre". 

"C’est comme une malédiction"

Le cinéaste, qui remporte un grand succès avec son dernier film J'accuse, dit être sorti du silence pour sa famille: "Pour mes enfants, pour Emmanuelle [Seigner, son épouse, ndlr], c’est épouvantable. C’est pour eux que je parle; pour moi, je n’espère même plus changer le cours des choses. Ils souffrent énormément. Ils reçoivent des insultes, des menaces sur les réseaux sociaux. Les enfants me le cachent pour me protéger, mais je l’apprends par Emmanuelle."

Evoquant une nouvelle fois l’affaire Samantha Geimer, Polanski ajoute avoir bien conscience qu'il est "responsable": "En 1977, j’ai commis une faute et c’est ma famille qui en paie le prix presque un demi-siècle plus tard. Les médias se sont jetés sur moi avec une violence inouïe. Ils s’emparent de chaque nouvelle fausse accusation, même absurde et sans substance, car elle leur permet de ranimer cette histoire. C’est comme une malédiction qui revient et je ne peux rien y faire…"

Jérôme Lachasse avec AFP