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Cinéma

Red Sparrow: comment Jennifer Lawrence est devenue prisonnière de son image

Jennifer Lawrence dans Red Sparrow

Jennifer Lawrence dans Red Sparrow - Copyright Twentieth Century Fox

Jennifer Lawrence est à l'affiche de Red Sparrow ce mercredi 4 avril. Elle a longtemps cultivé dans les médias l'image d'une fille cool. Une image qui se retourne aujourd'hui contre elle.

Qui a mordu Beyoncé? Fin mars, cette grande affaire, lancée par l'humoriste Tiffany Taddish dans le magazine QG, a agité la sphère culturelle aux Etats-Unis. Parmi les suspects envisagés: Jennifer Lawrence. Si la "mordeuse" a rapidement été identifiée (il s'agit de Sanaa Lathan), le fait que l'actrice oscarisée pour Happiness Therapy ait été mentionnée dans cette affaire, même pour rire, par d'autres célébrités en dit long sur son image. 

A l'affiche ce mercredi 4 avril du brutal film d'espionnage Red Sparrow, Jennifer Lawrence poursuit ce qu'elle a commencé avec Passengers et Mother!: jouer dans des films qui cassent son image, quitte à dérouter, voire à s'aliéner, une partie de ses fans.

Depuis son arrivée sur le devant de la scène en 2012, l'actrice a cultivé l'image d'une girl next door, d'une star accessible multipliant les gaffes sur les tapis rouges. On se souvient notamment de sa chute sur la scène du Théâtre Dolby en 2013, quelques instants avant de recevoir son Oscar de la meilleure actrice.

En 2014, une mésaventure similaire s'était reproduite. L'actrice avait alors hérité du titre de la célébrité la plus maladroite de Hollywood. En 2015, la saga Hunger Games comptait parmi les films les plus populaires et l'actrice triomphait dans les comédies dramatiques de David O. Russell (Happiness Therapy, American Bluff). Elle enchaînait blockbusters et films d'auteur avec facilité et succès: tout allait bien. 

"Mlle Lawrence a pris la grosse tête"

Cette image s'est cependant rapidement estompée. En 2016, la presse, qui dressait jusque-là un portrait flatteur de la comédienne, a commencé à donner un autre son de cloche. Plusieurs événements ont conduit à ce revirement. En janvier, lors d'une conférence de presse, "J-Law" s'en est pris vivement à un journaliste étranger qui lui posait une question en lisant sur son téléphone: "Tu ne peux pas passer toute ta vie derrière ton télé­phone, mec. Tu ne peux pas faire ça. Tu dois vivre l'ins­tant". 

Quelques mois plus tard, en décembre, des Hawaïens ont dénoncé son manque de respect. Lors d'un passage sur le plateau du Graham Norton Show, elle avait en effet expliqué qu'elle s'était grattée les fesses sur un rocher sacré. En pleine promotion de Passengers, un blockbuster de SF assassiné par les critiques, l'anecdote a fait tâche. Tout comme son interview avec Le Parisien:

"Elle n'avait rien à dire, ou si peu, sur le film, prenait ses interlocuteurs de haut, et gloussait bêtement, interrompant sans cesse le malheureux Chris Pratt qui faisait son possible pour placer une ou deux anecdotes sur le tournage [...] "Bref, Mlle Lawrence a pris la grosse tête, au point de se saborder", écrit dans le quotidien le journaliste qui a rencontré la star.

"Jennifer Lawrence n’est pas comme nous"

Depuis, ses films fonctionnent moins bien. Ni Serena de Susanne Bier, son drame historique avec Bradley Cooper, ni Mother! de Darren Aronofsky, ni Red Sparrow de Francis Lawrence n'ont rencontré le succès escompté. Comme le résume sur Buzzfeed la journaliste Anne Helen Petersen, Jennifer Lawrence est en réalité "prisonnière de son image de fille cool", un rôle qu'elle a créé à l'âge de 22 ans pour assurer la promotion de ses films. 

A la télévision comme dans la presse écrite, l'actrice évoquait ses troubles intestinaux, racontait qu'on la surnommait enfant Robert de Niro ou qu'elle jouait au baseball avec les garçons. Depuis, cette image s'est retournée contre elle. Et porte préjudice à ses films, plus expérimentaux, plus ambitieux, mais toujours présentés par les studios comme des spectacles grand public. Pour Anne Helen Petersen, cette image de "fille cool" est également une manière pour ses détracteurs de ne jamais la prendre au sérieux alors qu'elle a décroché à l'âge de 23 ans l'Oscar de la Meilleure actrice et qu'elle est une des comédiennes les plus puissantes de Hollywood.

Six ans après avoir façonné cette image, elle semble lasse de jouer à ce jeu schizophrène qui la contraint à alterner entre des rôles sombres au cinéma et des blagues potaches dans les talk-shows. C'est pourtant ce rôle qui fait d'elle la star qu'elle est devenue. Comme l'explique Anne Helen Petersen, "Jennifer Lawrence n’est pas comme nous. Elle tient plus du personnage absolu, qu’on croirait tout droit sorti d’un livre". C'est à cela que l'on reconnaît les véritables stars.

Jérôme Lachasse