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Cinéma

Pourquoi Roar est considéré comme "le film le plus dangereux de l'histoire du cinéma"

"Roar"

"Roar" - Noel Marshall. Tous droits réservés.

Sorti dans quelques pays dans les années 1980, ce film culte avec Melanie Griffith connaît une seconde vie. Lors de son tournage, 70 personnes de l'équipe ont été blessés par des lions.

Resté dans les annales du 7ème Art comme "le film le plus dangereux de l'histoire du cinéma", Roar ressort en copie restaurée le 7 février prochain grâce au distributeur Carlotta. Ce film atypique, qui partage désormais son titre avec une chanson de Katy Perry, est devenu au fil des années un film culte, une curiosité.

D'abord pour son casting, qui comporte Melanie Griffith, alors adolescente, sa mère Tippi Hedren (Les Oiseaux) et son beau-père Noel Marshall. Ensuite pour son tournage, devenu mythique. Celui-ci, qui a duré cinq ans (au lieu des neuf mois annoncés), donna des sueurs froides à toute l'équipe. Comme l'indique si bien la bande-annonce de la ressortie: "Aucun animal n'a été blessé pendant le tournage de ce film. 70 membres de l'équipe l'ont été".

Au cours de cette aventure, Tippi Hedren s'est cassée la jambe. Melanie Griffith a eu des blessures au visage et a dû subir une opération de chirurgie réparatrice. Le directeur de la photographie Jan de Bont, futur réalisateur de Speed, a quant à lui été scalpé et a reçu 28 points de suture. A côté de Roar, le tournage d'Apocalypse Now de Francis Ford Coppola fut une partie de plaisir.

Un flop monumental devenu culte

Censé se dérouler en Tanzanie, le film fut en réalité tourné en Californie. Vendu comme une "fable Disney destinée à promouvoir la vie majestueuse des grands félins", Roar fut un "monumental flop" lors de sa sortie aux débuts des années 1980, racontent les Cahiers du Cinéma dans leur numéro de février. Les recettes de Roar s'élevèrent à deux millions de dollars. Une bien maigre consolation après les 17 millions engloutis par la production.

Roar aurait pu basculer dans l'oubli, mais il est devenu culte comme beaucoup de films à l'histoire atypique. Présenté à l'époque de sa sortie comme un divertissement familial, Roar est désormais considéré un film d'horreur. Dans les Cahiers du Cinéma, John Marshall, le fils du réalisateur, raconte comment Roar a obtenu ce statut:

"Roar a beaucoup circulé en tant que scary movie dans les festivals spécialisés dans l'horreur et le fantastique. Certains trouvent le film brillant, d'autres ne peuvent pas supporter l'idée que quelqu'un va peut-être se faire tuer au détour d'un plan, d'autres trouvent que c'est surtout très mal joué!" 

Roar
Roar © Noel Marshall. Tous droits réservés.

"Nous savions que nous allions être mordus et blessés"

Imaginé par Noel Marshall, le producteur de L'Exorciste, Roar témoigne aussi d'une autre manière de faire du cinéma. Les années 1970 ont été marqués par des réalisateurs téméraires comme Francis Ford Coppola, Michael Cimino ou encore William Friedkin qui n'ont pas hésité à se mettre en danger pour réaliser des chefs d'œuvre comme Apocalypse Now, Voyage au bout de l'enfer ou Le Convoi de la peur. Toujours dans les Cahiers du cinéma, John Marshall raconte comme l'équipe de Roar a été transcendée par l'expérience:

"Nous envisagions Roar comme une mission ou un sacerdoce: nous savions que nous allions être mordus et blessés, nous avions conscience que nous faisions quelque chose qui ne devait pas être fait, mais nous devions finir le film et même payer pour ça."

Si John Marshall, qui joue dans le film aux côtés de sa sœur Melanie Griffith, semble heureux d'évoquer en 2018 le tournage de Roar, il paraissait moins mesuré en 2015 auprès du New York Post: "Papa a été un véritable enfoiré de faire subir cela à sa famille!", avait-il alors déclaré. Son discours a aujourd'hui bien changé. Dans Les Cahiers du Cinéma, il loue à présent "un film qui explore une part très sombre de la psyché américaine". 

Jérôme Lachasse