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Cinéma

Pourquoi mange-t-on du pop-corn au cinéma?

Michael Jackson dans le clip de "Thriller" en 1983.

Michael Jackson dans le clip de "Thriller" en 1983. - Capture d'écran - Thriller - Michael Jackson

C'est aujourd'hui la journée mondiale du pop-corn, spécialité associée aux salles obscures. Mais au fait, pourquoi?

Le 19 janvier est la journée internationale du pop-corn. Ennemi des cinéphiles, ce cher vieux pop-corn colle aux doigts et à la moquette des salles de cinéma depuis bien longtemps maintenant. Pensez, les Péruviens en dégustaient il y a 7000 ans, comme l'ont déduit des chercheurs qui ont découvert des traces de pop-corn sur les sites archéologiques de Paredones (au Chili) et Huaca Prieta (au Pérou).

Merci aux Péruviens, donc, mais aussi à Christophe Colomb, qui s'il n'a pas inventé le pop-corn, a découvert l'Amérique, mère patrie du maïs. Les Indiens d'Amérique, comme les Péruviens, font du pop-corn dans des poteries. Dans les siècles qui suivent la découverte du nouveau continent, le maïs s'exporte en Europe, comme la tomate et la pomme de terre et y fait florès.

Beurre fondu et beaux tapis

Mais revenons aux États-Unis, au 19e siècle, où Charles Cretor, un confiseur américain de l'Illinois, va donner un gros coup de pouce au pop-corn. Il invente en 1893 une machine à vapeur ambulante qui permet de griller des cacahuètes par paquet de 5 kilos. Ça marche aussi avec le maïs. Il expose sa machine à la foire mondiale de Chicago en 1893 et la présente au public. "L'odeur des cacahuètes grillées et du beurre fondu sur le maïs en train d'éclater" attirent le chaland, comme l'évoque le site de la marque.

Si l'invention de la machine de Creator coïncide presque avec l'invention du cinéma (les frères Lumière en 1895), le pop-corn n'est pas le bienvenu dans les salles.

Dans les années 1920, Les Américains avides de divertissements affluent dans les cinémas. Le pop-corn est une friandise qui ne coûte alors que quelques cents. Un luxe que presque tout le monde peut se permettre. Les marchands ambulants captent vite le potentiel, et s'installent devant les cinémas. Les petites salles de quartier s'accommodent de clients munis de cornets, mais les grandes salles ne veulent pas en entendre parler.

Client huppés et mastication

"Les salles de cinéma ne voulaient rien avoir à faire avec le pop-corn", expliquait ainsi en 2013, Andrew Smith, auteur de l'ouvrage Popped Culture: A Social History of Popcorn au magazine Smithsonian.

"Ils ambitionnaient de devenir comme de vraies salles de théâtre. Ils avaient de beaux tapis et des tentures et ne voulaient que le pop-corn s'y incruste."

Et puis rappelons-le, jusqu'en 1927 (et le film Chanteur de jazz), le cinéma est muet. "Les cinémas essayaient d'attirer une clientèle huppée et ne voulaient pas qu'ils soient importunés par des bruits de mastication", souligne Andrew Smith qui raconte que les exploitants de salles de l'époque demandaient à leurs employés de fouiller les poches des clients pour s'assurer qu'ils n'introduisent pas en douce le pop-corn honni.

C'est la Grande dépression des années 1930 qui va réconcilier cinémas et pop-corn. C'est en se mettant à vendre à leur tour des friandises que les cinémas survivent à la crise. Comme le souligne Andrew Smith, "ceux qui ont commencé à vendre du pop-corn et autres grignotages sont ceux qui ont survécu".

C'est ainsi que le pop-corn a mis le pied dans la porte et n'est plus jamais ressorti des salles obscures. 

Magali Rangin