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Cinéma

Pourquoi La 7ème Compagnie continue de cartonner à la télévision

On a retrouvé la 7ème Compagnie

On a retrouvé la 7ème Compagnie - Gaumont

Louis de Funès n'est pas l'unique star du confinement. La série de films La 7ème Compagnie rassemble plus de monde à la télévision que La Grande vadrouille ou La Folie des grandeurs. Explications.

Les Français restent "groupir". La série de films La 7ème Compagnie avec Jean Lefebvre, Pierre Mondy, Aldo Maccione et Henri Guybet continue d'attirer les téléspectateurs, malgré ses innombrables rediffusions depuis les années 1970.

Le premier volet, Mais où est donc passée la 7ème Compagnie? (1973), diffusé il y a deux semaines, a séduit 6.697.000 téléspectateurs sur TF1. Le second, On a retrouvé la 7ème Compagnie (1975), programmé la semaine dernière, a fait mieux et a réuni 6.904.000 personnes. Le troisième, La 7ème Compagnie au clair de lune (1977), devrait rencontrer un succès similaire jeudi soir. 

La trilogie réalisée par Robert Lamoureux fait mieux que les rediffusions des Louis de FunèsLa Grande Vadrouille et La Folie des Grandeurs culminent à plus de 5 millions de téléspectateurs - et n'a rien à envier aux blockbusters américains comme Harry Potter. La Chambre des Secrets, diffusée mardi soir sur TF1, a dépassé d'une courte tête seulement On a retrouvé la 7ème Compagnie, avec 6,91 millions de téléspectateurs.

Ces chiffres sont d'autant plus exceptionnels que les mésaventures de Pithivier, Tassin et Chaudard ont été rediffusées pas plus tard qu'en juillet 2019. Elles avaient d'ailleurs rencontré un succès moindre, avec des audiences oscillant entre 4,6 et 5 millions de téléspectateurs.

"Ça ressemble aux bandes dessinées de notre enfance"

Comment expliquer le succès sans cesse renouvelé de la trilogie écrite et réalisée par Robert Lamoureux? Gilles Botineau, qui co-écrit avec Yannick Bourdelle un livre sur La 7ème Compagnie à paraître en 2021, nous donne quelques pistes:

"La 7ème Compagnie ressemble aux bandes dessinées de notre enfance, celles avec lesquelles on a grandi, et qu'on relit ensuite à tout âge, de 7 à 77 ans. On s'y replonge toujours avec plaisir car le divertissement reste total, ça ne vieillit pas. Il y a vraiment quelque chose d'intemporel chez Robert Lamoureux, que ce soit dans La 7ème Compagnie ou même au sein de ses sketches", explique ce spécialiste de la comédie française, qui a aussi signé un livre sur Aldo Maccione et un portrait documentaire sur Henri Guybet.

L'intemporalité de ces comédies repose sur un comique de situation propre au quotidien. Les spectateurs sont touchés par ces trois soldats égarés qui "deviennent peu à peu des héros malgré eux" et nous ressemblent:

"On peut tous se reconnaître au travers de ces personnages, et ce, d'autant plus que leurs mésaventures n'ont en définitive absolument rien d'extraordinaire: ils campent au beau milieu d'une forêt, chassent le lapin ou nagent dans un étang! Des situations que l'on vit encore aujourd'hui (le contexte de la guerre en moins, quoique), et qui nous incitent parfois à réemployer toute une série de répliques désormais cultes. Qui n'a jamais chanté 'Un p'tit bain pour le chef!' avec ses potes à la piscine?"

"Une infinie tendresse, une certaine poésie"

Gilles Botineau loue aussi l'écriture, "d'une finesse admirable", de Robert Lamoureux. Moins considéré qu'un Gérard Oury ou qu'un Michel Audiard, Robert Lamoureux était "très attaché à la musicalité de ses répliques":

"[Il] mélange à la fois l'humour bon enfant (rien de méchant ni de vulgaire) et l'intelligence (sans en avoir l'air, les films abordent d'importants sujets, comme la collaboration), le tout surenchéri d'une infinie tendresse, voire d'une certaine poésie. Poésie à laquelle la musique de Henri Bourtayre participe aussi. On ne le rappelle jamais assez."

Comme les comédies de Louis de Funès ou de Pierre Richard, les trois volets de La 7ème Compagnie n'ont pas attendu d'être défendus par la critique ou muséifiées par la Cinémathèque pour être célébrés par le public: "Si de tels films continuent de faire rire, et de se transmettre de génération en génération, c'est aussi parce qu'ils n'ont jamais été surpassés", précise Gilles Botineau.

Il rappelle que "d'innombrables bidasseries ont vu le jour suite au succès de La 7ème, mais aucune n'ont fait date", comme Général... nous voilà de Jacques Besnard ou Soldat Duroc, ça va être ta fête de Michel Gérard: "deux films du même genre, le talent et la réussite en moins."

"Aujourd'hui encore, les bonnes comédies se font rares, qu'importe le sujet", analyse-t-il enfin. "Les Français se rattachent donc inlassablement à une poignée de classiques indémodables, parmi lesquels on trouve La 7ème Compagnie, les de Funès, le Splendid et Les Tontons flingueurs. Chez nous, rire, au-delà d'être culturel, est une nécessité, et, pour cela, la 7ème demeure une valeur sûre."

Jérôme Lachasse