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Pixar: dans les coulisses de Bao, le court-métrage sur une brioche vapeur

Bao

Bao - Pixar

La réalisatrice Domee Shi et la productrice Becky Neiman-Cobb commentent quatre scènes du court-métrage Bao.

Présenté avant Les Indestructibles 2, Bao constitue une petite révolution. Signé Domee Shi, il est le premier court-métrage des studios Pixar a être réalisé par une femme.

Ce petit film de huit minutes produit par Becky Neiman-Cobb aura une héroïne inattendue: une brioche vapeur ("bao"). Le programme raconte l'histoire d'une mère chinoise dont l'une des brioches vapeurs prend vie. BFMTV a rencontré au Festival d’Annecy la réalisatrice et la productrice. Elles commentent quelque scènes de cet émouvant film.

Bao
Bao © Pixar

Un hommage à sa mère

Domee Shi: "J’ai eu l’idée de Bao il y a quatre ans. J’ai dessiné dans mon carnet une image très proche de celle-ci, d’une mère chinoise enlassant une petite brioche vapeur. A partir de cette image, j’ai commencé à développer l’histoire, les personnages. Je n’ai pas cessé de dessiner. J’y ai apporté beaucoup de mon expérience personnelle. Je me suis beaucoup inspirée de mon enfance: j’étais une fille unique et je me suis sentie plus d’une fois maternée comme cette petite brioche vapeur. Ma mère me disait qu’elle voulait me remettre dans son ventre pour savoir où j’étais à tout moment! J’ai voulu explorer cette relation entre une mère surprotectrice et cette brioche vapeur."

Bao
Bao © Pixar

Un hommage au style "chibi"

Domee Shi: "Dans cette scène, la brioche vapeur vient juste de venir à la vie. Elle est choquée. Je voulais ce plan d’elle de profil accroupie sur la table. Sa peur est en train de devenir de la curiosité. Je me suis dit que cela ferait une belle image." Becky Neiman-Cobb: "Ce qui est amusant, c’est que le téléphone n’a que six boutons et le calendrier 28 jours: tous les éléments présents dans cette image sont un peu étrange. Notre chef décorateur a eu cette idée pour simplifier le monde, mais aussi pour donner à cette séquence un aspect onirique." Domee Shi: "Mes personnes ont de grandes têtes et de petits corps, parce que j’aime beaucoup le style chibi des films d’animation japonais. Nous voulions vraiment que ce monde ressemble à un monde peuplé par des brioches vapeurs, que tout y soit mignon et rond." Becky Neiman-Cobb: "Sa tête mesure en réalité 90 centimètres! Elle a des proportions très étranges…" Domee Shi: "Nous avons su très tôt qu’il n’y aurait pas de dialogue dans Bao. Nous voulions que le court-métrage soit aussi universel que possible. En retirant les dialogues, vous obligez les animateurs et l’équipe à raconter l’histoire de la manière la plus visuelle possible. On se repose beaucoup sur l’interprétation pour transmettre les émotions des personnages. Ainsi, tout le monde peut comprendre de la même manière Bao. Rien ne se perd dans la traduction. C’est aussi quelque chose de propre à la culture chinoise: mes parents ne montraient pas leur amour par des mots, mais par des actions. C’est ce que nous avons voulu faire avec Bao."

Bao
Bao © Pixar

Animer la nourriture

Domee Shi: "Comment avons-nous rendu ces brioches aussi réalistes? C’est une alliance entre une excellente direction artistique et de géniales équipes dédiées à l’ombrage et à la modélisation. Notre cheffe décoratrice Rona Liu a supervisé l’ensemble pour s’assurer que tout était parfait et avait l’air délicieux. On s’est rendu compte que la nourriture devait avoir l’air plus appétissante que dans la réalité. Elle devait être plus colorée, plus lumineuse, comme s’il y avait plus de gras dessus. On s'est aussi inspiré des techniques de cuisine de ma mère."

Bao
Bao © Pixar

Montrer Chinatown

Domee Shi: "Bao se situe à Toronto, où je suis arrivée avec mes parents quand j’avais trois ans. Nous allions chaque week-end faire nos courses à Chinatown. Je trouvais que c’était un endroit agréable, vivant et parfait pour mettre en scène une histoire. Beaucoup de films hollywoodiens se situent à Chinatown, mais ils en montrent toujours une vision effrayante, avec des gangsters. Je voulais monter une version différente, plus colorée, avec d’adorables vieilles dames en train de faire leurs courses. C’est le Chinatown dont je me souviens et que je voulais montrer." 

Jérôme Lachasse