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Philippe Lacheau: "On a voulu être le plus fidèle possible aux looks de Nicky Larson"

Détail de l'affiche de Nicky Larson

Détail de l'affiche de Nicky Larson - Sony Pictures France

Trois mois avant la sortie de Nicky Larson de Philippe Lacheau, retour sur l'histoire du célèbre manga de Tsukasa Hōjō et son adaptation française prévue pour 2019.

L’histoire des multiples adaptations de City Hunter mériterait sa propre version cinématographique. A l’origine un manga signé Tsukasa Hōjō publié entre 1985 et 1991, City Hunter a rapidement été transposé en dessin animé, puis exporté en France sous le titre de Nicky Larson. Mondialement connu, le dessin animé a depuis été revisité à Hong-Kong par Jackie Chan en 1993 et en France avec Philippe Lacheau et sa bande. Leur version, intitulée Nicky Larson et le parfum de Cupidon, sortira le 6 février 2019.

Œuvre à l'origine assez sombre, le manga a été inspirée par le cinéma américain d'action (et en particulier L’Inspecteur Harry de Clint Eastwood). City Hunter, qui n'est ni pour les enfants, ni pour faire rire a pourtant débarqué en France sur TF1, dans le club Dorothée, à partir de novembre 1990, sous le nom de Nicky Larson.

"Le manga de Tsukasa Hōjō est destiné à un public de jeunes adultes, voire d’adultes”, précise Sébastien-Abdelhamid, spécialiste de l’animation japonaise qui travaille avec la plateforme Anime Digital Network, où est diffusée en France l'intégralité de l'anime. "Il raconte l’histoire d’un homme un peu sombre, puisque c’est une sorte de mercenaire prêt à tout. Au décès de son meilleur ami, il doit s’occuper de la sœur de celui-ci. Là, il commence à changer, même s’il a toujours des problèmes avec les femmes. Tout cet aspect a été gommé à son arrivée en France. Nicky Larson a été dénaturé en France."

Une version française "hérétique"

La raison est toute simple, estime Sébastien-Abdelhamid: "En France, Nicky Larson est arrivé à un moment où on a découvert beaucoup d’animes japonais. A cette époque, on considérait que l’animation japonaise était uniquement destinée aux enfants. C’est une erreur qui a été aussi commise pour Cobra." Imaginée Buichi Terasawa, cette série met en scène un employé de bureau qui se rêve en corsaire de l'espace armé d'un rayon Delta à la place du bras gauche.

Il a été reproché au doublage de Nicky Larson de censurer la série: "Toutes les scènes qui contenaient des propos équivoques sur les visites de Nicky Larson dans des 'love hotels' ont été remplacées par des choses un peu grotesques", souligne le spécialiste. Il confie malgré tout apprécier cette version française considérée aujourd’hui "comme hérétique". Malgré ses faiblesses, il ne peut s’empêcher "d’avoir une bouffée nostalgique" en regardant Nicky Larson en français. La voix de Maurice Sarfati, qui doublait les méchants, y est pour beaucoup.

Ce Nicky Larson made in France n’est pas si éloigné de l’adaptation de Jackie Chan, qui lui aussi a tiré l’œuvre originale vers la pantalonnade. "C’est une adaptation très libre, mais c’est vrai qu’elle est plus proche de ce que l’on a connu en France que du City Hunter original", acquiesce Sébastien-Abdelhamid. "Jackie Chan a même eu quelques problèmes avec les ayants-droit, puisqu’au-delà de Nicky Larson, il reprend aussi des personnages de Street Fighter 2."

"C’est la même que dans le dessin animé"

Si l’adaptation de Philippe Lacheau s’annonce dans la lignée de ses comédies potaches (Babysitting et Alibi.com), l’acteur-réalisateur a voulu rassurer les fans de City Hunter fin octobre lors de sa venue au Comic Con Paris. Accompagné de Tsukasa Hōjō, il explique à BFMTV.com avoir voulu être "le plus fidèle possible aux looks du manga que l’on connaît tous".

Affiche de Nicky Larson de Philippe Lacheau
Affiche de Nicky Larson de Philippe Lacheau © Sony Pictures France

Pour le costume bleu clair de Nicky Larson, Philippe Lacheau confie avoir "galéré" avec sa costumière: "On n’a pas trouvé de veste avec le même bleu, sans poche. On en a fait faire. Et c’est la même que dans le dessin animé!" Avis partagé par Tsukasa Hōjō: "Quand j’ai vu cette affiche pour la première fois, je me suis dit que ça ressemblait beaucoup à ce qui a été fait dans le manga et le dessin animé. Ils ont été très fidèles dans les habits des personnages".

Composé d'habitués du cinéma de Philippe Lacheau (Elodie Fontan, Didier Bourdon, Tarek Boudali, etc), Nicki Larson accueille un petit nouveau: Kamel Guenfoud, dans le rôle de Mammouth, un des antagonistes de la série. Il n'a jamais joué au cinéma auparavant. "C’est le personnage préféré de ma fille. En voyant le personnage, elle m’a dit: 'c’est marrant, on dirait qu’il sort du manga.' Ça lui a fait très plaisir", assure Tsukasa Hōjō.

"C’est très touchant, très émouvant, d’entendre ça", répond Philippe Lacheau, qui a écrit le film avec son frère Pierre. "On a eu beaucoup de mal à trouver un Mammouth en France. Je suis très fier", ajoute le cinéaste. "Il est super dans le film. On ne pouvait pas trouver mieux. C’est un monsieur qu’il ne faut pas embêter parce qu’il fait du MMA, mais il est très gentil dans la vie."

"Nicky Larson a un réel problème avec les femmes"

Nicky Larson a souvent été taxé de misogynie. Une accusation que récuse Sébastien-Abdelhamid: "Nicky Larson a un réel problème avec les femmes. Maintenant, dire qu’il est misogyne, je ne suis pas forcément d’accord, parce que c’est l’inverse: ce sont souvent les femmes qui ont le dernier mot - et on peut le voir dans le binôme qu’il forme avec Laura. Pour le coup, c'est elle qui a l'autorité sur Nicky et pas l’inverse. Dans la version originale, il a un véritable problème avec ses sentiments pour les avouer aux femmes, et notamment à Laura."

Une scène de la bande-annonce de Nicky Larson de Philippe Lacheau illustre les relations complexes du personnage avec les femmes: une infirmière, effrayée par le pistolet qu'il pointe dans sa direction, lève le bras, remontant par mégarde en même temps sa robe. "Cette scène explique bien la comédie du personnage. J’aime beaucoup ce gag parce qu’il reflète parfaitement le personnage: c'est un mec qui assure, un justicier et il a un point faible, les femmes", analyse le réalisateur.

Tsukasa Hōjō joue le jeu et révèle que la scène a été validée non seulement par ses soins, mais aussi par sa femme: "J’ai montré le teaser à ma femme. Elle est extrêmement difficile avec toutes les adaptations de mes œuvres. Quand elle a vu cette scène, elle a éclaté de rire et j’ai su que pour elle c’était bon."

Jérôme Lachasse