BFMTV
Cinéma

Pedro Almodóvar de retour à Cannes: "J'aimerais mettre moins de temps à faire des films"

Penélope Cruz dans Douleur et gloire

Penélope Cruz dans Douleur et gloire - Copyright El Deseo - Manolo Pavón

Pour la sixième fois en compétition, le réalisateur de 69 ans se met à nu à travers le portrait d'un cinéaste en crise. Il retrouve ses acteurs fétiches Penélope Cruz et Antonio Banderas.

Trois ans après Julieta, Pedro Almodóvar revient à Cannes. Le maître madrilène y présente sa nouvelle œuvre, Douleur et Gloire, où il retrouve ses acteurs fétiches Penélope Cruz et Antonio Banderas. Pour la sixième fois en compétition, le réalisateur de 69 ans se met à nu à travers le portrait d'un cinéaste en crise. Plongé dans la dépression, ce personnage souffre d'un terrible mal de dos et repense à sa carrière. 

L'auteur de Tout sur ma mère précise pour BFMTV que le film relève avant tout de la fiction: "Il y a beaucoup de moi [dans le film] et de fait j'ai commencé à écrire le scénario en pensant à un mal de dos que j'avais à ce moment-là. Si je n'ai pas vécu tout ce que raconte le film, j'ai traversé les différents états traversés par le personnage." Est-ce son film le plus intime?

"Je le pense", répond de son côté Penélope Cruz, qui collabore pour la sixième fois avec Almodóvar. "C'est le film où il partage le plus grand nombre de ses secrets. Mais ça ne veut pas dire que tout ce qui se passe dans le film s'est réellement passé dans sa vie."

"Il ne faut pas prendre le film littéralement"

Le personnage qu'incarne Antonio Banderas n'est donc pas Almodóvar, précise le réalisateur: "Il a fait un travail d'acteur, pas d'imitateur. Au début, je lui ai dit qu'il pouvait m'imiter s'il voulait. Il a cependant préféré l'interpréter comme dans le scénario sans m'imiter. Il y a beaucoup de gens qui affirment me voir dans son interprétation et qu'il disparaît derrière le personnage. C'est très flatteur pour le travail d'Antonio."

Penélope Cruz a eu la responsabilité de jouer un personnage inspiré par la mère de Pedro Almodóvar: "Il n'y avait pas plus de pression que lorsque je joue un autre personnage", a toutefois précisé l'actrice. "Je ressens toujours de la pression quand je tourne, bien sûr, et tout particulièrement avec lui. Il est très exigeant. J'adore avoir un réalisateur qui va me dire la vérité. J'ai rencontré sa mère. C'est un honneur de jouer un personnage inspiré par cette femme. Il a vraiment été marqué par elle. Il ressent beaucoup d'amour et admiration à son égard. Elle était vraiment spéciale."

Almodóvar, qui tournait tous les ans ou tous les deux ans un film, a ralenti le rythme ces dernières années. Le réalisateur, dont le style est devenu plus épuré, veut désormais prendre son temps: "J'aimerais mettre moins de temps à faire des films, mais c'est vrai que j'ai besoin de mûrir les scénarios. Avant j'écrivais plus vite et je faisais beaucoup de choses en même temps."

Contrairement à ce qu'il laisse entendre dans Douleur et Gloire à travers le personnage d'Antonio Banderas, ce film ne sera pas son dernier: "Il ne faut pas prendre le film littéralement. Ce n'est pas un autoportrait. Quand j'ai dirigé le film, je n'avais pas l'impression de diriger ma vie: je ne suis pas dans le même état que le personnage. J'espère continuer à faire des films." S'il espère décrocher un jour une Palme d'or, Almodóvar ne rêve pour l'heure que d'une chose: "que les spectateurs reçoivent positivement le film." 

Candice Mahout avec Jérôme Lachasse