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Cinéma

Ocean's 8, un reboot féminin à l'ère du #MeToo

Sandra Bullock et Cate Blanchett dans Ocean's 8

Sandra Bullock et Cate Blanchett dans Ocean's 8 - Copyright 2018 Warner Bros. / Barry Wetcher

Dix ans après Ocean's 13, Warner Bros relance la franchise de Steven Soderbergh et George Clooney.

Elles sont huit femmes à prendre la relève des hommes dans Ocean's 8reboot de la saga de Steven Soderbegh avec George Clooney. Ce projet très #MeToo, attendu au cinéma le 13 juin, casse certains codes du film de braquage, un genre historiquement très masculin.

Pour relancer la franchise où Danny Ocean (George Clooney) et sa bande dévalisent les casinos sans jamais se départir de leur flegme légendaire, Warner Bros a remplacé le personnage, décédé en 2018 dans des circonstances inconnues, par sa sœur cadette, Debbie (Sandra Bullock), qui vient de sortir de prison comme son frère au début de la saga.

Un braquage pendant le gala du Met

Le décor a changé: on est passé de l'ambiance feutrée des casinos de Las Vegas à l'extravagance de New York, qui plus est lors de son principal événement mondain de l'année, le gala du Met, un théâtre somptueux, atout incontestable du film.

C'est cette soirée, organisée par la toute-puissante Anna Wintour, rédactrice en chef du magazine Vogue, qu'a choisie Debbie Ocean pour s'emparer d'un collier Cartier d'une valeur de 150 millions de dollars. Pour y parvenir, elle va monter une équipe de spécialistes, composée de femmes jouées notamment par Cate Blanchett, Rihanna ou encore Helena Bonham Carter.

Ocean's 8 n'est pas le premier film à s'aventurer dans cette veine: les années 1990 ont vu notamment sortir dans les salles obscures Set if Off avec Queen Latifah ou Les Braqueuses avec Annie Girardot. Steve McQueen, le réalisateur de Twelve Years a Slave, reviendra quant à lui à l'automne avec Widows, un drame où des veuves achèvent un braquage débuté par leurs maris défunts.

"Beaucoup de choses ont changé"

Si les précédentes tentatives dépeignaient des bandes de femmes inexpérimentées, souvent maladroites jusqu'à la caricature, Ocean's 8 présente Debbie et ses complices comme une équipe qui n'a rien à envier à celle de Danny Ocean.

Il n'y a "jamais (eu) un ensemble de femmes au top comme celui-là", a estimé le réalisateur Gary Ross (Hunger Games), lors d'une conférence de presse fin mai à New York.

Le metteur en scène et co-scénariste a expliqué qu'il avait fallu "trois ou quatre ans" pour que le projet d'un film à gros budget entièrement soutenu par des actrices voie le jour, même avec trois comédiennes oscarisées et la chanteuse Rihanna à l'affiche.

"C'est intéressant de voir qu'il y a deux ou trois ans, cela semblait impossible", alors qu'aujourd'hui "on se dit: mais bien sûr!", a souligné Cate Blanchett, qui joue Lou, l'alter ego de Debbie. "Beaucoup de choses ont changé, je pense."
Ocean's 8
Ocean's 8 © Copyright 2017 Warner Bros. / Barry Wetcher

"Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de la représentation visuelle"

Même si le film a été mis en chantier avant l'éclatement de l'affaire Weinstein, la lame de fond qui a suivi pousse aujourd'hui Hollywood à questionner ses pratiques et la place qu'occupent les femmes dans l'industrie du cinéma.

"Ce qui importe, en particulier pour les jeunes femmes, c'est de voir des personnages féminins qui ne soient pas des archétypes plats, mais plutôt (des personnages) différents, complexes et nuancés", a dit Olivia Milch, co-scénariste du film.

A l'ère du #MeToo, plus rien n'est neutre, même un film qui n'a strictement rien de politique et se veut avant tout un divertissement. "Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de la représentation visuelle", a dit Anne Hathaway, qui joue la star Daphne Kluger, qui va porter le fameux collier lors du gala du Met, organisé dans l'enceinte du célèbre musée new-yorkais.

"A une petite fille de huit ans" qui pourrait voir le film, a-t-elle poursuivi, "nous ne disons pas de faire carrière dans le crime mais de faire ce qu'elle veut, (...) qu'il y a de l'espace pour elle."

J.L. avec AFP