Nicolas Boukhrief, réalisateur de Made in France: "J'ai rencontré un mur de peur"

Made in France, de Nicolas Boukhrief, sur des jihadistes qui planifient des attentats en France, s'est heurté à l'actualité, le 13 novembre 2015. Le film sortira finalement uniquement sur le Web.

Etrange destin que celui de Made In France. Le film de Nicolas Boukhrief devait sortir le 20 janvier en salles. Malgré un sujet "difficile", il avait réussi à se frayer un chemin jusqu'aux salles obscures. L'histoire de Made in France, un journaliste infiltre une cellule de jihadistes qui prépare des attentats en France, fait tristement écho aux attaques du 13 novembre 2015 à Paris. Résultat: producteurs, réalisateur et distributeur ont pris la décision de ne sortir le film que sur Internet, ce 29 janvier. 

Une solution dont s'accommode tout à fait Nicolas Boukhrief: "On s'est dit que sortir le film en e-cinéma, c'est-à-dire en VOD (en vidéo à la demande, NDLR), était une bonne façon de proposer à tout le monde au même moment en France. Alors que le sortir dans les dix-quinze salles qui étaient prêtes à le prendre était une façon de tuer le film", explique-t-il à BFMTV.

"Une peur constante"

Bien avant de se télescoper avec l'actualité, Made In France a eu tout au long de sa genèse - financement, réalisation, distribution - toutes les peines du monde à voir le jour. "A partir du moment où j'ai commencé à faire ce film, souligne Nicolas Boukhrief, j'ai rencontré un mur de peur. Du producteur - j'ai mis un an à trouver un producteur -, des acteurs, des municipalités qui dès qu'on disait le mot jihad refusaient de nous prêter leurs décors. Après, on a eu du mal à trouver un distributeur. On avait déjà, avant les événements, du mal à trouver des salles. Il y a une peur qui a été constante". 

Et s'il comprend la peur que peut susciter le sujet de son film, Nicolas Boukhrief regrette que ses interlocuteurs l'assument peu. "Cette peur n'a jamais été vraiment dite. C'est très rare que quelqu'un nous ait dit 'écoutez j'ai les jetons'. Il y a toujours eu des prétextes. Il faut assumer d'avoir peur. Je trouve ça très légitime d'avoir peur".

M. R. avec Claire Fleury