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Cinéma

Movieland, le cadeau de Noël idéal pour découvrir le cinéma 

La carte de Movieland

La carte de Movieland - David Honnorat

Une étonnante carte-livre réunissent 1.800 films imagine une géographie inédite du cinéma et offre un voyage dans ses contrées insoupçonnées.

David Honnorat a toujours aimé le cinéma. Le journaliste, spécialiste du cinéma, qui anime la newsletter Calmos, s’est lancé il y a quelques années dans un projet fou pour rendre hommage au 7e Art: réunir 1.800 films sur une carte divisée en régions comme "la mer des Espions", "la baie de l’Action", "le fleuve de l’Amour", "le désert du Western".

Des itinéraires thématiques, comme sur une vraie carte Michelin, allant d’Y a-t-il un flic pour sauver la reine? à L’Arme fatale 2, des Incorruptibles aux Infiltrés ou encore de Blade Runner au Pont des Espions et d’Autant en emporte le vent à Marie-Antoinette. En un mot: le cadeau de Noël idéal pour celles et ceux qui cherchent pendant des heures sur les plateformes de streaming les films qu’ils veulent regarder.

Intitulé Movieland, ce projet lancé sur la plateforme de financement participatif Kickstarter, se décline aujourd’hui sous la forme d’un livre publié chez Hachette, Movieland, le guide ultime du cinéma, adressé aussi bien aux spectateurs qui découvrent le cinéma qu’aux cinéphages acharnés. "J’ai essayé de faire un livre que j’aurais aimé avoir quand j’ai commencé à découvrir le cinéma et que je me demandais ce que je pouvais voir après avoir vu tel ou tel film”, raconte David Honnorat. Si ce dernier estime que "le rapport à la cinéphilie se fait par liste et à mon sens trop souvent par liste hiérarchique", il souhaite avec son livre désacraliser les chefs d’œuvre du 7e Art:

"Ça ne sert à rien de commencer par les chefs d’œuvre. Il faut commencer par les films que vous aimez et ensuite avancer de proche en proche: par les réalisateurs, par les acteurs. Ça peut aussi être par les thématiques: on peut faire des connections entre Frankenstein, L’Esprit de la ruche [film espagnol de Víctor Erice] et Le Labyrinthe de Pan [film espagnol de Guillermo Del Toro], des films liés par la figure de la petite fille, le rapport au monstre de Frankenstein", analyse-t-il, avant d'ajouter: "C’est un parcours qui peut être emprunté par des enfants."
Movieland
Movieland © Hachette

"C’est une tragédie, Lindsay Lohan était une excellente actrice"

Le choix des films s’est fait "d’abord un peu intuitivement": "Je suis parti de ce qui est maintenant le cœur de la carte: la mindfuck forest ("la forêt de l’hallu", en français). C’est une poignée de films que j’aime beaucoup: Mulholland Drive, 2001 L’Odyssée de l’espace, Sixième Sens." Des films qu’il a rapprochés les uns des autres à cause de l’effet qu’ils font aux spectateurs, bien qu’ils "ne soient pas forcément associés à un genre très spécifique". Une fois la forêt de l’hallu bâtie, il s’est attelé à la conception des autres régions et à les relier. Une bonne manière pour réfléchir sur les thématiques d’un film: "Je pense que les films gagnent en intérêt à être rapprochés les uns des autres, qu’ils s’enrichissent de cette manière."

On retrouve ainsi sur la carte des films introuvables, mais aussi une île où sont mentionnés certains nanars, ces films tellement nuls qu’ils en deviennent géniaux. David Honnorat a hésité à réserver une région à l’animation, avant de mélanger les dessins animés au reste. Parmi les films cités figurent des classiques comme des blockbusters: "J’ai essayé de représenter une cinéphilie assez large, qui va de Transformers de Michael Bay à Elle de Blake Edwards en passant par Breaking the Waves de Lars von Trier et Turkish Delices de Paul Verhoeven." Le livre se compose de textes pédagogiques sur l'histoire du cinéma qui commentent chaque parcours.

S'il mentionne fréquemment des maîtres du cinéma (Tarantino, Spielberg, de Palma, François Truffaut, Nanni Moretti, etc.), David Honnorat a glissé plusieurs hommages à une actrice qu’il admire tout particulièrement: Lindsay Lohan. "C’est une tragédie, c’était une excellente actrice", explique-t-il à propos de la star des années 1990 et 2000 (Mean Girls, The Canyons) qui s’est éloignée des plateaux de cinéma: "C’était une des meilleures actrices de sa génération. Elle s’est retrouvée bloquée alors qu’elle aurait pu apporter des trucs incroyables."

Et Les Tuche?

David Honnorat, qui visait au départ avec sa carte un public international, a principalement cité des films américains, russes, japonais, chinois, italien. Le cinéma français est dans son ensemble peu représenté. "Il y a 1.800 films sur la carte, mais je ne les ai pas tous vus. J’ai dû voir 4.000 ou 5.000 films dans ma vie, et j’ai vu beaucoup films français, même s’ils ne sont pas si représentés”, se défend celui qui a omis les œuvres de Claude Zidi ou de Jean-Marie Poiré (hormis Les Visiteurs): "J’ai essayé de chercher parmi les comédies populaires celles qui ont traversées l’Atlantique: Intouchables, Les Visiteurs, qui n’a pas passé l’Atlantique de la meilleure des manières, etc." Et Les Tuche?

"Ça n’a pas passé l’Atlantique. C’est un film qui ressasse des codes de la comédie française, et pas de la meilleure à mon sens. Mais, comme tous les films, il a sa place sur la carte", concède-t-il. "J’ai fait des choix, mais en fait chacun peut projeter dans la carte les films qu’il voit au cinéma. Les Tuche serait par exemple dans la contrée marrante, pas très loin des comédies sociales à l’anglaise, des personnages d’idiot magnifique."

L’idée est bien évidemment, en découvrant un nouveau film, "de se demander où il devrait se situer": "ce côté ludique fait partie de la réflexion cinéphile, j’ai envie que les lecteurs puissent l’avoir", dit David Honnorat, qui a ajouté avant l’impression Ready Player One de Steven Spielberg, sorti en mars dernier. 

La carte a circulé. Certains cinéastes ont eu un exemplaire, comme le chinois Jia Zhangke, dont les films sont mentionnés dans Movieland. Une édition spéciale pour la Quinzaine des réalisateurs de Cannes en mai dernier lui a été commandée. Les cinéastes en compétition en ont reçu un tirage, dont Gaspar Noé. Martin Scorsese aurait lui-même reçu un exemplaire. David Honnorat n’a pas pu vérifier, mais comme le veut la célèbre citation de L’Homme qui tua Liberty Valence de John Ford (présent dans le "désert du western"): "Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende".

Movie, le guide ultime du cinéma, David Honnorat, Hachette, 24,95 euros.

Jérôme Lachasse