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Miyazaki et le studio Ghibli débarquent sur Netflix: dans quel ordre découvrir leurs chefs œuvre?

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Le géant du streaming a acquis 21 films du studio Ghibli. Une première salve de sept longs-métrages, dont Mon voisin Totoro, est disponible à partir de ce samedi 1er février.

Longtemps disponible uniquement au cinéma et en vidéo, le catalogue des films du studio Ghibli débarque sur Netflix. Le géant du streaming a acquis 21 films du studio japonais.

Une première salve de sept longs-métrages est disponible à partir de ce samedi 1er février. Toshio Suzuki, producteur en chef du Studio Ghibli, s’est réjoui de cette nouvelle: 

"À l'heure actuelle, il existe d'excellents moyens pour un film de toucher son public. Notre décision de diffuser notre catalogue de films en streaming correspond à une demande de nos fans. Nous espérons que cette initiative permettra à de nombreux spectateurs dans le monde de découvrir l'univers du studio Ghibli."

Voici dans quel ordre regarder cette première salve de films, qui fait la part belle aux classiques (Mon voisin Totoro) et aux pépites méconnues (Souvenirs goutte à goutte).

1. Mon voisin Totoro (1988)

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Film le plus célèbre du studio Ghibli, dont il a inspiré le logo, Mon Voisin Totoro est considéré comme l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma. Hayao Miyazaki s’appuie sur une trame simple qui mêle Alice au pays des merveilles au folklore japonais. Adressé aux enfants comme aux parents, Mon voisin Totoro raconte les premiers pas de deux sœurs, Mei et Satsuki, dans leur nouvelle maison pendant la convalescence de leur mère, atteinte d’une grave maladie. Alors qu’elles s’aventurent dans leur jardin, elles y découvrent Totoro, une créature mythologique bienveillante inventée de toutes pièces par Miyazaki.

Après plusieurs films situés soit en Europe soit dans un monde post apocalyptique, le réalisateur revient au Japon avec un conte intemporel sur l’enfance, la peur de l’abandon et la mort. Mon voisin Totoro est un film très personnel pour Hayao Miyazaki qui y évoque d’une manière très pudique la tuberculose de sa mère. Avec Mon voisin Totoro, le réalisateur ouvre une nouvelle période de sa carrière. S’il ne délaisse pas l’aventure, il tente de plus en plus à partir de cette époque de faire cohabiter rire et drame. 

À partir de sept ans. 

2. Le Château dans le ciel (1986)

Premier film du studio Ghibli fondé après le succès de Nausicaä de la vallée du vent, Le Château dans le ciel est le film d’aventure par excellence, appréciable à tout âge. Miyazaki y raconte la quête de deux orphelins, Pazu et Sheeta, pour retrouver Laputa, une île légendaire flottant dans le ciel. Poursuivis par le terrible clan de Muska, le duo est aidé en chemin par des pirates fantasques, cousins lointains des Mamma Aiuto de Porco Rosso.

Sept ans après Le Château de Cagliostro, Miyazaki rend une nouvelle fois hommage à la culture européenne. S’inscrivant dans la lignée de Jonathan Swift et Jules Verne, Miyazaki puise aussi son inspiration dans Le Roi et l’Oiseau de Paul Grimault, Le Seigneur des Anneaux de Tolkien et les peintures de Brueghel l’Ancien. Certaines images - comme celles de Laputa ou du robot recouvert de mousse - sont inoubliables.

À partir de sept ans. 

3. Kiki la petite sorcière (1989)

Comme Mon voisin Totoro, Kiki la petite sorcière est un film sans antagoniste. L’histoire se déroule dans une Europe fantasmée où les sorcières ont été acceptées par la société. À l’âge de 13 ans, les jeunes sorcières sont envoyées par leurs parents dans une ville de leur choix pour y apprendre la vie. Kiki s’envole donc avec son chat Jiji vers une cité balnéaire où elle devient apprentie boulangère.

Pour aider la propriétaire des lieux, elle décide de mettre en place un système de livraison à domicile avec son balai. Un prétexte pour introduire une série de rencontres avec des personnages attachants qui vont permettre à Kiki d’évoluer et de grandir. Malgré son point de départ fantastique, Kiki la petite sorcière est sans doute l’œuvre la plus réaliste de Miyazaki, le portrait précis et émouvant du moment où l’enfance s’envole pour céder sa place à l’âge adulte. À partir de neuf ans.

4. Porco Rosso (1992)

Synthèse entre l’aventure picaresque du Château dans le ciel et le récit initiatique teinté de fantastique de Mon Voisin Totoro, Porco Rosso est le premier film Ghibli a avoir été distribué en France! Portée en V.F. par Jean Reno et Jean-Luc Reichmann, cette première fiction historique signée Miyazaki est un plaidoyer pacifiste et une lettre d’amour à l’une des grandes passions du réalisateur: l’aviation.

L’histoire, une variation sur Casablanca avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergman, suit le destin, tantôt trépidant, tantôt mélancolique d'un pilote d'hydravion à tête de cochon dans l'Italie des années 1920. Joyeux comme une pièce de la commedia dell’arte, Porco Rosso voit aussi Miyazaki délaisser par moments l’action pour proposer de vrais séquences contemplatives.

À partir de douze ans.

5. Souvenirs goutte à goutte (1991)

Unique film de cette sélection réalisé par Isao Takahata, Souvenirs goutte à goutte s’inscrit dans la veine réaliste et sensible de la filmographie de Takahata. Loin de l’humour potache de Kié, la petite peste et de la fantaisie animalière de Goshu le violoncelliste, Takahata suit une jeune employée de bureau qui lors d’un séjour à la campagne repense à son enfance.

Comme dans Pompoko, Takahata défend une vision idéalisée de la vie campagnarde, en opposition à une vie citadine déshumanisante. Le film fait preuve d’un grand réalisme dans la mise en scène du quotidien. Après la réussite absolue du Tombeau des lucioles, Takahata fait une fois de plus preuve d’une grande maîtrise dans l’écriture et l’animation des personnages, plus vrais que nature.

À partir de quatorze ans.

6. Je peux entendre l’océan (1993)

Réalisée pour la télévision japonaise par Tomomi Mochizuki, cette romance lycéenne n’est jamais sortie au cinéma ni en vidéo en France. Unique incursion télévisuelle de Ghibli, Je peux entendre l’océan est une véritable curiosité, destinée aux complétistes du studio. Moins ambitieux que les productions cinématographiques, ce joli téléfilm d’une durée assez courte (72 minutes) a été conçu en l’espace de six mois.

Loin de la poésie de Souvenirs goutte à goutte d’Isao Takahata, un certain charme se dégage tout de même de Je peux entendre l’océan, qui apparaît comme le chaînon manquant entre Souvenirs goutte à goutte (1991) et Si tu tends l’oreille (1995), les deux grandes œuvres intimistes du studio.

À partir de quatorze ans.

7. Les Contes de Terremer (2006)

Inspirée très librement du cycle de Terremer d’Ursula K. Le Guin, cette première réalisation de Gorō Miyazaki - fils de Hayao - est une œuvre bâtarde, partagée entre de superbes décors et un souffle épique qui retombe à plat à mi-parcours. Les Contes de Terremer vaut surtout pour sa scène d’ouverture, d’une rare violence symbolique: le réalisateur en herbe, catapulté sur le projet par le président de Ghibli Toshio Suzuki, met en scène dès les premières scènes un parricide!

Gorō, qui se destinait à l’architecture avant de devenir directeur du Musée Ghibli, a toujours refusé de suivre la destinée de son père. Hayao, qui rêvait d’adapter Terremer au cinéma, le lui a bien rendu et n’a jamais voulu que son fils devienne réalisateur. Hayao a d’ailleurs détesté l’adaptation de son fils, allant même jusqu’à quitter la salle en pleine projection. Cela ne l’empêchera pas de travailler avec son fils quelques années sur son deuxième films La Colline aux coquelicots.

À partir de douze ans.

Et le reste du catalogue Ghibli? 

Le reste du catalogue suivra le 1er mars (Nausicaä de la vallée du vent, Princesse Mononoké, Mes voisins les Yamadas, Le Voyage de Chihiro, Le Royaume des chats, Arrietty, le petit monde des chapardeurs, Le Conte de la princesse Kaguya) et le 1er avril (Pompoko, Si tu tends l’oreille, Le Château ambulant, Ponyo sur la falaise, La Colline aux coquelicots, Le Vent se lève, Souvenirs de Marnie). 

Le Tombeau des lucioles, distribué en France par Kazé, est déjà disponible depuis plusieurs semaines sur la plateforme. Manquent à l’appel plusieurs films non-produits par Ghibli: Le Château de Cagliostro de Hayao Miyazaki, ainsi que Horus, prince du Soleil, Kié la petite peste et Goshu le violoncelliste d’Isao Takahata.

Jérôme Lachasse