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Michaël Youn: "Ce ne serait plus possible de faire le Morning Live: tu finirais avec une bastos ou fiché S"

Michaël Youn

Michaël Youn - Charly Triballeau / AFP

L’ex-trublion de la télévision, star de La Beuze et des Onze commandements, revient à la comédie avec Christ(off), où il incarne un chanteur has been qui intègre un groupe de prêtres pour payer ses dettes.

Connu pour ses personnages toujours prompts à “péter les plombs” ou à faire les quatre cent coups, Michaël Youn a délaissé ces dernières années la comédie pour des rôles plus dramatiques dans Carbone d’Olivier Marchal, ou la série Les Bracelets rouges.

Il replonge dans le genre comique avec Christ(off), en salles ce mercredi, dans lequel il incarne un chanteur has-been qui intègre un groupe de prêtres pour payer ses dettes. Dans ce film réalisé par Pierre Dudan, scénariste de Babysitting et d’Alibi.com, l’ex-trublion du Morning Live partage l’affiche avec Victoria Bedos, Lucien Jean-Baptiste, Jarry, Simon Astier et Bernard Le Coq.

BFMTV.com a pu rencontrer le comédien. L’occasion d’évoquer avec lui Christ(off), mais aussi le Morning Live, Les Onze Commandements, l'éventuel retour de Jean-Jacques Goldman dans Les Enfoirés et ses projets, dont une parodie de Rendez-vous en terre inconnue.

Dans votre nouveau film, Christ(off), votre acolyte Vincent Desagnat joue votre père!

(Rires). Mon beau-père! C’est une idée que l’on a eue en lecture. On s’est dit que ce serait marrant que je me fasse engueuler par Vincent. Les photos où l’on nous voit ensemble [dans le film] sont évidemment des photos personnelles de notre vie commune depuis 25 ans et que j’ai filées à la prod pour justifier le fait que l’on soit vraiment copain.

Un documentaire retraçant votre parcours a été diffusé cette semaine sur W9. Vous faites partie de l’Histoire à présent.

Quand tu commences à avoir un doc sur toi, c’est comme si tu allais bientôt mourir. Ou que ta carrière est terminée. C’est peut-être la deuxième version, vu que je suis encore vivant (rires).

Vous avez déclaré sur Europe 1 en octobre dernier que vous vouliez essayer de restreindre votre personnage qui pète les plombs. Votre personnage dans Christ(off) reste pourtant dans cette veine.

Il est mieux contrôlé. Ce personnage doit pouvoir être en paix. Il ne doit pas agresser les autres personnes qui m’habitent. Il faut que tout se fasse dans l’harmonie. Quand il sort, il faut que ça se fasse avec la validation des autres...

...et de Dieu.

J’ai reçu pour ce film des messages un peu insultants me disant: “Vous n’en avez pas marre de vous foutre de la gueule des cathos? Allez vous amuser avec Moïse ou Mahomet et vous allez voir ce qu’il va vous arriver”. Je tiens à le dire: ma mère, qui est catholique, a vu le film, elle l’a lu, et ne l’a pas trouvé blasphématoire. C’est un film qui va dans le sens de la religion. Il prend comme support la religion, mais ne s’en moque pas: on rigole avec la religion. On va avec les belles valeurs du catholicisme, qui sont aussi celles d’autres religions, comme le partage, le don de soi, le vivre-ensemble. Le film prône tout cela. Mon personnage, qui est à la base un escroc, un charlatan, devient presque un prêtre dans l’âme.

Quinze ans après le Dieu de la blague dans Les Onze commandements, vous revenez à la religion.

Et dire qu’il y a quinze ans le Dieu de la blague c’était Dieudonné… Il était très drôle. C’était le plus drôle.

C’est ce qui vous est arrivé avec Stach Stach aussi. Vous êtes resté en tête des ventes pendant onze semaines. Quels souvenirs avez-vous des Bratisla Boys?

J’ai l’impression que c’est un peu comme quand je demande à mon père de parler de Mai 68. J’ai le souvenir d’une période très lointaine, extrêmement libertaire. On pouvait faire ce qu’on voulait. On arrivait sur les plateaux habillés en marins, sans parler un mot de français, on parlait du charabia, avec Ariel Wizman qui faisait notre traducteur, pour s’amuser et faire la promotion d’un … single. On parle d’une époque où on achetait des singles! On a beaucoup ri. On s’est beaucoup frappé aussi. J’ai revu des images pour le documentaire de W9: on se tapait beaucoup dessus sur les plateaux, on s’engueulait tout le temps. C’est un peu le reproche que l’on fait aux jeunes étudiants de théâtre: souvent les impros partent en engueulade. C’est toujours plus facile de partir en engueulade qu’en amour.
"Je n’ai pas failli me prendre une balle: je me suis fait braquer"

Au début de Christ(off), votre personnage déclare: "On ne peut pas créer tranquillement dans cette maison". Vous avez l’impression que l’on pourrait faire aujourd’hui ce que vous faisiez dans le Morning Live?

Il y a un truc, c’est sûr, que l’on ne pourrait plus faire, ce sont les boîtes à images du Morning, ainsi que Les Onze commandements. Ce ne serait plus possible. Tu finirais, je pense, avec une bastos ou fiché S dans un quartier de haute sécurité. Aujourd’hui, si tu fais ce que je faisais à l’époque avec les flics, je ne sais même pas si tu te fais arrêter: tu te fais tirer dessus, oui.

Vous avez failli prendre une balle dans le Morning Live, non?

Je n’ai pas failli me prendre une balle: je me suis fait braquer (ndlr: une arme sur la tempe). On était l’émission qui réveille tes voisins, alors on était allé réveiller madame Voisin. C’était une vieille dame et on lui avait fait un peu peur. Ça n’avait pas trop plu au gardien, qui avait verrouillé la porte, nous avait presque saucissonnés et m’avait mis un pétard sur la tempe en disant: "si tu continues, je t’en colle une".

Vous faisiez des choses assez folles. Il y a notamment une scène où vous mangiez du roquefort placé sous les aisselles de Vincent Desagnat…

C’était un peu un laboratoire à bêtises. L’avantage, quand tu as une émission quotidienne, c’est de faire des choses moyennes. C’est ça le véritable secret. Comme tu dois produire tous les jours deux heures de blagues, forcément, dans le lot, il y a des trucs moyens. Lorsque tu dois en fournir beaucoup, il y a des fois où tu tutoies quelque chose de magique. Je le vois maintenant que j’ai une production qui est plus calculée, plus travaillée. Les fulgurances sont tellement cachées par des kilomètres de travail que tu les voies moins. C’est un peu triste. C’est le problème du cinéma, où tu passes trois-quatre ans sur un projet. Une émission de télé, tu as une idée le matin, tu la tournes l’après-midi et tu la diffuses le soir. Au cinéma, tu as une idée le matin, tu l’écris à midi et tu la tournes trois ans plus tard. Mais c’est beau, c’est grand, c’est large!
"Pogba, il y a peut-être une petite chance qu’il nous la mette en pleine face"

Vous utilisiez vraiment votre propre caméra dans le Morning Live?

Oui. Pendant les trois-quatre premiers mois, c’était la caméra que j’avais achetée pour mes vacances aux Antilles. Ils ne nous finançaient pas une caméra, il n’y avait pas de tournage prévu à l’extérieur. C’est né comme ça. J’étais le premier YouTubeur! Un YouTubeur à la télé.

Dans Les Onze commandements, il y a une célèbre scène où vous êtes en position de coup franc et Djibril Cissé vous tire dessus. Qui prendriez-vous aujourd’hui?

Pogba a une grosse frappe. Si on demande à Grizou ou à Mbappe, le ballon va contourner le mur, alors que Paul, il y a peut-être une petite chance qu’il nous la mette en pleine face.

Il paraît que vous essayez de faire revenir Jean-Jacques Goldman pour les 30 ans des Enfoirés.

Ce n’est pas facile. Je pense qu’il a tiré sa révérence. On aimerait qu’il vienne juste chanter une fois pour les 30 ans. On ne peut pas concevoir les Enfoirés sans Goldman, pourtant c’est sa décision de prendre du recul et de revenir d’ici quelques années, je ne sais pas. On lui a laissé deux ans de recul. Ce n’est peut-être pas assez. Je n’ai pas envie d’emmerder Jean-Jacques. C’est un mec tellement généreux, qui n’en a tellement rien à faire de l’image... Il n’a pas d’ego. Il n’aime pas la scène, parce qu’il estime qu’il n’est pas à sa place quand les gens crient son nom. C’est non seulement un timide, mais un humble. Je n’ai pas envie de l’emmerder. Quand il me dit non, je le prends pour un non.
"J’ai envie de faire un Morning Live, mais plus tard."

Votre idée d’un Late Show à la française est toujours d’actualité. Ce sera avec Benjamin Morgaine et Vincent Desagnat?

Evidemment. J’ai envie de faire un Morning Live, mais plus tard. J’aimerais que l’émission soit en direct ou en faux direct, avec des gens qui peuvent passer. J’aimerais un studio qui donne sur la rue.

Où en êtes-vous de Rendez-vous chez les Malawa, votre parodie de Rendez-vous en terre inconnue?

Ça devait être avec Franck [Dubosc], Florence [Foresti] et Jamel [Debbouze] qui jouaient leur propre rôle. On l’a écrit, mais c’était trop compliqué à monter. On a préféré partir dans une autre direction. C’est des acteurs qui vont jouer le rôle de stars et non pas des stars dans leur propre rôle. Je joue une synthèse de Franck Ribéry, de Mario Balotelli et de Karim Benzema. Le tournage aura lieu en janvier. J’ai écrit ce film, mais je l’ai donné à un copain, James Huth. En septembre, je tournerai Divorce Club, mon troisième film en tant que réalisateur.

Jérôme Lachasse