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Cinéma

Michael Douglas: "On pourrait faire Basic Instinct aujourd'hui sur une plateforme de streaming"

Michael Douglas dans Ant-Man

Michael Douglas dans Ant-Man - Marvel

A Paris pour faire la promotion d'Ant-Man et la Guêpe, l'acteur américain a évoqué son amour pour la franchise Marvel, Netflix et l'avenir du cinéma.

En cinquante ans de carrière, Michael Douglas a tout vécu. Il s'est lancé à la poursuite du diamant vert, a résisté à une liaison fatale et a mené la guerre des Rose. Rien, pourtant, ne l'avait préparé à jouer devant un écran vert pour les besoins d'Ant-Man, dont la suite sort ce mercredi 18 juillet.

"C’était beaucoup plus dur que ce que je croyais", a raconté le comédien lors d'une rencontre avec la presse. Avant Ant-Man, celui qui a remporté deux Oscars (pour Vol au-dessus d'un nid de coucou - comme producteur - et Wall Street) n'avait jamais joué dans un blockbuster: "C’est un genre qui ne m’intéressait pas. Je ne lisais ni de la SF, ni des BD."

Michael Douglas a pourtant accepté la proposition de Marvel. La première raison est la présence de Robert Downey Jr. dans Iron Man: "Je suis son ami et je l’ai trouvé formidable dans le rôle". La seconde est la possibilité de jouer devant ces fameux écrans verts qui permettent ensuite aux responsables des effets spéciaux de créer des mondes imaginaires. "J’étais fasciné. C'est de la magie!", s'extasie-t-il. La troisième est d'ordre financière:

"Ces gars ont fait vingt films/vingt succès. C’est très impressionnant. Je ne connais aucune autre compagnie qui détienne un tel record. On pourrait penser que c’est parce que ce sont des films de super-héros. Mais tous ne fonctionnent pas..."

"Quand je reçois un script, je ne regarde pas mon rôle"

Michael Douglas est un pragmatique. Longtemps producteur, l'acteur analyse patiemment les scénarios qu'il reçoit avant d'accepter un projet. "Quand je reçois un script, je ne regarde pas mon rôle: je regarde le film", prévient-il. "Je me demande si c’est un bon film, puis je l’analyse pour m’assurer que je n’ai pas été séduit par les mots". C'est ensuite qu'il regarde son rôle:

"Et vous savez, parfois vous avez un bon rôle, d’autres fois c'est Sharon Stone qui l'a! Quand on a fait ce film avec Paul Verhoeven, on savait que l’on avait un bon film."

L'acteur de 73 ans ne peut pas couper à la question: Basic Instinct aurait-il pu être réalisé aujourd’hui? "Oui", répond-t-il. "On pourrait le faire aujourd’hui sur une plateforme de streaming. La langue n’est plus un problème. Le streaming prend le contrôle de Hollywood". Moins pessimiste comme David Cronenberg sur l'avenir du 7e Art, Michael Douglas "pense que l’iMax va se renforcer [et que le] cinéma va devenir un peu comme le théâtre."

"Fais de ton mieux et barre-toi"

L'avenir ne fait pas peur à Michael Douglas. Tout au long de sa carrière, il a suivi son instinct, guidé par ces mots de son père: "Fais de ton mieux et barre-toi". Dans les années 1970, auréolé du succès de la série Les Rues de San Francisco, il s'est battu pour rejoindre le cinéma: "C'était très difficile", se souvient-il. 

"Après l'Oscar sur Vol au-dessus d’un nid de coucou, on me demandait pourquoi je voulais continuer de jouer. Je pensais que je pouvais apporter quelque chose. Sur beaucoup de films que je produisais, les studios ne voulaient pas moi. C'est ce qu'il s'est passé sur Starman, avec Jeff Bridges. J’aurais adoré joué le rôle."

La chance a fini par frapper à sa porte. Après les succès de Liaison fatale et de Wall Street, il est devenu bankable. "Tout d’un coup, je produisais, j’avais une énorme compagnie, je développais des scripts, j’essayais de jouer. J’avais trop de choses à faire et je n’y arrivais pas. C’était trop. J'aurais dû en profiter pour jouer la comédie", déplore-t-il.

Michael Douglas dans Ant-Man
Michael Douglas dans Ant-Man © Marvel

"Le climat actuel est cancérigène"

Depuis, il profite. Et il ne cesse de tourner pour échapper à ce qu'il redoute le plus: l'actualité. "Je travaille dur, parce que le climat actuel est cancérigène", précise l'acteur. Au chômage technique pour le reste de l'année, il envisage donc de consacrer son énergie à préparer les élections de mi-mandat aux États-Unis: "Notre pays a beaucoup de problèmes". 

Selon lui, les films de super-héros sont l'antidote parfait contre la morosité ambiante: "On ne peut pas contrôler ce qu'il se passe dans le monde extérieur. C’est agréable de pouvoir s’éloigner de l’actualité et de parler de choses marrantes. C’est pour cette raison que l’on fait ce genre de films qui nous permette de nous échapper pendant deux heures". Interrogé sur le message féministe d'Ant-Man et la guêpe, Michael Douglas donne une réponse similaire:

"C’est formidable d’avoir des super-héroïnes. Les comics n’en avaient pas tellement. C’est super pour Evangeline. Depuis l’affaire Weinstein et le mouvement #MeToo, il y a eu des changements drastiques dans notre industrie. Le nombre de réalisatrices et de directrices de la photographie a fortement augmenté". Puis il se ravise: "Allons… c’est juste deux heures de divertissement."

Jérôme Lachasse