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Cinéma

Maria Schneider: comment Le Dernier Tango à Paris a détruit sa carrière et sa vie

Marlon Brando et Maria Schneider dans "Le Dernier Tango à Paris" de Bernardo Bertolucci en 1972

Marlon Brando et Maria Schneider dans "Le Dernier Tango à Paris" de Bernardo Bertolucci en 1972 - Marlon Brando et Maria Schneider dans "Le Dernier Tango à Paris" de Bernardo Bertolucci en 1972 - Carlotta Films

L'actrice n'a jamais pu se relever de la polémique survenue après le film et a sombré dans la drogue.

En août dernier, trois mois avant la mort de Bernardo Bertolucci, sortait en librairies Tu t’appelais Maria Schneider, portrait de la célèbre actrice du Dernier tango à Paris par sa cousine la journaliste Vanessa Schneider. Dans ce livre intimiste, adressée à la comédienne disparue, Vanessa Schneider raconte l’histoire de cette étoile filante du cinéma, dont la carrière et la vie ont été détruites par le film de Bernardo Bertolucci.

Née en 1952, Maria Schneider est la fille de l’acteur Daniel Gélin. Ce n’est pas grâce à lui, qu'elle ne connaissait presque pas, mais à Brigitte Bardot, qui l’avait recueillie, qu’elle fit du cinéma. Commençant par quelques figurations, elle décroche en 1971, à 19 ans, alors qu’elle est mineure, le premier rôle dans Le Dernier tango à Paris.

La scène fameuse du viol de Maria Schneider par Marlon Brando, qui utilise du beurre comme lubrifiant, a été improvisée par le réalisateur et l’acteur du Parrain. "La scène du beurre est une idée que j’ai eue avec Brando le matin du tournage", a expliqué Bertolucci en 2013 à la Cinémathèque de Paris. "Je ne voulais pas que Maria joue l’humiliation et la colère, je voulais qu’elle ressente l’humiliation et la colère".

Dans une interview accordée au Daily Mail en 2007, Maria Schneider avait déclaré: "Marlon m’a dit: 'Ne t’en fais pas Maria, c’est juste un film'. Mais pendant qu’on tournait, même si ce que faisait Marlon n’était pas réel, mes larmes l’étaient. Je me suis sentie humiliée, et pour être honnête, un peu violée par Marlon et par Bertolucci. Après cette scène, Marlon ne m’a pas consolée et ne s’est pas excusé. Heureusement il n’y a eu qu’une prise."

"C’était une femme charismatique, belle, intelligente"

L’avant-première du Dernier Tango à Paris en 1972 est vécu comme un cauchemar pour l’actrice, qui sera uniquement soutenue ce soir-là par Jean Seberg. Assommée par le succès du film et la polémique qui en découle, Maria Schneider aura du mal à s’en relever.

"C’était une femme charismatique, belle, intelligente, à qui il arrivait tout le temps plein de choses. C'était une figure très positive mais il y avait aussi la face noire de Maria. Suite à ce tournage qui l'a détruite, elle a plongé dans la drogue et la dépression", a raconté Vanessa Schneider sur France 3.

Malgré un superbe rôle face à Jack Nicholson dans Profession reporter (1975), son film préféré, l’actrice reste associée au Dernier Tango. Le succès l'enferme dans un rôle. Les réalisateurs lui demandent de se dénuder à l’écran, lui proposent des rôles de prostituées. Elle refuse. Dans les années 1980 et 1990, elle est de moins en moins sollicitée pour les cinéastes. Malade, elle s’éteint en 2011. Deux ans avant que la polémique sur Le Dernier tango à Paris ne ternisse la carrière de Bernardo Bertolucci.

Jérôme Lachasse