BFMTV
Cinéma

Manu Payet dans un documentaire choc sur le "greenwashing": "Ce film montre vraiment ce qu’il se passe"

Manu Payet en 2016 au festival du film francophone d'Angoulême.

Manu Payet en 2016 au festival du film francophone d'Angoulême. - Yohan Bonnet - AFP

L’acteur et humoriste prête sa voix à L’Illusion verte, un documentaire dénonçant l’écoblanchiment que pratiquent les grands groupes industriels. Le film sort en DVD et VOD le 3 septembre.

Manu Payet s’engage. L’acteur et humoriste prête sa voix à L’Illusion verte, un documentaire dénonçant le "greenwashing" qui sort ce mercredi 13 février. Aussi appelée écoblanchiment, cette méthode est employée par des organisations afin de faire passer pour bio et éco-responsables des produits qui en réalité ne le sont pas ou ont été créés dans des conditions déplorables pour la planète.

"C’est un sujet qui doit me tenir à cœur", explique à BFMTV.com Manu Payet, qui a déjà fait une intervention remarquée sur le sujet en décembre dernier lors du Montreux Comedy Festival. "J’ai fait le gala après avoir fait le documentaire. Je me suis forcé à ce que le thème soit celui-là pour m’obliger à m’y intéresser un peu plus", confesse-t-il. Il ajoute:

"J’ai une tribune avec des micros et des comiques super talentueux. Je sais que je ne vais pas changer les mentalités en une heure et demie, mais le simple fait que l’on essaye d’en parler via l’humour désacralise un peu ce sujet et l’approche que l’on peut en avoir. Tout le monde à la flemme un jour de mettre la bouteille dix mètres plus loin parce que la bonne poubelle n’est pas sous la main."

La parade pour continuer à nous vendre des produits

L’Illusion verte n’a rien d’une comédie. Manu Payet en a apprécié le ton non-professoral: "Le film est là pour informer”, insiste-t-il, “parce que si on n’est peut-être pas tous acteurs, on est tous consommateurs. Et on peut tous devenir des ‘consom'acteurs’ [néologisme qui désigne l’action de consommer de façon citoyenne en choisissant ses produits, NDLR]. C’est important de pouvoir se rendre au supermarché avec un autre état d’esprit, de savoir ce que l’on est en train d’acheter. J’avais souvent tendance à me planquer derrière des logos, à me dire que si la boîte était verte, il suffisait d’en prendre deux pour sauver la planète. Ça m’arrangeait, mais ce n’est pas aussi simple."

Manu Payet ignorait tout du "greenwashing" en acceptant le projet. "J’ai appris en regardant. Ce film s’adresse aux gars comme moi qui se disent: ‘il y a un phoque qui fait peace, un singe qui prend une photo,, c’est donc écolo, j’achète.’ Sauf que les industriels ont trouvé la parade pour continuer à nous vendre leurs produits, bien qu’ils soient le plus souvent fabriqués de la même manière qu’avant, en changeant seulement l’emballage, les couleurs et en ajoutant des dessins d’animaux qui portent des lunettes de soleil."

Il confie avoir été tout particulièrement marqué, dans L’Illusion verte, par l’image d’une forêt décimée, dont des hectares entiers ont été brûlés par Makin Group, l’un des fabricants de l’huile de palme utilisée pour les M&M's. "Je pensais que l’on verrait juste une banane écrasée et en fait il n’y a plus rien. C’est pour cette raison qu’il est important de voir ce film. Il montre vraiment ce qui se passe. Il ne dit pas ‘je vous jure que c’est vrai’. Il montre. Il n’y a qu’à regarder. Puis tu regardes dans ton placard pour prendre quelque chose à manger et tu te rends compte qu’il y a au moins trois trucs que tu ne peux plus bouffer si tu fais attention."

L'Illusion verte
L'Illusion verte © Copyright Little Dream Entertainment

Pas de culpabilisation, mais une responsabilisation

Le documentaire ne culpabilise pas mais responsabilise le spectateur en lui expliquant pourquoi il doit se sentir concerné par les produits et marques qui exploitent la planète. Le film n’hésite pas aussi à souligner les limites de la situation: pour obtenir des Pringles éco-responsables, il faudrait 4 à 5 fois plus chers que pour des Pringles "traditionnels". Conscient de cette difficulté, L’Illusion verte permet ainsi de comprendre comment trouver un équilibre dans notre quotidien.

L’humoriste, ainsi, n’a pas tout retiré chez lui: "Je suis contre le côté radical. Pour moi, ce côté radical demande que je sois en colère et la colère, ça retombe. J’attendais de ce film qu’il me laisse quelque chose, une empreinte qui ne s’en aille plus, quelque chose qui fait partie de ma façon de penser à partir du moment où j’aurais travaillé dessus, où je l’aurais vu." Et ça marche: "hier encore, j’ai reposé une crème au chocolat. J’essaye d’acheter français, de m’intéresser à l’arrière de l’emballage."

Même les tournages essayent d’être éco-responsables, explique-t-il: "Il y a de plus en plus de cantines bio sur les plateaux." Et le mobilier? "Tout est recyclé maintenant, ça vient de chez Emmaüs. Nous, on peut reprendre un meuble ou deux. Tu les rachètes. J’ai gardé des fringues, des meubles… L’autre jour, sur un film, il y avait un toaster qui en plus faisait les oeufs à la coque. Ils étaient déjà trois dessus. On essaye de ne rien foutre à la casse."

Affiche de L'Illusion verte
Affiche de L'Illusion verte © Copyright Little Dream Entertainment
Jérôme Lachasse