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Les Sorcières de Salem, Fantômas, Camping… Mylène Demongeot se souvient de ses grands rôles

Mylène Demongeot dans le téléfilm "Des roses en hiver"

Mylène Demongeot dans le téléfilm "Des roses en hiver" - Denis Laurent -FTV

ENTRETIEN - A l’occasion de la ressortie des Sorcières de Salem, son premier grand rôle, la comédienne connue pour avoir récemment joué Madame Pic dans la saga Camping revient sur sa filmographie.

Soixante ans après sa sortie, Les Sorcières de Salem, adaptation de la pièce d’Arthur Miller avec Simone Signoret, Yves Montand et Mylène Demongeot, ressort en DVD ce mercredi 29 mars en version restaurée. Inspiré du célèbre procès en sorcellerie survenu en 1692 à Salem (Massachusetts), le film n’a plus été diffusé en France depuis sa sortie en 1957. Miller, détenteur des droits, s’y est refusé, jusqu’à sa mort en 2005. Les raisons invoquées sont nombreuses. Pour certains, le dramaturge aurait détesté le scénario de Jean-Paul Sartre ; pour d’autres, Miller aurait été rancunier de la liaison entre Montand et sa femme d’alors, Marilyn Monroe.

Outre la présence d’un couple mythique du cinéma, Simone Signoret et Yves Montand, le film est notable pour être le premier grand rôle de Mylène Demongeot, avant Les Trois Mousquetaires, Fantômas ou encore Camping. A l’occasion de la ressortie des Sorcières de Salem, Mylène Demongeot a accepté de partager ses souvenirs du tournage et de revenir sur quelques-uns des films marquants de sa carrière. En préambule de l'entretien, elle déclare: "Je n’ai pas fait beaucoup de films importants. Vous savez, dans les carrières d’acteur, il y a un ou deux films qui surnagent. Qu’est-ce qui va sortir de Béatrice Dalle? 37°2 le matin. Et de Bardot? Et Dieu… créa la femme. J’ai fait 70 films. Parmi ceux-là, il y a Les Sorcières de Salem, Bonjour Tristesse, Les Trois mousquetaires et les Fantômas. Ça fait quatre films sur une carrière."

Les Sorcières de Salem, le premier grand rôle

"La ressortie des Sorcières de Salem, c’est quand même énorme. On a tourné en 1956-1957 et le film n’a pratiquement jamais été revu depuis. J’ai passé ma vie à me lamenter en me disant que j’aimerais bien que ce film ressorte. J’ai envoyé des lettres à Arthur Miller, qui ne voulait pas que ce film sorte, parce que la version écrite par Jean-Paul Sartre ne lui plaisait pas. Puis, il est mort et il a arrêté de bloquer la sortie du film. Les Sorcières de Salem, c’est mon premier grand rôle, celui qui m’a fait connaître du jour au lendemain. J’avais fait trois films avant. Des petits trucs de débutants, à l’exception de It’s a Wonderful World, un très joli film où j’étais créditée Mylène Nicole. Je joue Abigail, un rôle énorme [une des accusatrices du procès en sorcellerie de Salem, NDLR]. Je ne m’en suis pas rendu compte à l’époque. Je l’ai fait bille en tête avec toute la spontanéité, l’enthousiasme et l’ardeur que l’on peut avoir quand on est jeune et que l’on est content d’avoir un grand rôle. Pour moi, les grands rôles étaient Signoret et Montand, moi j’avais un rôle numéro 3. Je ne savais pas que des années plus tard le numéro 3 deviendrait le numéro 1."

"Les sorcières de Salem"
"Les sorcières de Salem" © Pathé Distribution

Tourner avec Yves Montand et Simone Signoret

"Le tournage a été très pénible. J’en ai souvent parlé. La pauvre Simone Signoret, qui était une grande actrice, avait certainement des problèmes avec son mari et de vieillissement. Elle était très méchante, mais j’ai appris par son petit-fils et par beaucoup de gens qu’elle était déjà naturellement très méchante. C’est une femme qui souffrait. Quand on est jeune, on ne se rend pas compte et on est désespéré. Et quand on est plus âgé, on comprend ce qui s’est passé et on a davantage de compassion pour un être humain qui est malheureux. Maintenant, je ne lui en veux pas. Mais, à l’époque, elle m’a vraiment fait chier! Je n’ai jamais été passionnée par Yves Montand. Je l’ai trouvé formidable dans Z [de Costa-Gavras, NDLR]. Il était très très cordial, très très gentil, avec les mains très très baladeuses. Il y avait beaucoup de petites sorcières qui aimaient bien ses mains baladeuses, mais, moi, j’étais très amoureuse de mon mari de l’époque, Henry Coste, donc je n’en avais rien à foutre de ses mains baladeuses. C’était un immense artiste, un grand chanteur. Il est un peu au purgatoire en ce moment, c’est dommage. Il avait une très belle voix. Mais il s’est lancé dans la politique, ce qui est ridicule, il aurait mieux fait de rester chanteur et de nous foutre la paix. Je ne comprends pas pourquoi les gens qui ont un métier de saltimbanque ont envie de se mêler de politique, comme si leur voix pouvait changer le monde. C’est ridicule."

Les Trois mousquetaires (1961)

"Je suis en train de me battre pour que Les Trois mousquetaires ressortent. J’adore le personnage de Milady. Les personnages de garce sont pleins de force et d'ambiguïtés. C’est beaucoup plus intéressant de jouer une 'salope' qu’une gentille jeune première. Elle est charmante, elle est gentille, les hommes sont amoureux d’elle, d’accord, très bien, mais en tant qu’actrice, il y a d’autres choses que j’ai envie de donner. Dans les personnages sulfureux, il y a beaucoup plus à jouer. C’est moi qui me suis bagarrée pour jouer Milady. On ne voulait pas de moi. On me trouvait trop jeune, trop souriante. Milady, c’est une méchante, ils me disaient! Mais méchante ça ne se porte pas sur la figure, à moins d’être Signoret à 45 ans. Mais pas quand vous avez 20 ans."

Fantômas (1964-1967)

"Louis de Funès, c’est ma fierté. Je suis très heureuse d’avoir eu la chance de côtoyer un homme que je considère, dans son genre, comme un génie. On a tourné Fantômas dans les années 1960. On est en 2017 et il est toujours là. Chaque hiver, chaque Nöel, chaque fête, on voit repasser Oscar, Le Corniaud, Fantômas, La Grande Vadrouille, Rabbi Jacob… Ce sont des chefs d’oeuvre. Et ce sont des chefs d’oeuvre grâce à lui. Les mêmes metteurs en scène ont réalisé de nombreux films au cours de leur carrière, mais jamais des aussi formidables que ceux-là. A partir de cinq ou six phrases tout à fait conventionnelles, il faisait un petit chef d’oeuvre burlesque. Il était d’une inventivité extraordinaire. Quand vous avez la chance de travailler à côté de gens comme ça et de les regarder travailler, c’est un cadeau royal. Louis de Funès m’a énormément enrichie. On n’a jamais fini d’apprendre."

Camping (2006-2016)

"C’est une bonne comédie populaire, qui met en valeur Franck Dubosc. Le premier avec Lanvin était très bien, le deuxième était déjà un peu moins bien et le troisième est un hommage à Dubosc. C’est très bien pour lui, donc nettement moins pour moi (rires). Beaucoup de scènes ont disparu. Pour moi, il manque un tiers du film. Abbes Zahmani, qui joue Mendez le garagiste avait une scène sublime. Il était tellement bon qu’à la fin du tournage toute l’équipe l’a applaudi. Et bien, la scène a sauté. Le film n’a pas mal marché. Je pense que si Onteniente [le réalisateur de Camping, NDLR] avait eu le courage de montrer son film, plutôt que le film de Franck Dubosc, il aurait peut-être fait plus d’entrées. Ce que je lui ai dit. Je lui ai même proposé d’ajouter la version longue au DVD, la version du metteur en scène, comme ça le public aurait pu voir les deux. Et il ne l’a même pas fait."

Jérôme Lachasse