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Les Playmobil débarquent au cinéma avec une comédie musicale à la Disney

Playmobil Le Film

Playmobil Le Film - Copyright 2018 Concorde Filmverleih GmbH

Playmobil, le film est présenté ce lundi au festival d'Annecy. Le réalisateur Lino DiSalvo nous raconte comment il a réussi à donner vie aux figurines qui peuplent tant de chambres d'enfants.

Les Playmobil débarquent au cinéma. Les célèbres figurines sont les héroïnes d’un nouveau film présenté en avant-première mondiale ce lundi au festival international du film d'animation d'Annecy, avant sa sortie le 7 août prochain. Son réalisateur, Lino DiSalvo, ex-chef de l’animation de La Reine des Neiges, a longtemps travaillé chez Disney avant de se lancer dans cette aventure.

Mêlant prises de vue réelles et animation, Playmobil, le film a des allures de conte de fées et de comédie musicale. L’histoire commence lorsque deux enfants, Marla et Charlie, apprennent la mort de leurs parents dans un accident. Marla, l'aînée, doit s’occuper de son jeune frère et n'a plus le temps de jouer. Un soir, après une dispute, le garçon s’enfuit et se réfugie dans une foire de jouets. Au moment où sa sœur le rattrape, ils traversent tous les deux un portail magique qui les conduit au pays des Playmobil. Transformés en Playmobil, Charlie et Marla sont séparés. La jeune fille part à la recherche de son frère.

Salarié de Disney pendant dix-sept ans, Lino DiSalvo y a développé un goût pour les numéros musicaux. Cette marque de fabrique du studio, il l'a transposée dans l’univers des Playmobil: "Comme j’ai travaillé si longtemps chez Disney, j’adore lorsque les personnages s’expriment en chantant. Pour moi, d’un point de vue narratif, les chansons sont parfaites pour faire avancer l’histoire: entre le début et la fin d’un morceau, la situation d’un personnage change complètement", raconte le metteur en scène qui a fait appel à Adam Lambert et Meghan Trainor pour signer deux des six chansons originales du film.

"Insuffler de la vie à des personnages sans nez"

Si "l’animation est sacrément difficile", cette technique l’est encore plus lorsqu’il s’agit de faire danser et chanter des figurines avec aussi peu d’articulations que des Playmobil: "J’ai essayé de faire en sorte que leur manière de bouger soit limitée, comme le véritable jouet, tout y ajoutant un peu de magie parce que nous sommes tout de même dans un film où des humains traversent un portail et se transforment en jouets!" Dans la scène où elle arrive dans le monde des Playmobil, Marla peine à marcher dans son nouveau corps en plastique. Une manière de s’amuser avec les mouvements limités des figurines:

"Je voulais que les spectateurs ressentent, à la minute où Marla devient un jouet, la même impression que lorsque l’on joue avec une figurine Playmobil: que ce soit très limité, que ses bras et ses jambes ne puissent bouger que dans une seule direction. Je voulais être sûr que l’on comprenne que son aventure ne va pas être si facile que ça", analyse le réalisateur. "Cette séquence n’existait pas à l’origine. Au début, Marla atterrissait juste dans le monde Playmobil et partait aussitôt à la recherche de son frère. Mais il manquait quelque chose: il était nécessaire d’évoquer le fait que son corps venait de changer."

Si animer le corps d'un Playmobil relève du défi, représenter les expressions de son visage est tout aussi complexe: "Le défi, avec l’animation, est d’insuffler de la vie à des personnages sans nez”, confirme le cinéaste. "On ne se rend pas compte à quel point un animateur s’appuie sur le nez pour donner de la personnalité aux personnages. Il suffit de quelques traits pour savoir si le personnage est stressé, surpris ou curieux. Sans nez, nous devions nous assurer que les yeux et la bouche étaient suffisamment expressifs tout en restant très simples pour éviter de perdre la spécificité des figurines Playmobil."

"Voyager dans le véritable monde des Playmobil"

Comme la marque Lego, Playmobil propose de nombreux univers: l’Antiquité, le Moyen-Âge, le Far-West, le futur... Comment choisir? "Quand vous commencez à imaginer une histoire, tout ce que vous faites doit être au service de ce que vous racontez”, explique Lino DiSalvo. Il précise:

"Je voulais une scène située dans le monde des contes de fées - mais je ne savais pas à quel moment elle devait apparaître dans l’intrigue. A l’origine, Marla y arrivait bien plus tôt, vers le milieu du film, mais ça ne fonctionnait pas. Puis on a trouvé le meilleur moment, lorsque Marla est dans la situation la plus désespérée: elle est seule dans le bois, elle a perdu tout espoir et c’est à ce moment-là que la Fée marraine intervient pour lui apporter un coup de pouce. Une fois que l’on a compris que chaque nouveau monde devait correspondre à l’évolution de l’état d’esprit de Marla, on a su immédiatement quoi utiliser."
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Playmobil Le Film © Copyright 2018 Concorde Filmverleih GmbH

Parce qu’il s’inspire de célèbres figurines pour enfants et qu’il mêle animation et prises de vue réelles, Playmobil peut faire penser à La Grande Aventure Lego. Lino DiSalvo a pourtant tout fait pour distinguer visuellement son film de son illustre prédécesseur: "La Grande Aventure Lego est très plastique - c’est un style qui lui convient bien. Si j’avais dû représenter les Playmobil tel qu’ils sont dans la vraie vie [en plastique, NDLR], il n’y aurait eu aucune raison d’ajouter à l’intrigue cette histoire de portail magique. Je voulais faire un film où l’on voyage dans le véritable pays des Playmobil.”

"Le film que vous allez voir est le film que j’ai voulu faire"

Lino DiSalvo a voulu retrouver la simplicité de Big et Toy Story, deux classiques pour enfants dans lesquels le spectateur a l’impression qu’une grande aventure l’attend en bas de chez lui. Pour cette raison, le mélange d’animation et de prises de vue réelles était indispensable: "Quand on a commencé à réfléchir à la meilleure manière de raconter cette histoire, on a beaucoup hésité. On a envisagé de faire de Marla et Charlie des personnages en 3D très stylisés qui deviennent ensuite des Playmobil. On s’est ensuite demandé s’il ne fallait pas plutôt que le début soit en stop-motion ou en animation traditionnelle. Puis on a compris que ce qui apporterait le plus de contrastes étaient les prises de vue réelles, avec des acteurs en chair et en os qui se transforment en jouets de plastique.

Un choix esthétique qu’il a pu imposer grâce à ses producteurs français: "Je suis très chanceux d’avoir pu travailler avec Aton [Soumache] et Dimitri [Rassam]. Lorsque l’on travaille avec des Français, c’est l’artistique qui est le plus important. Avec un grand studio hollywoodien, je n’aurais jamais pu tourner avec de vrais acteurs. Je suis dans une position très chanceuse où le film que vous allez voir est le film que j’ai voulu faire."

Présenter Playmobil, le film au Festival d’Annecy est un moment très important dans son parcours artistique: "J’ai quitté mon métier de rêve chez Disney, un travail fiable pour m’en aller raconter mes propres histoires. Savoir que mon film sort la même année que la suite de La Reine des Neiges et Le Roi Lion - un film qui m’a inspiré pour devenir animateur - est une sensation incroyable." Il fera également l’ouverture du festival avec la nouvelle version des Looney Tunes. Une manière de boucler la boucle: "Je les regardais quand j’étais petit!", s’amuse-t-il. "Ce sont les premiers personnages que j’ai dessinés à 7 ans! C’est magique!"

Jérôme Lachasse