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Cinéma

Les Galettes de Pont-Aven, Calmos, ... Jean-Pierre Marielle en dix rôles marquants

Jean-Pierre Marielle en 2012

Jean-Pierre Marielle en 2012 - Joël Saget - AFP

L'acteur mort mercredi a marqué le grand écran en s'illustrant aussi bien dans le registre du libertin grivois que dans le drame.

Jean-Pierre Marielle, c'était un port altier, une démarche de seigneur, une moustache puis une barbe épaisses et surtout une voix caverneuse qui en imposaient autant dans la comédie chez Georges Lautner et Joël Séria que dans le drame chez Bertrand Tavernier ou Alain Corneau. Démonstration à travers dix rôles marquants de sa filmographie :

Le diable par la queue (1969)

A 37 ans, Marielle n'est pas un perdreau de l'année: voilà plus de dix ans qu'il enchaîne les seconds rôles chez Max Ophuls (Peau de banane), Jean Girault (Faites sauter la banque), Henri Verneuil (Week-end à Zuydcoote). Mais c'est Philippe De Broca, alors un des champions de la comédie d'aventures, qui l'engage aux côtés d'Yves Montand dans cette loufoquerie où il s'illustre dans le registre du libertin grivois, qui sera longtemps le sien.

La Valise (1973)

Une moustache surgit d'une... valise. L'image, cocasse, est prétexte aux multiples rebondissements dans cette comédie où Marielle donne toute son épaisseur à un agent secret israélien devant être exfiltré de Libye par son homologue français (Michel Constantin), qui en pince pour... l'amante (Mireille Darc) du premier. Un improbable triangle amoureux qui permet à l'acteur de briller entre puissance et vulnérabilité.

Les Galettes de Pont-Aven (1975)

Pour qui veut découvrir ce qu'était la France de Giscard et une comédie cul(te) qui serait impossible à monter à l'époque #Metoo, ce film, réalisé par Joël Séria, est incontournable. Au cœur de ce cyclone paillard et libertaire, Marielle, débordant de gouaillerie, de panache, d'hédonisme mais de pathétique aussi, compose le rôle qui fera ad vitam sa gloire. 

Calmos (1976)

Depuis plusieurs années maintenant, Marielle incarne une certaine idée de la masculinité, virile mais tendre, grande gueule qui feint l'indignation mais au coeur d'or. Bertrand Blier l'associe à Jean Rochefort, son ami depuis le Conservatoire national, pour narrer l'historie de ce duo exaspéré de n'être que l'objet de désir des femmes et qui tente de les fuir. Un film sulfureux, considéré comme un pamphlet anti-féministe.

Coup de torchon (1981)

Bertrand Tavernier, qui lui avait offert son premier rôle dramatique d'importance dans Que la fête commence sept ans plus tôt, l'engage à nouveau pour ce long métrage adapté de 1275 âmes de Jim Thompson. Face à Philippe Noiret et Isabelle Huppert, Marielle impressionne en incarnant à la fois un proxénète et son frère militaire.

Uranus (1990)

Après plusieurs seconds rôles marquants dans les années 80 (Signes extérieurs de richesse, Tenue de soirée, Quelques jours avec moi), c'est dans cette adaptation du roman de Marcel Aymé par Claude Berri que Marielle se distingue par la finesse de son interprétation au milieu de Gérard Depardieu, Philippe Noiret, Michel Blanc, Michel Galabru, Fabrice Luchini...

Tous les matins du monde (1991)

Pour beaucoup, ce film d'Alain Corneau demeure le sommet de la filmographie de Marielle, qui incarne le compositeur du XVIIe siècle, Monsieur de Sainte-Colombe, face aux Depardieu père (Gérard) et fils (Guillaume) dans le rôle d'un autre musicien, Marin Marais. Loin de toute flamboyance, c'est la corde sensible, tout en émotion retenue mais vibrante, que le comédien fait jouer dans ce film élégant.

La Controverse de Valladolid (1992)

Dans ce téléfilm formaté pour le petit écran, Marielle délivre une performance de haut vol face au non moins brillant Jean-Louis Trintignant, avec un scénario de Jean-Claude Carrière. Le premier incarne le chanoine conservateur Juan Ginés de Sepúlveda, le second le dominicain humaniste Bartolomé de Las Casas. Ils doivent établir si les Amérindiens ont une âme. De quoi déterminer la possibilité ou non de les réduire en esclavage.

Les Grands ducs (1996)

A l'initiative de Patrice Leconte, Marielle retrouve ses copains Noiret et Rochefort dans cette méta-comédie où ils incarnent trois comédiens vieillissants, sans le sou, qui s'offrent un dernier coup d'éclat en sauvant avec panache une pièce de théâtre en perdition.

Faut que ça danse! (2007)

Dans ce film de Noémie Lvovsky, Marielle incarne un septuagénaire accro aux claquettes, qui perd de sa légèreté sous le poids de l'âge. A la manière d'Eastwood affrontant sa vieillesse à l'écran, Marielle émeut en renouant avec le type de personnage flamboyant qu'il a façonné, désormais au crépuscule de sa vie.

Jérôme Lachasse avec AFP